Connaissez-vous la dimension immobilière de Napoléon III ?
Découvrez qui était Napoléon III, l’empereur réformateur.
Napoléon III, empereur des Français de 1852 à 1870, installa le Second Empire. Transformer Paris, pour en faire une ville moderne et un modèle pour le monde entier, fut une préoccupation de tous les moments pour ce visionnaire. Pari réussi grâce à son homme de confiance, le baron Georges-Eugène Haussmann qui fut son préfet de la Seine de 1853 à 1870.
Un réformateur de l’immobilier
Louis-Napoléon Bonaparte est le fils de Louis Bonaparte, roi de Hollande, frère de l’empereur, et de Hortense de Beauharnais. Il était à la fois le neveu de Napoléon Ier et le petit-fils et neveu de son épouse, l’impératrice Joséphine.
Premier président de la République de l’histoire de France, élu au suffrage universel en décembre 1848, il renversa lui-même la deuxième République depuis son palais de l’Elysée, avant de se faire proclamer empereur sous le nom de Napoléon III.
Après avoir échoué deux fois à renverser la Monarchie de Juillet qu’il jugeait insuffisamment préoccupée du sort des ouvriers, il profita de sa détention de près de six ans au fort de Ham, en Picardie, pour révéler sa pensée politique, notamment dans son ouvrage L’Extinction du Paupérisme (1844).
Il y affirmait sa volonté de « rendre propriétaire la classe ouvrière qui ne possède rien », et d’ajouter que répandre [auprès de ces mêmes classes ouvrières] qui sont plus nombreuses, l’aisance, l’instruction, la morale, c’est extirper le paupérisme, sinon en entier, du moins en grande partie ».
Une fois théorisée sa pensée politique, il était temps pour le futur empereur de s’évader en 1846 du fort de Ham, sans qu’il ne néglige de manifester sa volonté de devenir un chef d’État bâtisseur, en se grimant sous les traits du maçon Badinguet.
Une effervescence industrielle
Bâtisseur mais aussi rénovateur, le futur empereur avait bien constaté que la France restait à la traîne alors que, dès les années 1770, l’Angleterre avait engagé le virage de la révolution industrielle. De plus, d’autres pays ou régions (Allemagne rhénane, Saxe, Silésie) étaient également en plein essor économique et industriel.
Bien qu’un réseau de voies ferrées eût largement commencé d’être tracé, le pays manquait encore cruellement d’infrastructures en ce milieu du XIXe siècle, ainsi que d’un réseau bancaire apte à y investir, de même qu’à soutenir et accompagner le développement industriel. La Monarchie de Juillet avait certes, encouragé l’expansion et laissé émerger un vrai capitalisme libéral, mais d’abord et avant tout fondé sur la « haute banque », une vingtaine d’établissements reposant sur de grandes fortunes dynastiques, telles que les Rothschild ou les Laffitte. Elles avaient tout de même comme caractéristique d’être extrêmement timorées devant l’effervescence des projets industriels, et rétives à la prise de risque.
Après le Comptoir national d’escompte, ancêtre de BNP Paribas, porté sur les fonts baptismaux par le gouvernement provisoire quelques semaines après la chute de la Monarchie de Juillet, en 1848, c’est Napoléon III qui donna le coup d’envoi à la naissance de nombreuses autres grandes banques modernes que nous connaissons encore : le Crédit industriel et commercial (CIC) en 1859, la Société Générale en 1864, le Crédit Lyonnais en 1863, etc.
Dès 1852, encore président de la République, Louis-Napoléon publia le décret portant création du Crédit Foncier de France. En novembre de la même année, les frères Isaac et Émile Pereire fondèrent le Crédit mobilier, banque d’affaires destinée à attirer les épargnants par des émissions d’obligations dont le produit servira à octroyer des prêts aux entreprises ; et prendre des participations directement dans des sociétés en fonds propres.
Qu’il fut Louis-Napoléon Bonaparte ou Napoléon III, c’est bien lui qui engagea la révolution du crédit en France. Elle ouvrit la voie à une fulgurante expansion de l’ensemble de l’économie française : banques, assurances, chemins de fer, compagnies maritimes, forges, mines, construction… comme elle n’en connut plus avant les années 1946-1975, période célébrée par Jean Fourastié sous le nom de Trente Glorieuses.
Sa contribution dans l’immobilier
Le revers de la révolution industrielle et de l’expansion économique fut, bien sûr, l’exode rural. Entre 1801 et 1850, la population parisienne doubla pour atteindre le million d’habitants et tripla pratiquement ensuite pour atteindre son maximum historique, autour de 2,9 millions habitants entre 1914 et 1960, avant de décroître vers les 2 millions d’habitants aujourd’hui.
Mais les 2 millions d’habitants d’avant les travaux haussmanniens ne vivaient pas dans les mêmes conditions que les 2 millions de Parisiens d’aujourd’hui. Napoléon III, influencé par son séjour à Londres, après son évasion, déguisé en maçon Badinguet, prit modèle sur la salubrité de la capitale britannique, entièrement reconstruite après le grand incendie de 1666, pour donner ses consignes au préfet de la Seine, Georges-Eugène Haussmann qu’il maintint en fonction dix-sept ans durant, de 1853 à 1870.
La métamorphose de Paris fut un engagement personnel qui occupa en permanence l’empereur. Il fit installer dans son bureau le plan de Paris où étaient dessinés les projets de rues, avenues, boulevards, places et squares. Hors les considérations de salubrité ou de conditions de vie, Napoléon III avait aussi mesuré la nécessité que les infrastructures dont il dotait le pays tout entier, ne pouvaient pas déboucher sur une forme de cul de sac. Comme l’a si bien relevé Philippe Séguin, dans la biographie qu’il publia en 1990 (Louis-Napoléon le Grand, éditions Grasset), l’empereur s’était exclamé : « La transformation de Paris est le complément nécessaire d’un réseau de chemins de fer dont je veux couvrir la France et qui, en un temps donné et prochain, se souderont aux chemins de fer étrangers. Que deviendront ces flots de voyageurs jetés dans une ville qui n’est pas percée en vue de le recevoir ? Où seront les voitures pour les distribuer dans les divers quartiers et les hôtels pour les loger ? ».