Crise de l’immobilier : Défaillances record pour les agences immobilières et les promoteurs en 2024

Les entreprises de l’immobilier sont parmi les plus touchées par la crise avec 1 232 agences immobilières et 308 promoteurs en défaillance en 2024, selon une étude de la BPCE.

Homme perplexe devant des grues et une fleche descendante sur fond de drapeau francais, symbolisant la crise immobiliere

© adobestock

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2024 restera gravée dans les mémoires comme une année noire pour le secteur immobilier. Avec seulement 250 000 mises en chantier, un chiffre inédit depuis les années 1950, et une baisse des transactions dans l’ancien de 17 %, à 780 000 transactions, les défaillances d’entreprises se multiplient à un rythme alarmant, touchant particulièrement les agences immobilières et les promoteurs.

Faillites et défaillances à la pelle dans l’immobilier

Agences immobilières : 1232 défaillances d’entreprises en 2024

Selon les chiffres de la BPCE, 1 232 agences immobilières ont été placées en procédure de sauvegarde, redressement judiciaire ou liquidation en 2024, ce qui représente une hausse +225 % par rapport à 2023.

« Dès juin 2023, la FNAIM a alerté sur le fait que que la plus grande crise depuis l’après-guerre entrainerait un nombre de défaillances comparable, voire supérieur, à celui de 2008 lors de la crise des subprimes »,  rappelle son président Loïc Cantin. Invité de Mon Podcast Immo fin 2023, il avait déjà prédit fermeture de 1 400 agences immobilières en 2024 au micro d’Ariane Artinian. « Les liquidations d’agences immobilières n’ont jamais été si élevées ! », s’était-il encore désolé avant l’été.

Promoteurs immobiliers : 308 projets défaillants en 2024

Les promoteurs immobiliers ne sont pas épargnés. Le quatrième trimestre 2024 enregistre un record dans le nombre de défaillances avec 308 projets de promotion immobilière défaillants.

« 2024 est une année cataclysmique, un niveau de crise sans précédent depuis les années 1950 », souligne Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI). Sur les 12 derniers mois, 17 538 entreprises du secteur immobilier et construction ont été en difficulté.

La faute à la chute des ventes et au PGE

Pour Alain Tourdjman, directeur des études et prospective chez BPCE, la baisse des transactions dans l’ancien est le principal moteur de cette crise. « Le marché de l’ancien a chuté à 780 000 transactions en 2024, soit une baisse de 17 % par rapport à l’année précédente », explique-t-il.

À cela s’ajoutent la fin progressive des dispositifs de soutien comme le Pinel et l’impact des coûts élevés de construction et du foncier.

Les économistes de BPCE Alain Tourdjman et Julien Laugier, évoquent également un « effet PGE » pour les petites structures comme les TPE. Aujourd’hui, 7,5% des entreprises qui ont contracté un PGE sont même considérées « à risque », selon le Conseil d’analyse économique (CAE).

La FNAIM au chevet des agents immobiliers

« Le remboursement des PGE intervient à un moment où les entreprises sont déjà fragilisées, sans possibilité d’étalement complémentaire », explique Loïc Cantin, président de la FNAIM.

Face à cette situation, la FNAIM a mis en place une cellule opérationnelle baptisée « AGIR », en partenariat avec GALIAN SMABTP. Ce dispositif accompagne les adhérents en difficulté par des conseils en gestion, l’élaboration de business plans ou encore des solutions d’étalement du remboursement des dettes ou de restructuration de trésorerie.

« Dans ce contexte économique difficile, il n’y a pas de vérité, tout le monde est frappé par ce phénomèneToutefois, on remarque que lorsque l’on exerce une seule activité de transaction, on est plus exposé qu’une structure multi-activité (agent immobilier, administrateur de biens, syndic de copropriétés).», ajoute Loïc Cantin.

Le bâtiment plus touché que l’immobilier

 « L’accélération des défaillances chez les promoteurs est en train de se diffuser dans d’autres secteurs comme le génie civil et les travaux d’installation (électricité, plomberie, isolation)», analyse  Alain Tourdjman. Quid de 2025 ? « Il est très difficile d’envisager une amélioration nette de la situation avant 2026″.

Les plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) importants réalisés l’an dernier dans des groupes comme Nexity (500 suppressions de postes, dont près de 250 licenciements), Bouygues Immobilier (225 postes), Capelli ou le groupe Réalités qui a engagé une procédure de conciliation avec ses créanciers restent gravés les esprits.

« Le bâtiment sera probablement encore plus touché que celui de l’immobilier », conclut Alain Tourdjman.  Pour Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), l’urgence est de réagir rapidement . « Si un nouveau plan de soutien n’est pas voté rapidement, nous assisterons à une glissade sur le front de l’emploi », alerte-t-il.

5 chiffres clés à retenir sur la crise immobilière de 2024

250 000 : Nombre de mises en chantier en 2024, un niveau inédit depuis les années 1950.

17 % : Baisse des transactions dans l’ancien, avec seulement 780 000 ventes enregistrées cette année.

1 232 : Nombre d’agences immobilières en défaillance en 2024, soit une hausse de +225 % par rapport à 2023.

308 : Projets de promotion immobilière défaillants au quatrième trimestre, un triste record.

7,5 % : Part des entreprises ayant contracté un PGE considérées comme « à risque » en 2024.

Par Sébastien Chabas