Exposition : La fibre impressionniste de Samuel Courtauld se donne à voir à la fondation Vuitton

Renoir, Van Gogh, Monet, Gauguin, Manet, Cezanne… La collection Courtault s’expose à la Fondation Vuitton jusqu’au 17 juin.

 0

Samuel Courtauld, un riche industriel du textile

La « rayonne » ça vous évoque quelque chose ? Cette fibre synthétique, dénommée soie artificielle, faisait en son temps le bonheur de nos grands-mères couturières. Ce tissu, fit aussi la fortune de  l’entrepreneur huguenot Samuel Courtauld (1876-1947).  Issu d’un famille française de l’île d’Oléron exilée en Grande-Bretagne après la révocation de l’édit de Nantes, à la fin du XVIIème, Samuel Courtauld donne un rayonnement international à l’entreprise textile familiale. Et devint président, en 1921 de l’une des entreprise les plus importantes du Royaume-Uni de l’époque.

Une haute idée du rôle essentiel de l’art dans la société

« L’art est universel et éternel ; il relie les hommes entre eux, au-delà des époques. Il dépasse les divisions et unit les hommes dans une quête vivante et universelle, désintéressé », écrivait le riche industriel protestant habité par une haute idée du rôle de l’art dans la société. Attaché à la nation et à la culture de ses ancêtres, il fut l’un des mécènes les plus actifs et généreux de son temps. Lors de ses nombreux séjours à Paris, il fait des achats éclairés et se constitue en une dizaine d’année l’une des collections impressionniste et post impressionniste les plus remarquables. Avec sa femme Elizabeth Kelsey, mélomane organisatrice de concerts et philanthrope, il rassemble une collection magnifique, privilégiant à tout critère, une approche sensible.

Un mécène, un collectionneur

Vincent Van Gogh, Autoportrait

Parallèlement à la constitution de sa collection, Samuel Courtauld participe à la transformation des collections nationales en créant, en 1923 ; le Courtauld Fund destiné à l’acquisition d’œuvres du mouvement moderne. De 1923 à 1927, il permettra ainsi l’entrée à la National Gallery de 22 parmi les plus beaux tableaux d’art moderne français, contribuant à vaincre les réticences d’un certain conservatisme anglais envers l’impressionnisme. Dès 1925, il affirme sa philanthropie, avec l’aide de l’économiste Keynes, en fondant la London Artists’Association, organisme caritatif de soutien à la création à destination des jeunes peintres et sculpteurs.

110 toiles iconiques de la fin du 19ème et du début du 20ème siècle

Edouard Manet, Le déjeuner sur l’herbe

Cézanne (La Montagne Sainte-Victoire au grand pin, Le Lac d’Annecy, Les Joueurs de cartes),  Degas (Après le bain), Gauguin (Nevermore, Te Rerioa), Manet (Un bar aux Folies-Bergère, Déjeuner sur l’herbe), Modigliani (Nu féminin), Monet (Effet d’automne à Argenteuil, La Gare Saint-Lazare), Renoir (La Loge, Le printemps -ci dessus), Seurat (Jeune Femme se poudrant, Le Pont de Courbevoie), Toulouse-Lautrec (Jane Avril à l’entrée du Moulin Rouge), Van Gogh (Autoportrait à l’oreille bandée, Champ de blé avec cyprès…)…  A la faveur de la fermeture pour travaux de la Courtauld Gallery,  les 110 chef d’œuvres  de l’impressionnante collection Courtauld ont quitté leur demeure londonnienne néo classique du 18ème siècle pour le bâtiment conçu par Frank Gehry en plein bois de boulogne.

Impressionnante densité de chef d’œuvres -maintes fois reproduits sur tous supports, au mètre carré. Laissez-vous captiver par leurs vibrations originelles… On ne s’en lasse pas !

« La collection Courtauld, le parti de l’impressionnisme ». Fondation Vuitton. 8, avenue du Mahatma Gandhi, Bois de Boulogne, 75116 Paris. Jusqu’au 7 juin 2019.

 

Par Ariane Artinian
Pour Samuel Courtauld, l’art était l’antidote au matérialisme de la vie moderne et avait le pouvoir d’unir les nations et les peuples. Son intention a toujours été de rendre sa collection accessible au plus grand nombre.
Ernst Vegelin van Claerbergen, directeur de la Courtauld Gallery à Londres