Sunac, poids lourd de l’immobilier en Chine, en défaut de paiement
Dans le rouge: Sunac, l’un des principaux promoteurs immobiliers de Chine, a annoncé jeudi être en défaut de paiement, moins de six mois après le géant national Evergrande.
Sunac, poids lourd de l’immobilier en Chine dans la tourmente d’Evergrande
L’immobilier et la construction, qui pèsent plus du quart du PIB de la Chine, ont longtemps servi de locomotive pour l’économie et joué un rôle capital pour la reprise après la première vague épidémique en 2020. Mais pour réduire l’endettement du secteur, Pékin a durci les conditions d’accès au crédit pour les promoteurs immobiliers.
Résultat, de nombreux groupes se retrouvent depuis l’an dernier à court de liquidités, dont le numéro un du secteur Evergrande. La mauvaise santé financière de ce mastodonte a pénalisé par ricochet ses concurrents, les acheteurs hésitant de plus en plus à investir dans la pierre.
La situation sanitaire actuelle, qui entraîne restrictions aux déplacements, voire confinements, et pèse sur le pouvoir d’achat des Chinois, accentue par ailleurs la pression sur le secteur.
Sunac devait rembourser le mois dernier 29,5 millions de dollars (28 millions d’euros) sur des intérêts d’emprunt mais n’avait pu honorer l’échéance. Le groupe disposait d’un délai de grâce de 30 jours qui a pris fin mercredi.
A cette échéance, Sunac n’avait « pas remboursé » la somme, a indiqué jeudi le groupe dans un communiqué adressé à la Bourse de Hong Kong, où il est coté.
Des ventes en chute de 65% sur un an et des problèmes de financement
L’immobilier connaît des « changements radicaux » qui ont entraîné pour Sunac une « baisse significative » des ventes depuis le second trimestre 2021, et un accès à de nouveaux financements « de plus en plus difficile« , a admis le groupe basé à Tianjin (nord). Sunac est le plus gros promoteur chinois à faire défaut cette année.
Trois autres délais de grâce arriveront à échéance pour lui à la fin du mois. Mais le groupe a d’ores et déjà averti qu’il ne pourrait pas non plus les honorer. Sunac dit vouloir résoudre « dans un délai raisonnable » ses problèmes de financement avec ses créanciers.
Sur un marché immobilier globalement morose, le groupe a rapporté une baisse d’environ 65% de ses ventes sur un an en mars et avril.
En 2019, à son heure de gloire, Sunac revendiquait plus de 50.000 employés.
Deux ans plus tôt, la firme avait fait l’acquisition d’hôtels et de sites touristiques du conglomérat Wanda, un compatriote alors épinglé par Pékin pour sa frénésie d’achats à l’étranger et son endettement.
Pour cette transaction, présentée par la presse à l’époque comme le « contrat du siècle », Sunac avait dépensé 63 milliards de yuans (8,8 milliards d’euros au taux actuel).
Une dette de 260 milliards d’euros pour Evergrande
Ces investissements tous azimuts ne sont pas sans rappeler ceux d’Evergrande, qui outre l’immobilier, voyait un potentiel de croissance dans le tourisme, le numérique ou encore la voiture électrique. Mais le groupe s’est retrouvé étranglé l’an dernier par une dette abyssale d’environ 260 milliards d’euros. Et il n’avait pu honorer des remboursements, se débattant par ailleurs pour livrer des appartements déjà payés par des acheteurs.
En décembre 2021, l’agence de notation Fitch a déclaré le groupe en défaut de paiement.
Pour sortir la tête de l’eau, Evergrande tente ces derniers mois de vendre des actifs et de réduire ses participations dans d’autres entreprises.
Le groupe a ainsi cédé en mars pour 3,6 milliards de yuans (510 millions d’euros) un vaste projet immobilier à Hangzhou (est de la Chine).
Menacé par une croissance atone et des restrictions sanitaires qui plombent son économie, le pouvoir chinois arrondit de son côté les angles avec un secteur sous pression depuis des mois.
Pékin a ainsi apporté fin avril son soutien à l’immobilier et appelé à un développement sain du secteur, au moment où plusieurs villes lèvent le pied sur certaines contraintes réglementaires.