Immobilier : Grand ménage dans les rues de San Francisco pour le sommet de l’Asie-Pacifique
San Francisco se métamorphose pour le sommet de l’Apec, nettoyant ses rues et réparant son image ternie par la crise des opioïdes et des sans-abri. La ville vise à se présenter comme un lieu attractif pour les affaires et les investissements, malgré les défis socio-économiques persistants.
Ville à la réputation abîmée par la crise des opioïdes et des sans-abri, San Francisco veut se montrer sous son meilleur jour aux milliers de visiteurs influents qui débarquent cette semaine pour le sommet de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (Apec).
Des mesures visibles ont été prises pour embellir le centre-ville: des rues ont été lessivées, les nids-de-poule réparés et une armée de policiers patrouille dans le quartier des gratte-ciels où diplomates, journalistes et dirigeants d’entreprises participent jusqu’à vendredi au sommet de l’Apec.
La ville tente de donner l’image d’un lieu propice aux affaires et aux investissements, malgré des départs d’entreprises depuis la pandémie et la présence importante de sans-abri et toxicomanes qui ont entaché sa réputation.
« Cet endroit est connu pour ses campements de personnes sans domicile et ses trafiquants de drogue« , a déclaré samedi à l’AFP un joggeur qui s’est présenté sous le nom d’Oliver. « Ils ont tout nettoyé pour l’Apec.«
Résultat: certaines rues sont manifestement impeccables, débarrassées des tentes et fleurant bon les produits chimiques.
Mais quelques rues plus loin, les bas-fonds de la ville sont apparents. Des toxicomanes sont affalés sur les porches des immeubles et des personnes atteintes de troubles mentaux se déchaînent contre des entités invisibles.
Seringues usagées
L’orientation politique très majoritairement progressiste de San Francisco – la ville est contrôlée par les démocrates – en fait un bouc émissaire de choix pour la droite, qui voit là un exemple de ville à la dérive à cause de sa politique mollassonne.
Fox News s’indigne régulièrement de la présence d’excréments humains et de seringues usagées dans les rues, ou de propriétaires d’entreprises qui disent devoir fermer boutique à cause de sans-abri violents qui urinent sur les trottoirs.
Certains sites d’information en mandarin n’hésitent pas à qualifier San Francisco de « Mecque du crime » et de « ville fantôme« .
Pour se moquer de ces portraits caricaturaux, le quotidien San Francisco Chronicle a publié un manuel d’initiation à l’intention des journalistes de passage, intitulé « Comment écrire votre propre article apocalyptique sur San Francisco« .
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Scène gastronomique
Pour la mairie, le sommet de l’Apec représente une chance de restaurer l’image de la ville.
« Malheureusement, l’histoire de San Francisco est racontée par des personnes qui ne vivent peut-être même pas ici et qui s’inspirent de ce qu’elles voient sur les réseaux sociaux« , a déclaré London Breed, la maire de San Francisco, lors d’une conférence de presse jeudi.
« Certains des problèmes de San Francisco existent dans d’autres grandes villes« , a-t-elle rappelé. « La crise du fentanyl, en particulier, concerne l’ensemble des Etats-Unis et notre ville travaille d’arrache-pied pour y faire face« .
« J’espère que les visiteurs auront l’occasion de découvrir San Francisco par eux-mêmes et de raconter toute l’histoire« , a-t-elle ajouté.
Un centre d’hébergement nocturne de 30 lits pour les sans-abri a été ouvert à deux pas du centre de convention où va se tenir le sommet, et une capacité supplémentaire de 300 lits sera ajoutée dans la ville d’ici à l’année prochaine, d’après les médias locaux.
Les locaux de bureaux, qui ne se sont jamais remis de la pandémie, commencent cependant à attirer de nouveau certains secteurs d’activité. Et un programme intitulé « de vacant à vibrant » propose aux professions créatives des loyers gratuits ou réduits pour les espaces commerciaux vides.
L’année dernière, 3.600 nouvelles entreprises ont ouvert leurs portes à San Francisco, selon la mairie, profitant du retour en masse des touristes captivés par le Golden Gate Bridge et l’atmosphère très européenne de cette ville américaine.
La scène gastronomique, toujours florissante, bat son plein et il ne sera probablement pas facile d’obtenir une table dans les restaurants haut de gamme cette semaine.
Cela ne suffira sans doute pas à calmer Elon Musk, prompt à insulter la ville où est établi son réseau social X (ex-Twitter).
Pas de quoi décourager London Breed. « Nos quartiers, nos parcs et nos espaces publics sont pleins d’énergie et d’enthousiasme« , a-t-elle assuré.
« Je vois beaucoup de beauté dans tout San Francisco et j’espère que l’histoire de San Francisco, c’est aussi tout cela.«