Immobilier : Et si louer dans les grandes villes était désormais mission impossible ?

Louer un logement dans les grandes villes françaises relève désormais du parcours du combattant. Le point sur les villes les plus touchées par la pénurie de biens à louer et celles où les loyers ont le plus augmenté en un an.

La ville de Rennes

© adobestock

Rennes, la ville qui connaît la plus fort baisse de biens à louer depuis 1 an

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Moins de biens à louer, loyers en hausse… , en cette rentrée, tous les signaux sont au rouge pour le marché locatif. Quelles sont les causes ? Quelles sont les villes les plus touchées ? SeLoger dresse un état des lieux et dévoile le classement des villes les plus impactées par la pénurie de biens à louer et celles où les loyers ont le plus augmenté en un an.

La pénurie de biens à louer gagne du terrain…

Louer un logement dans les grandes villes françaises relève désormais du parcours du combattant. En effet, le stock d’offres de biens à louer a baissé en France de -18% en moyenne depuis janvier 2022 et de -9% rien qu’au cours des douze derniers mois !

Bien que cette tendance concerne l’ensemble de la France, ce sont les grandes villes qui en souffrent le plus, avec un stock en recul de -23,2% en moyenne en seulement un an. Une baisse du nombre de biens à louer plus de deux fois supérieure à la baisse moyenne en France (-9%).

Motif ? La hausse historique des taux d’intérêt qui complique voire décale l’accès à la propriété pour de nombreux locataires.

Contraints de renoncer à l’achat à cause du durcissement des conditions de financement, les ménages ne libèrent pas le bien qu’ils louent, ce qui entraîne mécaniquement une hausse de la tension locative. Et ce, alors que la demande est déjà fortement concentrée dans les métropoles, or c’est dans ces dernières que l’accession à la propriété est le plus contrainte”, analyse Barbara Castillo Rico, Responsable des études économiques chez SeLoger.

… Et provoque une hausse des loyers

Une offre réduite face à une demande soutenue : voilà de quoi alimenter la hausse des loyers. De fait, non seulement les loyers demeurent en hausse, mais en plus cette tendance s’accélère.

Ainsi, les loyers ont augmenté de +3,2% en moyenne en 1 an dans les 10 plus grandes villes de France, contre +1,8% l’année précédente.

Alors que le Gouvernement a prolongé en juillet dernier le plafonnement de la hausse des loyers, pour les baux en cours, à +3,5% jusqu’au 1er trimestre de 2024, une hausse de loyers beaucoup plus forte est constatée sur les biens qui sont proposés à la location. C’est le cas à Nice (+6,1%), Marseille (+4,9%), Strasbourg (+4,6%) qui affichent les hausses de loyer les plus fortes des 11 plus grandes villes de France en un an !

A Nice, Marseille et Strasbourg, les loyers augmentent

Pour ces 3 villes, les stocks de biens à louer sont au plus bas depuis 5 ans. Cette pénurie de biens proposés à la location entraîne par conséquent une hausse importante des loyers.

Nice enregistre une hausse marquée des prix de l’immobilier, tant sur le marché de la vente (+7,9% en un an) que pour les locations (+6,1% en 1 an, contre +2,8% l’année précédente), portée par une clientèle aisée, moins sensible aux hausses de taux. La ville présente un loyer moyen parmi les plus élevés de France à 18,9€/m².

C’est donc une ville qui reste très plébiscitée sur ces deux marchés (achat et location) et qui surperforme par rapport au reste des villes du Top 10 dans les deux cas.

À Marseille et Strasbourg, le marché de la transaction patine, impacté par la hausse des taux, contraignant de nombreux ménages à rester locataires. En conséquence, ces villes observent une accélération significative de l’augmentation de leurs loyers, soit une hausse de +4,9% à Marseille et de +4,6% à Strasbourg en l’espace d’un an, dépassant les hausses enregistrées l’année précédente (respectivement +2,5% et +1,7%).

Source : SeLoger
Par MySweetImmo
Alors que le marché de la vente est complètement bouleversé par les nouvelles conditions de financement, rien ne laisse présager une amélioration de l’état de pénurie et de hausse des loyers pour le marché locatif dans les prochains mois. Une situation qui met en lumière les limites des mesures telles que le plafonnement ou l’encadrement des loyers pour protéger à court terme les locataires. En effet, malgré une hausse de loyers plus modérée que pour le reste de grandes villes, les villes “encadrées” sont tout aussi en situation de pénurie. C'est le cas de Paris, avec la baisse plus dramatique de biens à louer : -38,3% sur la dernière année et -68,2% depuis juillet 2021.
Barbara Castillo Rico, Responsable des études économiques chez SeLoger