Une gigantesque escroquerie immobilière à Detroit fait plus de 400 victimes françaises

C’est une arnaque hors norme. Un piège parfait dans lequel sont tombés des centaines d’investisseurs français. Ils pensaient avoir acheté des superbes villas à Détroit, ces maisons n’ont en fait jamais existé. Retour sur la tromperie immobilière de l’année.

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American Dream

C’était un rêve ! Celui d’investir dans l’immobilier au pays de l’oncle Sam. Ce rêve, ils l’ont touché du doigt lorsqu’ils ont pu acheter des villas dans le Wayne County à Détroit. C’est en tout cas ce qu’ils pensaient. Cette incroyable escroquerie, sous la forme d’une colossale pyramide de Ponzi , porterait sur plus de 50 millions de dollars et toucherait principalement des français originaires du sud de la France. 315 personnes sur la Côte d’Azur, une centaine dans la région bordelaise, à Gap et dans les Bouches-du-Rhône, une dizaine à Monaco. Au total, plus 1 200 villas que ces français ont payé 24,9 millions de dollars et pour lesquelles ils pensaient recevoir des loyers depuis 2016. En fait, les derniers investisseurs injectaient du liquide dans la pyramide de Ponzi, laissant croire aux premiers acquéreurs que leur retour sur investissement était réel…

Une offre alléchante

Sur le papier, l’offre d’investissement était séduisante : le ticket d’entrée pour une maison de 115 m2 était de 60.000 dollars. La rentabilité annuelle promise par la plaquette commerciale était de 17 %. Les investissements leur étaient proposés par une société de Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes), qui les « mettait en relation avec un tiers ». Ce tiers est une société de courtage, D3 Invest, dirigée par Paul De Bastos, un Français d’une quarantaine d’années.

L’entreprise proposait à ses « pigeons » de gérer leur propre compte client de façon dématérialisée et leur versait les dividendes de leur placement sur une carte bancaire Pex. Et ce fut le cas ! Depuis 2016, les n’excédaient pas 50 à 70 dollars par mois. Sauf qu’en réalité, les maisons, quand elles existaient, étaient en fait de ruines situées dans le quartier ghetto du Wayne County, vendues à plusieurs personnes. Durant des années, la tromperie a fonctionné.

L’effondrement

Le 14 janvier dernier, Paul De Bastos, président de D3 Invest est aux Etats-Unis. Il ouvre son ordinateur et décide de vider l’intégralité des comptes de ses clients français (1,4 million de dollars). Pourquoi maintenant ? Nice Matin, qui a enquêté sur cette affaire, a peut-être trouvé une explication. Le site donne la parole à Sébastien Rogge : « Il y a huit mois, j’avais trouvé un très gros investisseur à Dubaï. J’en avais fait par à De Bastos, en lui expliquant qu’au regard de l’enjeu financier, un audit précis de D3 Invest était nécessaire. Tout en m’assurant qu’il y était disposé, De Bastos trouvait toujours un prétexte pour le repousser. N’y tenant plus, je l’ai informé début janvier que j’envoyais un de mes collaborateurs pour le réaliser. Il venait d’arriver à Détroit lorsque De Bastos a fermé le site de gestion en ligne et vidé tous les comptes. »

Des victimes françaises

Depuis ce jour de janvier, des centaines de français vivent un cauchemar. Beaucoup d’entre eux ont d’ailleurs décidé de porter l’affaire devant la justice. Qui sont ces victimes ? Principalement des retraités, qui ont placé dans ce montage les fruits de toute une vie. Parmi les nombreuses victimes, on trouve aussi des couples d’actifs, cadres moyens ou supérieurs, qui investissaient pour leur descendance. Enfin, le plus gros investisseur est un patron d’une PME marseillais du BTP. Depuis 2008, il avait acheté 43 de ces maisons. La veille de l’effondrement du montage, ce chef d’entreprise marseillais avait transféré 2,4 millions d’euros pour l’acquisition de 71 villas supplémentaires à Détroit…

Enquête judiciaire.

Une enquête judiciaire a été ouverte par le parquet de Grasse. Cette enquête recouvre les faits commis en partie à l’étranger et devra déterminer le caractère organisé ou non de l’escroquerie et « l’existence ou non de plaintes antérieures », a précisé la procureure.

Et en effet, le casier judiciaire de Paul De Bastos n’est pas vierge. Condamné en 2015 par le tribunal de commerce de Paris à cinq ans d’interdiction de gestion.

Par MySweet Newsroom