Location de courte durée : « De l’urgence d’une sécurité renforcée », Mathieu Morel

Crypto-kidnappings, prostitution, drogue… Ces scandales impliquant des logements loués sur Airbnb ou Booking révèlent certaines failles du marché de la location de courte durée. Mathieu Morel, cofondateur de Primo Conciergerie, appelle à une approche innovante et réglementaire afin de protéger locataires, propriétaires et riverains.

Mathieu Morel

© Primo Conciergerie

Mathieu Morel, cofondateur de la startup Primo Conciergerie

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Les rubriques de faits divers regorgent d’histoires de prostitution ou de trafic de drogue dans des locations de courtes durées. Des situations qui peuvent pénaliser lourdement les propriétaires, avec des logements pouvant être dégradés ou devenir inlouables pendant des mois.

Plus récemment, c’est le propriétaire d’une maison louée sur Booking.com qui a vu son bien mis sous scellés après la séquestration du cofondateur de Ledger, une entreprise du secteur des crypto-monnaies. Privé de revenus locatifs pendant potentiellement deux ans à cause de l’enquête, le propriétaire se retrouve dans une situation financière difficile, avec un crédit immobilier à rembourser.

Comprendre les failles actuelles

Ces exemples, malheureusement trop nombreux, illustrent les conséquences économiques et juridiques désastreuses de ces problèmes de sécurité. De plus, les assurances couvrent rarement ces types de situation, laissant les propriétaires doublement vulnérables.

Tout cela illustre une problématique majeure : la difficulté pour les plateformes de vérifier l’identité réelle des locataires et d’anticiper les comportements à risque. Ces failles ne sont pas toujours le fruit d’un manque de volonté, mais souvent d’outils inadaptés ou de processus dépassés face à la créativité des fraudeurs.

Les causes principales de ces incidents :

  • Des vérifications d’identité insuffisantes : les documents d’identité falsifiés ou volés peuvent facilement passer à travers les systèmes traditionnels de contrôle.
  • Un manque de suivi en temps réel : une fois la location validée, les comportements anormaux ou les usages suspects des logements sont rarement détectés en amont.
  • Des standards de sécurité non uniformes : les pratiques varient considérablement d’une plateforme à l’autre, laissant place à des zones grises exploitables.

Vers une régulation renforcée et l’usage de technologies avancées

Pour faire face à ces défis, nous croyons fermement que la solution repose sur une combinaison de mesures réglementaires et d’innovations technologiques. Parmi ces dernières, l’intelligence artificielle offre des opportunités particulièrement prometteuses pour sécuriser les transactions et prévenir les abus.

Il est temps de passer de la parole aux actes :

1/ Renforcement des vérifications d’identité grâce aux nouvelles technologies :

  • Les systèmes d’IA peuvent analyser en temps réel les documents d’identité, détectant les anomalies ou incohérences invisibles à l’œil humain.
  • Des techniques de certification, comme les puces NFC des nouvelles cartes d’identité, permettent de confirmer l’identité des utilisateurs avec un degré de certitude beaucoup plus élevé. 

2/ Surveillance proactive des comportements :

  • L’IA peut identifier des comportements suspects, comme des réservations multiples ou des paiements depuis des comptes inhabituels, en établissant des modèles prédictifs basés sur des données historiques.
  • Elle pourrait également surveiller les annonces en ligne pour détecter des utilisations frauduleuses des logements, comme celles liées au proxénétisme ou à d’autres activités illégales.

3/ Standardisation et partage d’informations :

  • Nous plaidons pour la mise en place de standards de sécurité communs entre les plateformes, accompagnés d’un système de partage d’informations anonymisées sur les comportements frauduleux. Ce type de collaboration inter-plateformes permettrait de créer une ligne de défense commune.

4/ Éducation des acteurs du secteur :

  • Propriétaires, gestionnaires et locataires doivent être sensibilisés aux bonnes pratiques, comme l’importance de bien vérifier les profils avant d’accepter une réservation ou de signaler toute activité suspecte.
  • A minima, la vérification systématique de l’identité des locataires, par le biais d’une pièce d’identité, d’un numéro de téléphone ou encore de l’empreinte d’une carte bancaire, devrait constituer une norme obligatoire plutôt qu’une simple option.

L’heure de la responsabilisation et de l’innovation

Chez Primo Conciergerie, nous avons fait le choix de mettre la sécurité et la transparence au cœur de notre modèle. Cela passe par une sélection rigoureuse des locataires, l’utilisation d’outils technologiques avancés et une collaboration étroite avec les propriétaires pour assurer un suivi constant.

Nous travaillons activement au développement de la première plateforme souveraine de location de courte durée, qui intégrera une sécurité renforcée et une assurance spécifique pour les propriétaires. Notre objectif est de créer un modèle alternatif, plus responsable et plus sûr, qui bénéficiera à l’ensemble de l’écosystème de la location de courte durée.

Cependant, nous ne pouvons pas agir seuls. Il est crucial que les acteurs majeurs du secteur, à l’image des grandes plateformes, prennent ces problématiques à bras le corps. En mettant en œuvre des solutions technologiques et en collaborant activement avec les autorités, nous pourrons faire de la location courte durée un modèle durable, sécurisé et bénéfique pour tous.

Par MySweetImmo