Crise de l’immobilier : 82% des Français estiment que le logement reste le grand oublié du Gouvernement

Pour 55% des Français, réduire le coût du logement serait plus efficace pour améliorer leur pouvoir d’achat que d’augmenter les salaires.

Façade d'immeuble

© adobestock

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Pouvoir d’achat, précarité, cohésion sociale, mieux-vivre ensemble… Se loger, première préoccupation nationale, est au cœur de toutes les problématiques majeures de notre société. Pourtant, à l’instar de plusieurs personnalités de la scène économique qui sonnent l’alerte sur la crise du secteur immobilier dont les répercussions fragilisent une part croissante de la population, 82% des Français estiment que le logement reste le grand oublié de la politique gouvernementale.

C’est ce que révèle l’étude réalisée par l’institut OpinionWay pour la plateforme Wellow, actrice de l’habitat collectif, social et urbain, qui s’est intéressée aux conséquences sociales de la crise du logement en France, et plus particulièrement en matière d’emploi.

Le logement, une bombe sociale à retardement ?

Emballement des prix de l’immobilier, hausse des taux restreignant l’accès au crédit, baisse des mises en chantier, effondrement des ventes de logements neufs… Autant de facteurs qui découragent l’accession à la propriété, et par conséquent la mobilité des locataires.

Alors que les biens à louer se font de plus en plus rares (-14% sur un an) tandis que la demande de location grimpe (+32%1), une crise majeure du marché semble en gestation, partout sur le territoire, avec dans l’œil du cyclone l’interdiction à la location des logements les plus énergivores, louable sur le fond, improbable dans son exécution…

En parallèle, le poids du logement ne cesse de progresser dans le budget des ménages, dont le pouvoir d’achat est durement impacté par l’augmentation de l’inflation, mettant en évidence des inégalités croissantes entre ménages modestes et aisés, entre locataires et propriétaires dégagés d’emprunts et donc entre générations.

91% : le coût du logement contraint les modes de vie

Ainsi, 91% des Français estiment que la problématique du logement les contraint dans leurs modes de vie. Et dans un contexte social et économique tendu, deux tiers craignent de ne pas s’en sortir financièrement une fois accumulés le coût du logement, l’augmentation des prix alimentaires et de l’énergie (66%). Si ce sentiment est plus marqué chez les moins de 35 ans (88%), le statut résidentiel des répondants semble également être une variable importante : les locataires se montrent davantage inquiets concernant leur situation économique (80%) que les propriétaires (57%).

Selon l’Insee, entre 1990 et 2020, la part du logement dans la dépense de consommation finale des ménages est passée de 20 à 28,5%. Une part de plus en plus importante qui dégrade la qualité de vie de nombreux Français, au premier rang desquels les jeunes : plus d’un quart des moins de 35 ans ont été obligés de déménager pour trouver un logement moins cher (27% contre 21% de l’ensemble des Français), ou ont été confrontés à des conditions de mal-logement telles que la vétusté ou l’inadaptation de leur habitation à leurs besoins (26% contre 20% des Français).

Témoins des grandes difficultés ressenties, 20% des jeunes se sont vu contraints de retourner vivre chez leurs parents, une situation vécue, plus globalement, par 13% de la population dans son ensemble.

Les jeunes, premières victimes de l’impact de la crise du logement sur l’emploi

Pour décrocher un emploi, il faut un logement mais pour trouver un logement, il faut un emploi : c’est le serpent qui se mord la queue. Loin d’être une expression vide de sens, ce lien de réciprocité est largement perçu par plus de 7 Français sur 10 qui considèrent que le logement est un frein aussi bien à l’emploi (71%) qu’à la mobilité professionnelle (80%).

76% : le logement est une source de grandes inégalités dans l’accès à l’emploi

Une situation qui est par ailleurs jugée comme la source de grandes inégalités pour trois quart d’entre eux (76%). De fait, un Français sur dix a déjà été contraint de refuser un emploi faute de logement, dont 14% des moins de 35 ans. Dans le même ordre d’idées, le coût du logement parait constituer un obstacle à la vocation professionnelle et en particulier à celle de nombreux jeunes contraints de prendre des décisions à contrecœur : pour ce motif, 26% des moins de 35 ans ont dû retarder leurs projets de reconversion (contre 14% des Français) et 12% ont complètement renoncé à suivre une formation (contre 8% des Français). Par ailleurs, pour cette même raison, 17% des 18-24 ans déclarent avoir abandonné la poursuite de leurs études, soit plus de 900 000 jeunes !

Aujourd’hui, si de nombreuses entreprises connaissent des difficultés de recrutement, près de 8 Français sur 10 se disent persuadés que réduire le coût du logement pourrait permettre de répondre à la pénurie de personnel dans de nombreux secteurs (78%). D’ailleurs, 22% des moins de 35 ans ont renoncé à s’orienter vers des métiers en tension à cause de ce coût trop élevé par rapport aux rémunérations proposées.

Cette question est si prégnante aujourd’hui que 7 Français et sur 10 considèrent que les prétentions salariales des demandeurs d’emploi sont étroitement liées au poids du logement dans leur budget. Un quart des moins de 35 ans admettent avoir négocié leur salaire en fonction de cette réalité.

Car, au fond c’est une strate d’une inquiétude plus grande partagée par les Français : le pouvoir d’achat. Et alors que l’inflation atteint des sommets et que le gouvernement plaide régulièrement pour une augmentation des salaires, plus d’un Français sur deux jugeraient plus efficace de leur permettre de se loger à des prix plus abordables (55%).

« Selon le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre, plus de 12 millions de personnes sont fragilisées par la crise du logement et 4,1 millions sont non ou mal-logées. La situation s’aggrave et toutes les pressions qui s’exercent sur le marché de l’immobilier n’annoncent rien de bon pour le futur si rien ne change, commente Thomas Corman, fondateur de Wellow. Le logement est plus que jamais au cœur des préoccupations des Français et la priorité pour améliorer leur pouvoir d’achat serait pour eux de réduire le coût du logement, avant même d’augmenter les salaires qui n’ont pas suivi la hausse des prix. Aujourd’hui, alors que l’accès à la propriété est devenu inabordable pour de nombreux ménages et que trouver un lieu où vivre adapté à ses besoins relève du parcours du combattant, surtout pour les jeunes, ils ne perçoivent pas une réponse politique à la hauteur de leurs enjeux et les locataires sont les premiers à le déplorer (88%). Certains professionnels estiment qu’il faudrait construire 500 000 logements par an pour sortir de la crise. En complément, agissons sur l’existant pour libérer l’offre locative : il y aurait 3 millions de logements vacants en France. De quoi répondre rapidement aux besoins de nombreuses familles ! »

Source : Wellow
Par MySweetImmo