Logement abordable : Comment Alain Taravella (Altarea) compte relancer la primo-accession

À l’occasion du salon des acteurs de l’industrie (SIMI) à Paris, Alain Taravella, président-fondateur d’Altarea appelle les maires, promoteurs, architectes et aménageurs à s’impliquer sans attendre les aides de l’État pour relancer la primo-accession.

Salon SIMI

© Sébastien Chabas

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« Dans un contexte politique national incertain, c’est plus que jamais au niveau local qu’il faut travailler, en tenant compte des besoins et du pouvoir d’achat des Français en matière de logement », a déclaré, le 12 décembre 2024, Alain Taravella, président-fondateur du groupe immobilier Altarea, à l’issue d’une conférence à Paris au salon de l’immobilier d’entreprise (SIMI) dédiée au logement abordable en présence de parlementaires et élus. Une déclaration qui ne passe pas inaperçue au moment où une étude commandée à OpinionWay révèle que 72 % des locataires estiment qu’être propriétaire est une priorité.

« Depuis dix ans, les prix ont fortement augmenté. Et la situation bascule en 2022 marquée par la guerre en Ukraine, la hausse des coûts de construction, la hausse des taux d’intérêts, sans oublier la suppression de l’aide fiscale Pinel qui conduisent les Français de perdre grosso modo 32 % de leur pouvoir d’achat », rappelle le dirigeant, en présence d’Edward Arkwright, nouveau directeur général du groupe qui prend ses fonctions le 6 janvier 2025. Après avoir fait le constat que Monsieur l’État ne pouvait plus défiscaliser pour continuer, j’ai proposé la méthode Access en début d’année 2024 de pouvoir vendre à des primo-accédants un bien pour le prix d’un loyer mensuel.»

« Travaillons collectivement »

« Conçu pour les primo-accédants, ce nouveau programme propose à l’image de ce qui a été entrepris sur une première opération à Villeneuve-La-Garenne (Hauts-de-Seine) des logements adaptés aux besoins des familles et des jeunes actifs. Les surfaces ont pour ambition d’être optimisées en éliminant les espaces superflus tout en garantissant confort et fonctionnalité », développe Alain Taravella. Avant d’ajouter : « C’est bien la démonstration que l’on peut y arriver en se battant ensemble, maires, promoteurs, architectes et banquiers. »

Hormis le logement social qu’il est indispensable selon lui de préserver et de développer, le logement à loyer intermédiaire (LLI) et la primo accession doivent être privilégiés selon Alain Taravella. « Ces deux options, l’une locative, l’autre en accession, sont parfaitement adaptées à une clientèle jeune, les cadres réglementaires financiers et fiscaux sont déjà en place, notamment le prêt à taux zéro et la TVA à 5,5 % », souligne-t-il.

Plusieurs solutions doivent être alors développées pour réduire l’investissement par logement et relancer le parcours résidentiel. « Nous nous engageons nous promoteurs à développer très majoritairement du logement à loyer intermédiaire et primo accession à prix réduits ou plafonnés », avance le dirigeant fondateur d’Altarea.

Un « moratoire » ciblé vers les primo accédants

Face au constat des promoteurs que de plus en plus de collectivités territoriales créent des chartes et modifient leur Plan local d’urbanisme (PLU) à en vue d’imposer la construction de logements plus grands alors qu’aujourd’hui les besoins des Français sont d’avoir des logements compacts et abordables financièrement, le groupe immobilier Altarea propose la création d’un « moratoire » ciblé vers les primo accédants, sur les règles d’urbanisme restrictives par rapport à la norme nationale.

Par ailleurs, Alain Taravella demeure convaincu que les sociétés d’aménagement réduisent leurs charges foncières et ne réclament pas des sur-normes. « Il faut aussi que les architectes fassent des logements compacts et qualitatifs », signale-t-il.

« Cette solution peut se dupliquer sur d’autres opérations de logement neuf »

De son côté, la sénatrice (LR) des Alpes-Maritimes et présidente de la commission des Affaires économiques du Sénat, Dominique Estrosi-Sassone  estime que cette solution proposée par le groupe Altarea peut se dupliquer sur d’autres opérations de logement neuf. « Cette solution permet en fait de prendre en considération de la production de logement qui soit adaptée aux prix et aux caractéristiques de la mode des jeunes, à leurs usages et leurs capacités contributives », a déclaré la sénatrice des Alpes-Maritimes.

Dans leur dernier rapport de la mission d’information sur la crise du logement en mai 2024, les parlementaires Dominique Estrosi Sassone, Viviane Artigalas et Amel Gacquerre avaient mentionné qu’ « il convenait de revoir les conditions juridiques et financières d’acquisition pour permettre des formules d’acquisitions progressives comme cela peut se faire à la Belgique à travers des démembrements de propriétés, des remboursements partiels de crédits. » Le plus dur désormais en France est de « changer de paradigme », reconnaît la sénatrice des Alpes-Maritimes. 

Par Sébastien Chabas