Les riches Venezueliens fuient la crise et investissent… dans l’immobilier espagnol !
Madrid est devenue un point de chute pour des milliers de Venezueliens fuyant la crise dans leur pays : opposants et riches personnalités proches du pouvoir se côtoient dans la capitale espagnole.
Le Venezuela s’est enfoncé dans la crise en février 2014 : à cette époque, les premières manifestations demandant le départ du pouvoir de Nicolas Maduro sont durement réprimées ; Human Rights Watch dénombre 43 morts. Depuis cette date, les signes de l’appauvrissement de la population se multiplient. L’inflation explose, les manifestations se succèdent contre des pénuries d’eau ou des coupures d’électricité… même le prix de l’essence (actuellement le plus bas du monde) pourrait être revu à la hausse par les autorités. Les effets de cette crise se font ressentir bien au-dela des frontières du pays, et de manière parfois inattendue. Le New-York Times a ainsi enquêté sur un secteur qui, paradoxalement, semble profiter de la situation : le marché immobilier haut de gamme espagnol, notamment madrilène.
Rachats d’immeubles et constructions neuves
Dans le district madrilène de Salamanca, plusieurs agents immobiliers estiment ainsi qu’environ 7 000 appartements de luxe seraient détenus par des Venezueliens : la majorité serait des opposants au régime de Nicolas Maduro, qui ont choisi de s’exiler face à la répression exercée par les autorités. Ils ne seraient toutefois pas les seuls : certains proches du président au pouvoir, inquiets de la multiplication des sanctions individuelles prises par les États-Unis ou l’Union européenne, auraient également décidé d’investir dans la pierre espagnole. Qui que soient les Venezueliens qui ont choisi l’autre côté de l’Atlantique, ils ont pu profiter de la crise de l’immobilier qui a frappé le pays dans le sillage de sa crise économique. Ces achats d’appartement de standing ne sont pas les seules cibles des Venezueliens expatriés : certains ont également investi dans des fonds de commerce, devenant des entrepreneurs à succès : ainsi, la chaine de fast-food Goiko Grill (44 restaurants à travers l’Espagne) a-t-elle été fondée par Andoni Goicoechea, avant d’être rachetée au mois de juin dernier par LVMH pour 150 millions d’euros.
Un exil facilité par des liens historiques
Le lien entre l’Espagne et le Venezuela dépasse la seule langue commune. À l’époque de la Seconde guerre mondiale et de l’ascension du général Franco, de nombreux Espagnols ont choisi de traverser l’océan. Certains des nouveaux acquéreurs sur le marché espagnol sont simplement les descendants de ces exilés. L’attachement à l’Espagne remonte même parfois à la fin du Moyen-Âge, puisque certains Venezueliens parviennent à justifier de leur ascendance juive séfarade ; une population exclue du pays en 1492 et donc les héritiers bénéficient aujourd’hui d’un programme spécifique. Enfin, les statistiques démontrent que les Venezueliens sont la nationalité la plus représentée dans le programme espagnol des golden visas : cette mesure, mise en place par les autorités en 2013, garantit la nationalité à tout acheteur d’une propriété valant au moins 500 000 euros…