Les Femmes de l’Immo/Yvette Bedin (Cabinet Bedin): «Je ne voulais pas simplement diriger une ou deux agences immobilières, je voulais développer une entreprise »

Le Cabinet Bedin, c’est l’histoire d’une aventure qui a commencé en 1977 avec un simple bureau sur tréteaux et un téléphone rouge mais c’est surtout l’histoire d’une femme, Yvette Bedin et d’une magnifique success story -65 agences immobilières, 320 collaborateurs. Une réussite qu’elle poursuit aujourd’hui avec sa fille Julie Bedin-Pouquet à ses côtés. Portait d’une pionnière, d’une femme audacieuse, viscéralement entrepreneure !

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Mysweet’immo : Pourquoi avez-vous choisi l’immobilier ?

Yvette Bedin : Je ne me destinais pas à l’immobilier mais plutôt à une carrière de notaire. J’ai fait de l’immobilier par défaut. En 1976, mon DESS de droit privé option notariale en poche, comme je ne trouvais pas de stage durant la préparation de ma thèse, un ami de faculté m’a conseillé d’essayer l’immobilier. Il venait de reprendre une agence immobilière à Saintes. Je n’étais pas emballée. Toutes ces années d’études pour être agent immobilier … A l’époque, le métier n’avait pas bonne presse. Je suis allée à Saintes un week-end ; je m’attendais à une petite boutique artisanale, mais non, c’était une très belle agence, très bien placée, avec des salariés, et ça m’a ouvert des horizons. J’ai dit à mon ami : on fait un pari, si dans trois mois, je n’ai pas trouvé de stage, j’ouvre une agence !

Et c’est ce qui s’est passé. J’ai fait mes fait mes armes dans une agence à Talence. Je me suis très vite rendue compte que ce métier était fait pour moi. C’est un métier dynamique. J’étais très souvent à l’extérieur. Et j’ai réalisé que j’avais un atout : j’avais fait du droit ; mes connaissances juridiques me permettraient de gagner la confiance des clients

En 1977, j’ai ouvert ma 1ère agence à Pessac. En fait d’agence, il s’agissait plutôt d’un petit bureau situé au 1er étage d’un immeuble, avec une table sur tréteaux et un téléphone rouge. Il n’y a pas de vitrine, tout juste des dessins de coquelicots aux murs pour qu’on remarque l’agence.

MS’I : Qu’est-ce qui vous a poussé à vous développer ?

Y.B : A l’époque, le métier d’agent immobilier était très artisanal. Travaillant à Pessac, je ne pouvais pas proposer des affaires à Talence. J’ai eu très vite l’intuition que le modèle d’agence et ma méthode de travail pouvaient être dupliqués, de ville en ville, à l’infini.

En 1983, j’ai fait construire une agence flambant neuve, avec une belle vitrine, au coeur de Pessac, et l’aventure a enfin vraiment démarré. En 1984, une 2e agence a vu le jour à Bordeaux/Saint-Augustin. Et puis l’histoire s’est écrite petit à petit … En 1985, le service gestion locative est né. En 1987, celui dédié à l’activité de syndic. En 2000, le cap des 20 agences et des 50 salariés a été franchi. En 2011, la 1ère agence à Toulouse a ouvert ses portes (nous avions alors 40 agences). Avec le succés des agences, nous avons aussi décidé de soutenir l’association Mécénat Chirurgie Cardiaque avec à la tête une femme d’exception *Francine Leca (* Première femme agrégée de chirurgie cardiaque en France et la première également à avoir pris la responsabilité d’un grand service hospitalier) qui se mobilise en faveur d’enfants défavorisés atteints de malformations du cœur, afin qu’ils puissent être opérés en France lorsque ceci est impossible dans leur pays. Notre mécénat a ainsi permis de faire soigner plusieurs enfants au sein du CHU de Bordeaux.

En 2017, le Cabinet Bedin a fêté ses 40 ans. J’ai reçu les insignes de Chevalier de l’Ordre National de la Légion d’honneur. Une distinction qui salue ma réussite en tant que femme chef d’entreprise et qui récompense mon implication dans la création du 1er BTS profession immobilière.

Le fait que ma fille Julie entre dans l’entreprise il y a 20 ans (elle est passée par tous les postes), qu’elle s’y sente bien, qu’elle s’épanouisse, m’a poussé à me développer. En 2017, je lui ai transmis l’entreprise. Elle est devenue directrice générale. Et c’est un vrai plaisir pour moi de travailler avec elle, d’échanger …

MS’I : Qu’est-ce qui caractérise votre méthode de travail ?

Y.B : C’est le partage du fichier. Lorsque je l’ai mis en place très tôt au sein de mes agences, mes confrères m’ont pris pour une extra-terrestre ! Ils s’attendaient à ce que mes négociateurs s’entretuent. Je leur disais « L’union fait la force : l’un rentre le mandat, l’autre le vend, ça va beaucoup plus vite ! ». En voyant travailler mes collaborateurs, j’avais vite réalisé que lorsque chacun travaillait dans son coin, il était impossible de satisfaire les clients et qu’il y avait énorme manque à gagner.

J’ai toujours aussi eu le souhait de faire évoluer professionnellement mes collaborateurs. J’ai toujours pensé que la réussite d’une personne n’existe pas. C’est une réussite collégiale.

MS’I : Auriez-vous imaginé une telle réussite ?

Y.B : Aujourd’hui, le Cabinet Bedin Immobilier, est le seul réseau succursaliste de plus de 65 agences de France dirigée par des femmes. Nos agences sont réparties dans le Sud-Ouest, de Bordeaux à Toulouse, en passant par le Bassin d’Arcachon et les Landes, et plus de 320 collaborateurs. Et depuis 2018, une agence est dédiée aux biens de prestige. Mais non, je n’aurais jamais imaginé parvenir à construire tout cela… Mais je l’ai souhaité très fort ! Je ne suis pas issue d’une famille d’entrepreneurs pourtant mais je ne voulais pas simplement diriger une ou deux agences immobilières. Je voulais développer une entreprise. En ouvrant des agences, je voulais non seulement conquérir de nouveaux marchés mais je voulais surtout que les nouvelles agences viennent en complément des autres. Nous avons ainsi ouvert des points de vente de façon à qu’ils travaillent tous en interaction.

Etre une femme entrepreneure n’est pas simple (l’immobilier est un travail prenant où on ne compte pas ses heures) mais l’envie d’entreprendre était plus forte que tout. Evidemment, cela a pris un peu de temps …

MS’I : Quels conseils donneriez-vous à ceux qui se lancent dans l’immobilier ?

Y.B : Aujourd’hui, il est très difficile de démarrer seul. Que l’on souhaite devenir négociateur ou ouvrir une structure, il vaut mieux intégrer un réseau qui propose une méthode, des outils, de la formation … La concurrence est rude.

Par Olivia Delage
Yvette Bedin est la fondatrice de Cabinet Bedin