SOS Racisme pointe des discriminations de la part des propriétaires et des agences immobilières
Une enquête réalisée par SOS Racisme Ile-de-France, montre que chaque potentiel locataire ou acquéreur de bien ne part pas avec les mêmes chances face à un propriétaire et/ou une agence immobilière, surtout si cet acquéreur ou locataire est d’origine maghrébine, africaine ou asiatique.
« Un candidat perçu comme étant d’origine maghrébine a un tiers de chances en moins de recevoir une réponse à sa simple demande de visite », voilà ce qu’on peut lire en premier lieu quand on consulte la récente enquête de SOS Racisme sur le droit au logement. Cette enquête, menée pendant un an et rendue publique mardi 7 mai lors de la conférence « Discriminations raciales au logement : ça suffit !« a été réalisée par la fédération TEPP du CNRS. Elle porte sur des offres à la location privée, dans Paris intra-muros, et ont été publiées par des agences immobilières, ou directement mises en ligne par des propriétaires sur des sites de mise en relation de particuliers telles PAP, Le Bon Coin, ParuVendu, etc.
La méthode du testing
L’enquête s’est basée sur une méthode américaine, importée par SOS Racisme dans les années 90, qui consiste en l’envoi massif d’emails, en l’occurrence de demande de visite de bien, de la part de différents profils similaires fictifs. Des profils inventés, tous semblables, à l’exception de leur noms de famille dont les consonances étaient différentes. Tous ces profils ont répondu à près de 800 annonces. Ainsi, SOS Racisme a pu démontrer qu’une personne au patronyme « français ancien », atteint un taux de réponse qui atteint les 42,9%. Un taux qui n’est jamais égalé par tous les autres patronymes aux consonances plus étrangères. Cela ajouté à un autre volet de recherche, selon lequel 51% des agences immobilières acceptent des pratiques discriminatoires, c’est à dire sélectionnent de futurs locataires ou acquéreurs en fonction de leurs origines, en dépit de leur solvabilité.
Un noir ou un arabe a 2 fois moins de chances de décrocher une visite de logement qu’une personne « Français ancien ». Voilà ce que disent nos testings sur la discri en IDF…
Bref, militer, ça sert! Vous voulez lutter contre les discris raciales? Rejoignez-nous! pic.twitter.com/Vk1ueNmL0H— Dominique Sopo (@d_sopo) 7 mai 2019
Les pouvoirs publics appelés à agir
L’enquête menée par SOS Racisme est claire : les français d’origine maghrébine et sub-saharienne ont moins de réponse qu’un français au patronyme « français ancien ». Plus précisément, le taux de réponse aux annonces immobilières n’est que de 31% pour les profils d’Outre-Mer, de 15% pour les maghrébins et de 12% pour les français d’origine sub-saharienne. Nos confrères de France Info ont interviewé Dominique Sopo, le président de SOS Racisme. Il commente les résultats obtenus en disant : « ça s’appelle du racisme en réalité, même si les gens ne le vivent pas comme ça. On n’est pas sur des gens qui disent nécessairement « je n’aime pas les Noirs ou les Arabes ou les Asiatiques et je ne vais pas les prendre », c’est beaucoup plus sournois que ça. Ce sont des préjugés enfouis qui parfois fonctionnent de façon inconsciente ». A la fin du rapport rédigé par SOS Racisme, Yannick l’Horty, l’un des chercheurs ayant dirigé cette étude, précise ainsi que « ce phénomène n’est pas lié à la capacité à payer de la personne, mais à une aversion pour son origine ». En tout cas, le ministre de la Ville et du Logement Julien Denormandie a indiqué à l’AFP qu’il allait recevoir les acteurs concernés mais aussi le défenseur des droits pour continuer de lutter contre ces pratiques.