Immobilier : Quand les aspirations des salariés se heurtent à la réalité du marché
Concilier logement adapté et emploi n’est pas toujours simple. Un sondage de la SOFIAP fait le point sur les aspirations des salariés qui se heurtent malheureusement souvent à la dure réalité du marché du logement.
Avec les périodes de forte inflation qui ont réduit le pouvoir d’achat des ménages, payer son loyer ou rembourser son crédit immobilier implique de plus en plus de sacrifices. Parallèlement, la hausse des taux d’intérêts depuis 2022 dans un marché du logement qui reste tendu rend l’accession à la propriété de plus en plus compliquée.
Cette situation est particulièrement délicate pour les salariés, d’autant plus que leurs attentes en matière de logement évoluent au cours de leur vie. Qu’ils aient un nouvel enfant ou tout simplement qu’ils doivent télétravailler, nombre de salariés aspirent à un cadre de vie plus spacieux et plus adapté à leurs besoins. Leurs contraintes financières constituent alors souvent un obstacle majeur.
Beaucoup se trouvent confrontés à un dilemme : demeurer dans un logement inadapté ou envisager une mobilité géographique, pour trouver un marché immobilier plus clément… un choix cornélien qui incite de nombreux salariés à quitter leur entreprise et franchir le pas du déménagement comme le révèle un sondage Ipsos réalisé pour SOFIAP (filiale de La Banque Postale).
Accès au logement : la majorité des salariés aspire à devenir propriétaire rapidement
D’après cette enquête, parmi les salariés qui ne sont pas propriétaires de leur logement, une large majorité aspire à le devenir (61%), idéalement rapidement (22% dans les 2 ans). Toutefois, plus d’1 salarié ayant ce projet sur 3 estime qu’il n’y parviendra pas aussi vite qu’il le souhaiterait, voire qu’il n’y parviendra pas du tout (34% au total).
De fait, avec l’inflation et la hausse des taux d’intérêt depuis 2022, la plupart des salariés estiment qu’il est de plus en plus difficile de devenir propriétaire de son logement (86%). L’accès à la propriété semble ainsi être un rêve à jamais inaccessible pour de nombreux salariés.
Plus d’1 salarié sur 2 de moins de 35 ans considère qu’il est très difficile d’accéder à la propriété
Les salariés de moins de 35 ans sont particulièrement affectés par cette réalité : plus d’1 sur 2 pas encore propriétaire considère qu’il est difficile voire très difficile pour lui d’accéder à la propriété en tant que primo-actif ou jeune salarié (62%).
Interrogés sur les 3 principales difficultés qu’ils rencontrent ou ont rencontré pour devenir propriétaires, les jeunes salariés mentionnent surtout les prix élevés de l’immobilier dans leur région (56%), la difficulté à économiser pour l’apport initial (44%) mais aussi les difficultés à obtenir un prêt (43%).
Logement inadapté : la moitié des salariés estime qu’ils devront changer de logement très prochainement
1 salarié sur 2 juge que son logement actuel ne correspondra plus à ses besoins et attentes dans les toutes prochaines années et qu’il va devoir en changer (49%), une proportion qui monte à 2 sur 3 parmi les salariés de moins de 30 ans (66%) et à 3 sur 5 en agglomération parisienne (60%). Les salariés jeunes, locataires et /ou habitant dans l’agglomération parisienne sont ceux qui vivent le plus dans des logements inadaptés à leurs besoins. In fine, plus d’1 salarié sur 3 est dans une situation liée à son logement dont il n’arrive plus à s’accommoder (35%).
Plus généralement, 1 salarié sur 4 estime qu’il n’y a pas assez de place dans son logement (27%). D’ailleurs 18% rapportent ne pas avoir de salon et 19% ne pas avoir de chambre pour tous les membres de leur foyer, des situations dont la plupart arrivent à s’accommoder mais qui sont « très compliquées » pour certains. Parmi l’ensemble des salariés, faute de trouver un logement, 24% ont déjà retardé la décision d’avoir un enfant, 22% ont renoncé à avoir un ou d’autres enfants et 20% ont déjà retardé leur installation en couple. Le logement a ainsi un impact fort et direct sur la vie personnelle et les projets familiaux.
