Immobilier: la construction de maisons freinée elle aussi

La construction de maisons individuelles a souffert en 2022, victime du contexte économique défavorable à l’immobilier neuf, et menacée à plus long terme par les règles sur l’artificialisation.

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Promoteurs, aménageurs… depuis près de neuf mois, tout l’immobilier neuf est grippé, et les constructeurs de maisons neuves ne font pas exception.

Selon le Pôle Habitat de la Fédération française du bâtiment, leur organisation professionnelle, les ventes de maisons (hors lotissements) ont diminué de près d’un tiers en 2022 (-31,3%).

Les statistiques officielles des permis de construire et des mises en chantier ne le reflètent pas encore, mais cela ne saurait tarder, préviennent les professionnels, ces deux indicateurs ayant un décalage de quelques mois avec les ventes.

La faillite, en juin dernier, du constructeur des emblématiques maisons Phénix, Geoxia, avait déjà suscité des craintes, même si cette entreprise allait déjà mal depuis des années.

« On est rentrés dans une crise généralisée« , craint Sylvain Massonneau, vice-président du Pôle Habitat en charge des maisons individuelles. « Chaque semaine, il y a des adhérents qui cessent leur activité pour des raisons économiques, et maintenant, le phénomène s’accélère. Il ne concerne pas que des entreprises qui ne se sont pas adaptées« , craint-il.

Moins de commandes

Mercredi, le numéro un français du secteur, Hexaom, a publié une perte nette, de 37,9 millions d’euros, pour l’année 2022.

Si cette perte provient d’une filiale hors de son cœur de métier, le groupe normand a néanmoins engrangé seulement 6.090 nouvelles commandes de maisons en 2022, soit 29% de moins qu’en 2021.

Les causes sont connues. Côté offre, les coûts de construction ont grimpé dans le sillage de la guerre en Ukraine. Le prix de vente des maisons d’Hexaom a ainsi grimpé de 25% en deux ans. Côté demande, l’accès au crédit s’est refermé en quelques mois, avec la remontée en flèche des taux d’intérêt.

« Quand on cumule une hausse des prix pour la clientèle et la clientèle restante qui a plus de mal à financer ses projets, il y a moins de commandes« , détaille à l’AFP Loïc Vandromme, directeur général d’Hexaom.

Mais la popularité de la maison individuelle comme mode de logement reste intacte: de sondage en sondage, environ 4 Français sur 5 disent souhaiter, idéalement, habiter une maison.

La sortie des confinements, qui avait vu le prix des maisons anciennes accélérer bien plus que celui des appartements, l’a encore illustrée.

« Plus petit »

Reste que la construction de maisons individuelles va se voir de plus en plus menacée par l’objectif « zéro artificialisation nette » des sols, inscrit dans la loi et contraignant depuis 2021.

La France doit en effet diminuer de moitié, tous les dix ans, son rythme de grignotage des espaces naturels par la ville, un phénomène délétère pour l’environnement, le climat et la biodiversité.

Or, entre 2009 et 2021, les deux tiers de cette artificialisation sont venus de la construction de logements, selon les statistiques officielles.

« Ca va effectivement nous impacter« , juge Sylvain Massonneau, rappelant que les maires sont déjà réticents à accorder des permis de construire, craignant que cela ne les rende impopulaires.

« On n’était pas du tout contre s’adapter, peut-être amorcer une décrue des productions en s’orientant en contrepartie vers la rénovation« , explique-t-il. « Simplement, la crise nous met dans des difficultés qui ne permettent plus cette évolution. »

Il y a pourtant, veulent croire les professionnels, une voie pour concilier construction de maisons et sobriété foncière.

« Aujourd’hui, on construit sur des terrains qui sont trop grands, et les clients sont preneurs de plus petit« , affirme Damien Hereng, président de la Fédération des constructeurs de maisons individuelles.

Jardins plus petits, maisons mitoyennes, « découpage » des terrains pour y construire une nouvelle maison… les constructeurs, dit-il, s’essaient à des solutions moins gourmandes en foncier.

« Les Français ne sont pas forcément allergiques à plus de densité, ce qu’ils expriment, c’est qu’ils ne veulent pas habiter les uns au-dessus des autres« , ajoute-t-il.

Par MySweetImmo avec AFP