Chine : Le plus gros promoteur immobilier annonce des pertes record

Country Garden, le plus important promoteur immobilier de Chine annonce ses premières pertes annuelles depuis 15 ans au moment où le pays traverse une grave crise immobilière qui menace la survie de ses concurrents.

Crise de l'immobilier. Des immeubles en constructions et des grues à Pékin en Chine.

© adobestock

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Le secteur immobilier chinois a connu un boom depuis la libéralisation du marché à la fin des années 90, dans un pays où l’acquisition d’un bien est souvent un prérequis au mariage et un investissement.

Mais pour réduire l’endettement du secteur, les autorités chinoises ont réduit à partir de 2020 les conditions d’accès au crédit pour les promoteurs.

La mauvaise santé financière du poids lourd du secteur, Evergrande, au bord de la faillite, refroidit par ailleurs les acheteurs et contribue à davantage aggraver la crise du secteur.

Nombre de promoteurs luttent depuis pour leur survie, tandis que le ralentissement économique et les incertitudes liées au Covid-19 en Chine ont fait chuter l’an dernier la demande en biens immobiliers.

Dans ce contexte, Country Garden a enregistré quelque 6 milliards de yuans (plus de 800 millions d’euros) de pertes sur l’ensemble de 2022, a-t-il indiqué dans un communiqué à la Bourse de Hong Kong où il est coté.

C’est la première fois depuis son entrée en Bourse en 2007 que le promoteur enregistre des résultats dans le rouge.

Hiver rude

En 2021, Country Garden avait encore réalisé un bénéfice de 26,7 milliards de yuans (3,5 milliards d’euros au taux actuel).

« L’année 2022 n’a pas été une année comme les autres. Le secteur immobilier chinois a fait face à un environnement économique inédit, que l’on peut décrire comme un rude hiver », a déploré le premier promoteur de Chine en termes de ventes.

Country Garden, qui a longtemps été réputé solide financièrement, est rattrapé ces derniers mois par la crise de l’immobilier en Chine.

La firme avait déjà annoncé en août dernier une chute de 96% de ses bénéfices semestriels.

Selon des analystes, Country Garden est plus vulnérable que ses concurrents car il compte comme principaux clients des travailleurs migrants, aux revenus plus modestes.

Signe de cette vulnérabilité, l’actionnaire majoritaire de Country Garden, Yang Huiyan, également femme la plus riche d’Asie, avait vu en juillet sa fortune fondre de moitié à 11,3 milliards de dollars, selon l’agence Bloomberg.

L’immobilier, qui représente avec la construction environ un quart du PIB de la Chine, fait vivre une armée de travailleurs peu qualifiés -un gage important de stabilité sociale.

Contrat du siècle

Pour relancer ce secteur-clé, le pouvoir semble toutefois adopter ces derniers mois une approche plus conciliante.

La Chine a ainsi annoncé en janvier assouplir les conditions de financement pour trente groupes immobiliers réputés sains, dont Country Garden fait partie.

Sur un marché globalement morose, les gros promoteurs tentent de se maintenir à flot.

Evergrande, dont la situation financière précaire inquiète les marchés, a présenté la semaine dernière l’ébauche d’un plan de restructuration de sa dette, qui devra toutefois encore être approuvé par ses créanciers.

Son concurrent Sunac, l’un des plus importants promoteurs de Chine, a fait de même mardi, dix mois après avoir annoncé être en défaut de paiement.

En 2019, à son heure de gloire, le groupe revendiquait plus de 50.000 employés.

Deux ans plus tôt, la firme avait fait l’acquisition d’hôtels et de sites touristiques du conglomérat Wanda, un compatriote alors épinglé par Pékin pour sa frénésie d’achats à l’étranger et son endettement.

Pour cette transaction, présentée à l’époque par la presse comme le « contrat du siècle », Sunac avait dépensé 63 milliards de yuans (8,4 milliards d’euros au taux de change actuel).

Par MySweetImmo avec AFP