Immobilier à la montagne : Prix records dans les stations phares et pression climatique en basse altitude
Prix records en altitude, stations menacées en basse altitude… Entre attractivité des stations haut perchées et nécessité d’adaptation face aux enjeux environnementaux, l’avenir du secteur se joue à plusieurs niveaux. L’analyse de la FNAIM.

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Des prix en altitude qui augmentent toujours mais moins vite
À quelques jours des vacances d’hiver et alors que des milliers de vacanciers s’apprêtent à prendre la route des stations de ski, la FNAIM révèle les résultats de son étude annuelle sur l’immobilier en montagne. L’analyse des 370 stations françaises, entre prix records, mutations climatiques et enjeux énergétiques, met en lumière un attrait toujours croissant pour les biens en stations de skis, notamment en haute altitude.
Des prix élevés, malgré une inflexion récente
Les stations de ski continuent d’afficher des prix immobiliers bien au-dessus de la moyenne nationale, avec une valeur moyenne de 3 781 €/m² au 1er novembre 2024, contre 2 931 €/m² en France. Les maisons, souvent des chalets, atteignent même 3 359 €/m², soit près de 50 % de plus que dans le reste du territoire.

Après une envolée spectaculaire de +28 % entre juillet 2020 et avril 2023, due à la période post-Covid et à l’attrait des résidences secondaires, une légère correction est observée sur les 18 derniers mois (-3 %).
Un attrait pour les sommets qui fait grimper les prix
Sans surprise, la présence d’une station de ski fait donc nettement grimper les prix. Ainsi, les Alpes du Nord restent les plus prisées avec un prix moyen de 4 957 €/m². À l’autre extrémité, les massifs moins renommés comme le Massif central (1 578 €/m²) ou la Corse (1 495 €/m²) enregistrent les prix les plus bas.
Le cas de la Corse mérite de s’y attarder car, si les prix au m² dans les stations de ski y sont effectivement le plus bas, lorsqu’on regarde l’ensemble des communes de montagne les prix au m2 sont au contraire les plus élevés de l’ensemble des massifs. Un écart qui s’explique par la géographie de l’île de beauté et le fait que de nombreuses communes considérées comme « de montagne » sont en fait proches du littoral, où les prix sont le plus élevés.

Ainsi, les prix des logements des communes stations de ski sont 37% supérieurs aux prix des logements des communes de montagne dans les Alpes du Nord, d’environ +25% dans les massifs des Pyrénées, du Jura et des Vosges et de +6% dans le Massif central. Dans les Alpes du Sud, il y a peu de différence entre les prix dans les communes stations de ski et dans les communes de montagne.
Les stations de haute altitude consolident leur position dominante, attirant les acheteurs à la recherche de garanties d’enneigement. Depuis 10 ans, les prix y ont progressé deux fois plus vite qu’en basse altitude (+40 % contre +20 %).
On observe globalement une relation croissante entre altitude et prix immobilier, quel que soit le massif.

Val d’Isère, Courchevel et Méribel en tête des stations les plus chères
Le trio de tête reste inchangé avec Val d’Isère (13 997 €/m²), Courchevel (12 629 €/m²) et Méribel (10 982 €/m²). Dans les plus grands domaines skiables français comme l’Espace Killy et les Trois Vallées, les prix dépassent les 10 000 €/m² pour des biens d’exception.
Des logements majoritairement énergivores
Majoritairement construites avant la première règlementation thermique de 1974, les stations de ski françaises se distinguent également par un parc immobilier ancien et peu performant sur le plan énergétique. 28 % des logements y sont classés F ou G selon les diagnostics de performance énergétique (contre 13 % au niveau national), et cette proportion grimpe à 33,8 % dans les Alpes.
À l’horizon 2034, près des deux tiers des logements en stations pourraient être interdits à la location longue durée sans travaux de rénovation, posant un défi majeur pour ces territoires.
Le réchauffement climatique redistribue les cartes de l’immobilier à la montagne
Le réchauffement climatique menace l’activité des stations de ski à basse altitude, certaines ayant déjà fermé leurs portes définitivement : la station du Grand Puy (située dans la commune de Seyne, Alpes du Sud), l’Alpe du Grand Serre (La Morte, Alpes du Nord) ou Notre-Dame-du-Pré (Notre-Dame- du-Pré, Alpes du Nord). D’autres stations sont également menacées comme Le Val d’Allos dans les Alpes du Sud, le Val d’Arly (Crest-Voland/Cohennoz ; Flumet/St Nicolas la Chapelle ; La Giettaz en Aravis ; Notre Dame de Bellecombe) dans les Alpes du Nord, Le Grand Revard dans les Alpes du Nord, Guzet dans les Pyrénées ou même Gérardmer dans les Vosges.
D’une manière générale, avec le réchauffement climatique, on devrait assister à une dichotomie
entre les stations de haute et de basse altitude. Celles de basse altitude devraient progressivement
remplacer le ski par d’autres activités (ou fermer), tandis que leurs skieurs se reporteront en partie
sur les stations de haute altitude pour sécuriser leur pratique du ski. Certaines stations en haute
altitude, comme l’Alpe d’Huez, commencent à réfléchir à mettre en place des quotas de nombre
de skieurs, pour éviter une trop forte affluence, notamment les weekends

Un marché dynamique, mais exigeant
Avec 5 465 transactions enregistrées sur les 12 derniers mois dans les 71 stations alpines étudiées, le marché immobilier en montagne reste actif, porté par l’attrait touristique. Toutefois, il devra répondre à des enjeux de durabilité, d’efficacité énergétique et d’adaptation climatique.
« Cette nouvelle étude confirme que l’altitude joue un rôle de plus en plus déterminant dans la dynamique des prix immobiliers en stations de ski, une tendance amplifiée par les défis climatiques. Par ailleurs, les communes de montagne doivent relever un enjeu crucial de rénovation énergétique, encore plus marqué que dans le reste du territoire. Il est impératif de mobiliser tous les acteurs pour accompagner cette transition et préserver l’attractivité de nos territoires de montagne », note Loïc Cantin, président de la FNAIM.