Baromètre CGL des usagers du logement : Les raisons de la colère des locataires

Sur plus de 2 800 plaintes adressées à la CGL, 82% concernant la location. Mauvaise nouvelle : le nombre de logements loués dans un état médiocre et, ce malgré des prix élevés, progressent…

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Depuis 2009, la Confédération Générale du Logement (CGL) édite un baromètre annuel des plaintes des usagers du logement. A ce titre, elle recense et classe les demandes d’informations et les réclamations des personnes qui contactent par email son siège national. Depuis la création de son baromètre, la CGL a reçu 18 667 mails. Entre 2009 et 2013, le nombre de réclamations était en constante augmentation, passant de 1 436 à 2 831 en 4 ans seulement. Depuis 2014, il se stabilise.

Le secteur locatif représente plus des trois quarts des plaintes des usagers

Alors que la France compte 39,8% de locataires (dont 23% dans le parc locatif privé et 16,8% en logement social), plus de 80% des problématiques rencontrées par les personnes ayant contacté la Confédération Générale du Logement (CGL) concernent la location.  En effet, en 2016, 2819 plaintes ont été analysées par la CGL et le secteur locatif représente plus des trois quarts des plaintes des usagers. Ce chiffre augmente année après année, et ce malgré les différentes lois votées depuis 2009. 

Les années passent et le trio de tête ne change pas

  • Le dépôt de garantie

Les plaintes liées à non restitution ou restitution partielle du dépôt de garantie sont les plus récurrentes (avec 15,89%). Et elles sont en hausse : + de 3 points par rapport à 2015 (12,20%). Lorsque l’origine de la plainte n’est pas liée à la mauvaise volonté du bailleur pour restituer le dépôt de garantie, il s’agit le plus souvent d’un désaccord entre les deux parties lors de l’état des lieux de sortie du logement, où la facture de remise en état est contestée par le locataire.

  • Les troubles de jouissance

En 2e position, les troubles de jouissance constituent 15,40% des demandes d’aides adressées à la cgl, là aussi en augmentation : de plus de 2 points par rapport à 2015 (12, 20%). Ces réclamations sont dues en grande partie à un mauvais entretien des lieux : isolation thermique des murs et fenêtres insuffisante, mauvais fonctionnement du système de chauffage, etc.  Ces plaintes, en progression, témoignent de l’existence de biens mis à la location dans un état médiocre et ce malgré des prix élevés.

  • Les charges locatives

Le poids des charges pèse sur le porte-monnaie des locataires. Il est légitimement une source de plaintes ou tout au moins d’inquiétude et de demandes d’informations pour 10,32%. Lors du sernier baromètre de la cgl, il affichait 8,66%. Ces demandes se justifient très souvent la répercussion injustifiée de certaines charges sur le locataire. Certains bailleurs abusent. Ils considèrent que le remplacement d’une chaudière est dû par le locataire, quand d’autres facturent une consommation d’eau exorbitante en raison d’une fuite non réparée.

Deux nouveautés : les problèmes de communication avec le bailleur et les pratiques des agences

  • La communication avec le bailleur

Nouveauté dans ce baromètre, l’arrivée en 4e position des difficultés rencontrées par les locataires à contacter leur bailleur ou à entretenir avec lui une relation apaisée. Le principaux problèmes rencontrés par les locataires : non-réponse à des demandes légitimes, agressivité des réponses, violation du domicile du locataire par le propriétaire.. ?, autant d’accrochages qui entrent en 2016 dans ce classement.

  • Les agences immobilières

Autre nouveauté: les locataires se plaignent des professionnels de l’immobilier et, plus particulièrement, des agences. Frais de gestion indus, augmentation brutale des charges sans justification, demande de documents interdits…, les agents immobiliers (ou du moins certains d’entre eux) abusent de leur position envers les locataires.

Par MySweet Newsroom
Le législateur semble ignorer le quotidien des locataires. Invariablement, année après année, les mêmes plaintes se retrouvent. Or, de nombreuses lois sur le logement ont été produites depuis 2009 sans qu'aucune réussisse à faire changer la donne. La loi ELAN ne rééquilibrera pas les rapports, elle risque au contraire de les aggraver. La mise en place de dispositifs numériques et le bail mobilité va fragiliser les plus vulnérables.
Michel Fréchet, Président, CGL