La (lente) mue écologique de l’immobilier

Alors que le Giec lance un énième cri d’alarme sur le réchauffement climatique, le secteur immobilier, responsable de lourdes émissions de CO2, peine encore à se mettre au vert.

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L’horloge tourne. Comme le rapporte le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) de l’Onu, les températures dans les prochaines années risquent rapidement de s’envoler. Pour limiter les coups de chaud à répétition que nous réserve l’avenir, l’organisme recommande une diminution forte des émissions de CO2 avant 2030. Ainsi, l’usage des énergies renouvelables devrait passer de 20 % à 70 % dans l’électricité. Le charbon est à bannir totalement. Les transports doivent se tourner vers les énergies vertes et le secteur industriel réduire ses émissions de gaz carbonique de 75 %. Des choix drastiques, qui nécessiteraient quelques 2 400 milliards de dollars d’investissements annuels par les États.

La question du climat inquiète jusqu’au Noble. Le prix a cette année été remis à William Nordhaus et Paul Romer en économie pour avoir « intégré le changement climatique à l’analyse macro-économique »

L’effort est à faire à tous les niveaux et sur le plan de la pollution, le monde de la construction a bien du mal à se mettre au vert. Il y a pourtant urgence, comme l’écrit le chercheur Philippe Deshayes dans son livre Environnement et opportunités d’innovation car le secteur est l’un des plus polluants qui soit : « le bâtiment (la construction) représente environ 40 % des émissions de CO2 des pays développés, 37 % de la consommation d’énergie et 40 % des déchets produits. »

7 millions de passoires énergétiques en France

Face à la situation, le gouvernement a pris plusieurs engagements dont la valorisation et le recyclage des déchets inertes du bâtiment et des travaux publics (plâtre, du verre plat, déchets issus du bois, de la cimenterie…). Un grand plan d’éradication des passoires thermiques d’ici 2025 est également en cours de développement. Le nouveau ministre de la Transition écologique et solidaire, François De Rugy, a d’ailleurs récemment rappelé son intention « de donner des moyens d’accompagnement mais aussi contraignants», pour en finir avec ces bâtiments.

Car si la loi sur la transition énergétique de 2015 avait fixé un objectif de 500 000 rénovations par an, on ne compte aujourd’hui que 50 000 bâtiments rénovés chaque année… sur les 7 millions de passoires énergétiques que compte la France. L’Hexagone va devoir passer à la vitesse supérieure si elle souhaite tenir son engagement d’obtenir la neutralité carbone d’ici 2050. En attendant, les particuliers propriétaires de leur bien sont invités à faire des travaux de rénovation énergétique en s’aidant des différentes aides de l’État qu’il s’agisse du crédit d’impôt transition énergétique, de l’éco- ptz ou encore du chèque énergie.

Faciliter l’accès aux aides

Une campagne de communication, élaborée par l’Ademe et le gouvernement nommée « Faire » a également été lancée dans le but d’accompagner les ménages dans leur démarche de rénovation énergétique. Un service public de la rénovation a ainsi été mis en place à travers près de 400 espaces conseil, pour répondre aux questions des particuliers qui souhaitent recourir aux aides disponibles pour réaliser des travaux. Reste à savoir si cela suffira pour freiner la montée des températures.

Par Ludovic Clerima