Décès du président de Century 21: Laurent Vimont, le cœur gros

Vendredi 11 mars. 18h07. Century 21 France : Avis de décès. L’objet du mail fait froid dans le dos. Son contenu est glaçant : Laurent Vimont nous a quitté. Ariane Artinian revient sur le départ de l’un des patrons le plus médiatique de l’immobilier.

Laurent Vimont

© DR. Laurent Vimont, président de Century 21 est décédé le 11 mars 2022.

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Crise cardiaque à l’âge de 61 ans

Vendredi 11 mars. 18h07. Century 21 France : Avis de décès. L’objet du mail fait froid dans le dos. Son contenu est glaçant.  « Les 7500 professionnels du Réseau CENTURY 21, le personnel de Century 21 France et son Comité de Direction, le groupe Arche ainsi que son président Philippe Briand ont l’immense tristesse de vous faire part du décès de Laurent VIMONT. »

Je relis à deux fois, à trois fois. Et comme dans ces moments -là on a besoin de partager avec des personnes du même cercle, comme si cela rendait l’inacceptable moins insupportable…, j’appelle illico mon complice photographe réalisateur Christophe Lebedinsky. L’émotion est partagée. « Non, ce n’est pas possible ! ». Que s’est-il passé ? Je lui lis le communiqué : « Crise cardiaque ce matin à l’âge de 61 ans ». Autre complice, Olivia Delage m’appelle dans la foulée sidérée aussi. La rédaction de MySweetimmo est en émoi.

Laurent Vimont, le boss

Bien sûr, Laurent Vimont faisait partie de nos chouchous. C’était un bon client, comme on dit dans notre jargon journalistique des personnalités qui présentent bien -ce n’est pas négligeable, sont toujours partantes pour une interview et ce qui est beaucoup plus rare sont toujours pertinentes.

On l’avait vu monter sur le ring, succéder à Hervé Bléry – son coach, son mentor, son ami, son père un peu, à la présidence de Century 21. On avait suivi sa trajectoire d’agent immobilier fort en gueule, devenu président du groupe passé dans le giron du Nexity d’Alain Dinin d’abord puis dernièrement dans celui du groupe Arche de Philippe Briand. « Laurent, c’est le king, c’est notre boss à tous, disait de lui admiratif Stéphane Fritz, qui fut longtemps l’un de ses collaborateurs avant de prendre la présidence du réseau d’agences immobilières Guy Hoquet ».

Ex-maître nageur, boxeur et patron talentueux

Patron des plus charismatiques, Laurent Vimont, avait du répondant. Boxeur à ses heures, il avait du mordant aussi. Je suis sûre que Sébastien de Lafond qui venait tout juste de lancer MeilleursAgents se souvient encore de sa première rencontre avec le président de Century 21 et sa garde rapprochée que j’avais cru bon alors de lui présenter. C’est que le boxeur au caractère bien trempé était un homme de conviction.  

Il n’était pas encore vice président du fichier AMEPI aux cotés de Cédric Lavaud, Bien’ici n’avait pas encore vu le jour, mais déjà il avait déjà une conviction : la data devait être exploitée par les professionnels de l’immobilier un point c’est tout. Autre sujet qui le mettait hors de lui ? Celui des réseaux mandataires. Il ne ratait pas une occasion pour envoyer ses uppercuts sur les réseaux sociaux.

Sa communication musclée pouvait irriter, son style direct et sans ambages ne lui valaient pas que des amis. Sa réussite hors pair, non plus. «L’ex-maître nageur, devenu président de réseau », raillaient certains, diplômés peut-être mais sans la moindre once de leadership ou de savoir-être. Sacré chevalier de la légion d’honneur des mains de Nicolas Sarkozy en 2019, l’autodidacte pilotait le géant de la franchise et des services immobiliers avec brio et s’était affirmé aussi comme une personnalité médiatique et un patron talentueux. Son engagement pour la parité et l’égalité femme homme en faisait de surcroit un ami de Mysweetimmo.

Patience et gentillesse

Le 30 novembre, au dernier congrès de la FNAIM, aléas de conducteur oblige, son interview avait été décalée d’une demi-heure. Il avait attendu sans manifester le moindre signe de mauvaise humeur – d’autres patrons de startup balbutiantes s’agacent pour beaucoup beaucoup moins que ça.

Une fois sur le plateau, nous avions discuté un bon moment le temps des derniers réglages. Intrigué par la planche de natation au sol – pour préserver les genoux de Christophe, il nous parle de ses débuts à la piscine de Melun avec Philippe Lucas, de l’incroyable voix de Johnny qu’il a eu la chance d’entendre en petit cercle en privé, de sa rencontre avec Emmanuel Macron, des responsabilités ministérielles déclinées, de sa femme, de leur fille, de leur passion à tous trois les pour les chevaux, de l’importance d’être un bon mari, un bon père, du sens de la vie… Je le remercie pour sa patience et sa gentillesse. Je l’encourage à laisser percer son humanité, à casser l’image caricaturale qu’il peut véhiculer via des prises de position radicales. Je me demande toujours ce qui pousse les boxeurs à prendre leurs gants, je pense à Champion le film de Zefirelli.

Un leader sensible et altruiste

Quelques semaines plus tard, le 3 janvier, Laurent Vimont réunit la presse pour son traditionnel rendez-vous de présentation des chiffres de la conjoncture à l’Automobile Club de France. Dans la foulée, il m’accorde une nouvelle interview en solo.Puis, il revient sur notre précédent échange, me remercie à son tour de ma bienveillance. Il a été touché. Il embraye sur l’actualité. Les chrétiens d’Orient, l’Arménie, le Haut-Karabagh. Il me demande si j’ai lu « La cuisinière d’Himmler ». Le roman de Frantz-Olivier Giesbert l’a bouleversé. « Je pense souvent à cette petite Rose cachée dans la charrette », me dit-il. Je me félicite d’avoir vu juste sur sa sensibilité masquée.

Au moment de quitter les lieux, il félicite chaleureusement sa dircom Christel Villedieu et son équipe pour l’organisation de l’évènement. Il est surpris par le nombre de journalistes ayant fait le déplacement, en dépit du covid, ce matin pour assister à sa conférence. Il serait agréablement surpris encore du nombre de ceux journalistes ou pas qui le regrettent déjà. Qui ont une pensée pour sa famille, pour ses proches, pour Hervé Bléry. Et qui ont eux aussi le cœur gros ce week end.

Par Ariane Artinian