Barratt Developments alerte sur un ralentissement de l’immobilier britannique

Le constructeur immobilier britannique Barratt Developments a prévenu mercredi que le marché immobilier outre-Manche avait ralenti au cours des six derniers mois, fruit du récent chaos politique dans le pays, des incertitudes économiques et des hausses de taux.

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Le groupe dit avoir constaté « un ralentissement marqué du marché du logement au Royaume-Uni« , dans un rapport d’activité sur son premier semestre décalé, achevé au 31 décembre.

Il pointe « les incertitudes politiques et économiques » au premier trimestre qui ont « été aggravées par des changements rapides et importants des taux immobiliers ».

Le secteur immobilier britannique, qui avait flambé avec la pandémie de Covid-19, a subi un coup de frein fin 2022, voyant notamment la hausse des prix ralentir sur un an. Les experts du secteur s’attendent à une contraction cette année.

Parmi les facteurs qui pèsent sur l’immobilier, les taux des crédits immobiliers ont grimpé ces derniers mois, conséquence notamment des hausses régulières du taux directeur de la Banque d’Angleterre pour enrayer l’inflation, qui frôle 11% dans le pays.

Mais ils ont aussi bondi fin septembre dans le sillage des taux d’emprunt de l’Etat britannique, pâtissant d’annonces budgétaires massives et mal chiffrées de l’éphémère gouvernement de la Première ministre Liz Truss, presque entièrement annulées depuis.

Après avoir tourné autour de 2% ces dernières années, les taux immobiliers étaient passés au-dessus de 6% et sont désormais autour de 5,5% pour les prêts à taux fixe de 2 à 5 ans, selon le site de données financières Moneyfacts.

Le Royaume-Uni a en outre vu son activité économique se contracter au troisième trimestre, et selon de nombreuses prévisions le pays est déjà entré dans une récession qui se prolongera en 2023.

Barratt Developments a perdu 0,17% à 422,90 pence mercredi à la Bourse de Londres.

Barratt dit avoir « réalisé une solide performance opérationnelle » sur la période, grâce notamment à un carnet de commandes bien rempli avant les turbulences, selon son directeur général David Thomas, cité dans le communiqué. Barratt a ainsi vu le nombre de maisons achevées augmenter par rapport à l’année précédente.

Mais les perspectives pour le reste de l’exercice s’assombrissent, avec les incertitudes sur la confiance des acheteurs, la disponibilité et les prix des prêts immobiliers, selon Barratt, qui a vu son carnet de commande pour les six prochains mois se vider.

« Alors que la dislocation extrême du marché hypothécaire » qui a suivi les annonces budgétaires du gouvernement Truss « peut être considérée comme un événement ponctuel, les coûts d’emprunt plus élevés pour les acheteurs sont là pour rester« , prévient Russ Mould, analyste chez AJ Bell.

770 000 foyers proches d’un défaut de paiement sur leurs prêts immobiliers

Le gendarme des marchés britanniques, la FCA, a par ailleurs souligné dans une lettre à la Commission parlementaire au Trésor que 770.000 foyers sont en train de faire défaut sur leur prêt immobilier ou risquent de faire défaut dans les deux ans à venir.

Un chiffre qui pourrait évoluer dans le sillage des taux d’intérêt, car les prêts immobiliers au Royaume-Uni sont largement à taux variables (fixés seulement sur deux à cinq ans en général).

Les taux directeurs de la Banque d’Angleterre sont actuellement au plus haut depuis octobre 2008, en pleine crise financière, à 3,5%, et devraient encore monter, d’après les prévisions du marché.

Les taux immobiliers évoluent aussi en fonction des taux d’emprunt sur le marché obligataire, qui restent élevés historiquement depuis le passage de Liz Truss à Downing Street et comparé à l’UE et aux Etats-Unis.

Par MySweetImmo avec AFP