« Tardif et trop limité, le resserrement de la politique monétaire de la BCE n’enrayera pas l’inflation, au contraire ! »

Olivier Lendrevie, Président du courtier Cafpi, revient sur la décision le 21 juillet dernier de la BCE de relever ses 3 taux directeurs.

Olivier Landrevie

© DR.Olivier Lendrevie

Olivier Lendrevie, Président de CAFPI

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Jeudi 21 juillet, la Banque Centrale Européenne a relevé ses taux directeurs de 0,50 %, portant son taux de dépôt à 0 %. Elle met ainsi fin à l’expérimentation insensée, entamée en 2014, de taux directeurs négatifs et de programmes massifs de rachat d’actifs.

Fin de la planche à billets

Mais cette hausse à minima n’a rien du bouclier anti-inflation – cette dernière s’élève à 8,6 % dans la zone euro – que l’on nous vante. Alors que la Federal Reserve américaine en est déjà à son troisième relèvement depuis le mois de mars, avec un taux de dépôt à 1,75 %, la BCE vient simplement d’arrêter sa planche à billets !

L’idée que l’on puisse enrayer une spirale inflationniste avec des taux directeurs à zéro est un non-sens économique. La faiblesse et le retard de la réaction de la BCE nous condamnent, en réalité, à voir l’euro continuer de s’affaiblir face au dollar après avoir déjà perdu 14 % en un an. Si l’on ajoute que les importations de l’UE représentent l’équivalent de 47 % de son PIB, on comprend que par son inaction, la BCE ne fait qu’importer davantage d’inflation.

Les pays européens criblés de dettes

Mais a-t-elle un autre choix, face à des pays du Sud (dont la France) criblés de dette et, pour l’essentiel, incapables d’engager les réformes structurelles qui leur permettraient de rétablir l’équilibre des comptes publics ? Pour rappel, la France n’a plus produit un budget proche de l’équilibre depuis les années 70. Une forte inflation combinée à un régime de répression financière avec le maintien de taux très bas ne sont-ils pas, au final, la seule façon d’effacer ces montagnes de dettes ? Et ce, malheureusement, au détriment des épargnants…

Face au retour désormais inéluctable d’une spirale inflationniste, il sera intéressant de suivre, dans les mois qui viennent, la réaction de nos voisins allemands. Marqués par l’effondrement monétaire de la république de Weimar, ils avaient toujours fait preuve de réticence face aux expérimentations non-conventionnelles de la BCE.

Après avoir réussi le prodige d’unifier l’Europe diplomatique, il n’est pas impossible que Vladimir Poutine ait paradoxalement semé la graine de sa dislocation monétaire…

Par MySweet Newsroom