Immobilier neuf : « On sort d’une crise monstrueuse », Véronique Bedague (Nexity)
La présidente de Nexity veut croire à une reprise progressive de l’immobilier en 2025 portée par la baisse des taux et le regain d’intérêt des acquéreurs.

© Julien de Rosa/AFP
Après deux ans de grave crise de l’immobilier neuf, la PDG du premier promoteur français Nexity, Véronique Bédague, veut croire à une reprise possible en 2025 et permettre de nouveau aux particuliers d’acheter un logement. La brutale hausse des taux d’intérêt à partir de 2022 a renchéri le coût d’emprunt pour les ménages, qui ont largement mis en pause leurs projets d’achats immobiliers. Ce blocage a grippé tout les pans de l’immobilier – neuf, ancien, social – et a créé une inertie dans le parc locatif qui mène aujourd’hui à une crise du logement.
Quel est le contexte pour la construction neuve en ce début d’année 2025 ?
Véronique Bédague : Il y a un élément négatif: l’incertitude économique et politique qui pèse sur tout le monde.
Mais je pense qu’il y a aussi quatre facteurs qui poussent pour la reprise progressive et douce de l’immobilier.
D’une part, les taux d’intérêt ont baissé et ils vont encore un peu baisser, jusqu’à un environnement de taux autour de 3%.
Le deuxième élément, c’est que les particuliers ont envie d’acheter. Cela fait maintenant trois à quatre années qu’ils sont empêchés, qu’ils ne peuvent pas bouger. Il y a tous ces jeunes couples qui voudraient avoir un enfant, qui ne peuvent pas parce qu’ils sont dans des logements trop petits.
Ensuite, les banques se sont remises à l’attaque sur le crédit immobilier. C’est du business pour elles, cela permet d’attirer de nouveaux clients, donc je pense qu’elles vont être créatives et qu’elles vont monter des produits.
Le logement neuf a désormais beaucoup d’intérêt : c’est un logement où vous êtes sûr que votre diagnostic de performance énergétique est le bon, vos consommations d’énergie sont plus basses, vous n’avez pas de travaux à faire pendant les dix années qui viennent. Donc il y a une remontée de l’appétence pour le neuf.
Comment se répercute ce regain d’appétit sur votre activité ?
Véronique Bédague : Dès qu’il y a un petit peu d’annonces dans l’air sur des mesures liées au logement, on reçoit beaucoup d’appels au centre d’appels. Le prêt à taux zéro sur tout le territoire et sur les maisons individuelles est extrêmement attendu, nous avons beaucoup de demandes sur sa date d’arrivée.
Il faut qu’on refasse de la vente au détail. C’est ce qui permet aux particuliers d’avoir accès à la propriété, c’est ce qui répond à la demande de l’accession à la propriété. Et je pense que cette demande de l’accession à la propriété est vraiment toujours là. Il y a beaucoup de personnes qui préfèrent être propriétaires quand l’âge de la retraite arrive. On voit aussi un regain d’intérêt pour l’investissement immobilier dans les journaux.
On sort d’une crise monstrueuse, qui a tapé très fort les promoteurs depuis 2022, derrière il y a tout le BTP qui va être touché, et ensuite les particuliers la ressentiront (la crise, NDLR) en 2026-2027.
Dans quel état d’esprit sont les maires vis-à-vis de la construction neuve ?
Véronique Bédague : Ils ont vraiment bien conscience qu’il y a un problème de logement, partout sur le territoire. Ils ont conscience que beaucoup de jeunes se sont exclus des cœurs des villes aujourd’hui, et qu’il y a un besoin de logements plus petits, justement pour ces jeunes. Ils voient aussi que les prix gonflent et que le stock de logements mis à la location dans le secteur privé diminue.
Et surtout, ils voient s’allonger les files de demandeurs de logement social. Donc je pense qu’ils mesurent vraiment ce qu’est aujourd’hui la crise du logement pour nos concitoyens.
Les maires veulent des projets avec plusieurs choses, pas uniquement du logement, mais aussi des commerces, des espaces de vie… toute une logique d’aménagement.