Autre situation problématique : le fait de ne pas avoir de pièce pour télétravailler alors que l’on en aurait besoin, une situation vécue par 31% des salariés. En détail, du fait de leur logement, près d’un quart des salariés disent qu’il leur est arrivé de ne pas pouvoir faire de travail à distance au domicile alors qu’ils auraient eu besoin d’en faire (23%) et presque autant qu’il leur est arrivé de télétravailler à domicile dans de mauvaises conditions (dans un espace bruyant ou inconfortable pour le travail) (21%).
Distance domicile-travail : un tiers des salariés dépense au moins 100€ par mois pour se rendre au travail
3 salariés sur 10 aimeraient déménager pour se rapprocher de leur lieu de travail (30%). 28% estiment que la distance entre leur domicile et leur lieu de travail n’est pas acceptable.
De fait, 1 salarié sur 4 consacre plus d’une heure par jour aux déplacements domicile-travail (25%). Et au-delà du temps de trajet, le fait d’habiter loin de son travail peut engendrer de nombreux frais : un tiers des salariés dépense ainsi au moins 100€ par mois uniquement pour ses déplacements domicile-travail (33%).
Coûts associés au logement : de grands sacrifices exigés de la part de nombreux salariés
Dans un contexte de réelles difficultés financières, la plupart des salariés sont inquiets de l’impact des dépenses liées à leur logement sur leur pouvoir d’achat (75%). Plus inquiétant, la majorité des salariés rapporte que le montant actuel des dépenses liées à son logement ne lui permet pas actuellement de vivre correctement sans se priver (55%). Si beaucoup parviennent à s’en accommoder (40%), pour 15% des salariés, il devient « vraiment compliqué » de faire avec.
Parmi les salariés propriétaires, pour réussir à financer l’achat de leur logement / le remboursement de leur prêt : 1 sur 2 a déjà dû renoncer à certains loisirs (49%), 3 sur 10 ont limité leurs achats de nourriture (30%), 3 sur 10 ont renoncé à financer certaines activités de leur enfant (30%) voire à financer leurs études (17%), 1 sur 4 a déjà retardé ou renoncé à certains soins médicaux ou à des médicaments (25%), 24% ont se sont endettés au-delà du raisonnables / ont eu le sentiment d’être surendetté.
Un lien emploi-logement très fort : 2 salariés sur 5 prêts à changer d’entreprise pour un logement adapté
Pour réaliser leur rêve d’accès à la propriété, de nombreux salariés envisagent de quitter leur entreprise… et beaucoup ont déjà sauté le pas. 2 salariés sur 5 estiment ainsi que s’ils n’arrivent pas à acheter le logement dont ils ont besoin dans les prochaines années, ils songeront sérieusement à quitter leur entreprise (41%).
Au cours de leur vie, plus d’un quart des salariés déclare avoir déjà changé de ville, de département ou de région pour aller travailler parce qu’ils n’arrivaient pas à obtenir un logement adapté à leurs besoins du moment (30%). Pour cette même raison, 27% ont même déjà quitté leur entreprise pour trouver une autre entreprise ailleurs.
Enfin, 26% des salariés déclarent avoir déjà refusé une offre d’emploi faute de pouvoir disposer d’un logement adapté suffisamment proche du lieu de travail proposé (38% parmi les moins de 30 ans). Ces compromis sont particulièrement fréquents chez les jeunes, un phénomène qui illustre un décalage croissant entre les attentes des nouveaux salariés en matière de logement et l’offre à laquelle ils ont accès.
« Cette étude Ipsos pour SOFIAP révèle une forte envie de devenir propriétaire de la part d’une majorité de salariés et un grand nombre de logements inadaptés à leurs besoins, que ce soit par le manque de place, l’absence d’espace pour télétravailler, un lieu de travail éloigné du domicile… L’enquête souligne par ailleurs l’impact du logement sur la vie personnelle mais aussi sur le portefeuille des Français, avec de nombreux sacrifices pour les salariés propriétaires sur les loisirs ou les activités des enfants ou, plus grave, sur les achats de nourriture ou leur santé. A travers les résultats de l’étude, il est beaucoup question d’inquiétude et de situations compliquées, et particulièrement chez les jeunes. Le lien entre emploi et logement enfin est fortement mis en avant avec des salariés prêts à changer d’entreprise ou de lieu de vie pour un logement adapté, ou renonçant à un emploi du fait d’une distance trop importante du domicile. Un enjeu de taille dont doivent de saisir les entreprises et sur lequel elles peuvent agir de manière concrète par différents biais », conclut Laurent Permasse, président du directoire de SOFIAP.