Immobilier : Une future banque de la rénovation pour faciliter les travaux lourds en copropriété
Les contours d’une potentielle « banque de la rénovation » ont été présentés vendredi aux ministres de l’Économie et du Logement. L’objectif ? Associer professionnels de l’immobilier et banques pour un meilleur financement des travaux de rénovation dans les copropriétés.

© X-Valerie Letard
Remise du rapport pour la banque de la rénocation à Éric Lombard, Ministre de l'Economie et Valérie Létard, Ministre chargé du Logement (au centre)
Le gouvernement explore la création d’un outil bancaire spécifique pour lever les freins au financement des gros travaux de rénovation dans les copropriétés. Objectif : mobiliser les banques aux côtés des professionnels de l’immobilier pour combler un manque d’investissement estimé à 12 milliards d’euros par an d’ici 2030.
Un rapport remis par un collectif d’experts
Le rapport sur la création d’une « banque de la rénovation » a été remis aux ministres Éric Lombard (Économie) et Valérie Létard (Logement) par un groupe de personnalités issues de différents horizons : Yannick Borde, président de Procivis, les sénatrices Amel Gacquerre et Marianne Margaté, Danielle Dubrac, présidente de l’UNIS, et Kosta Kastrinidis, directeur des prêts de la Banque des Territoires. Ensemble, ils ont mené une mission approfondie comprenant une cinquantaine d’auditions pour identifier les freins et proposer des solutions concrètes.
Un besoin d’investissement massif
Selon le rapport présenté aux ministres de l’Économie et du Logement, la France devra investir 96 milliards d’euros par an d’ici 2030 pour rénover ses logements, les adapter au changement climatique, entretenir le bâti et répondre au vieillissement de la population. En 2023, seuls 84,6 milliards d’euros ont été dépensés, créant un « trou d’air » de 12 milliards d’euros à combler. Près de 10 millions de logements classés E, F ou G doivent être rénovés d’ici 2034, et 2,3 millions doivent être adaptés au vieillissement.
Des crédits bancaires encore trop peu mobilisés
Actuellement, les travaux dans l’habitat privé sont financés à près de 69% par les ménages eux-mêmes, principalement via leur épargne. Les emprunts bancaires, eux, ne couvrent qu’un quart des besoins. Si l’offre de crédit est jugée suffisante pour la majorité des particuliers, certains profils restent exclus : les personnes âgées ou modestes, ainsi que les copropriétés qui ne disposent pas de produits financiers adaptés. Aujourd’hui, seuls deux établissements (Caisse d’Épargne IDF et Domofinance) proposent des prêts spécifiques aux copropriétés, avec une approche encore individualisée du risque.
Une « banque de la rénovation » en gestation
Pour répondre à ces blocages, le rapport recommande la création d’un outil mutualisé entre banques privées volontaires. Deux pistes sont sur la table : un nouvel établissement bancaire, plus ambitieux mais plus long à mettre en place, ou un service de gestion mutualisé s’appuyant sur les structures existantes. L’outil ciblerait en priorité les copropriétés via une distribution massive du nouveau prêt collectif à adhésion simplifiée (loi du 9 avril 2024), un préfinancement systématique des aides publiques et un dispositif de garantie de performance des travaux. Le modèle permettrait aussi de mutualiser les coûts de développement informatique, la formation et la gestion des risques, en s’appuyant sur les réseaux existants (syndics, AMO, sociétés de tiers-financement, etc.).
Une volonté politique et sectorielle affichée
La ministre du Logement, Valérie Létard, salue l’émergence de ce futur outil, qui pourrait lever les freins au financement collectif. De son côté, Éric Lombard, ministre de l’Économie, appelle les acteurs privés à s’en saisir : « C’est aux banques d’innover et de mutualiser leurs ressources pour répondre à l’urgence de la rénovation », insiste-t-il.
Yannick Borde, président du réseau Procivis, résume ainsi l’esprit de cette initiative : « Face à l’urgence écologique, sociale et économique, d’entretenir le bâti existant, nous avons aujourd’hui l’opportunité collective d’agir. Cette banque de la rénovation est une réponse concrète et pragmatique pour accélérer la transformation du parc privé, en mobilisant les forces du secteur bancaire et des acteurs de terrain. »