Immobilier et emploi : Au Pays basque, des entreprises construisent des logements pour leurs salariés

Au Pays basque, où les difficultés à se loger posent des problèmes de recrutement aux entreprises, plusieurs dirigeants pallient le manque en se lançant dans des projets immobiliers.

Maisons basques typiques à Saint Jean Pied de Port

© adobestock

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La galère des recruteurs ? Le logement des candidats

Ils ont choisi de construire eux-mêmes des logements pour leurs salariés : au Pays basque, où les difficultés à se loger posent des problèmes de recrutement aux entreprises, plusieurs dirigeants pallient le manque en se lançant dans des projets immobiliers.

A Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques), dans une vieille ferme retapée, les cuisines doivent encore être posées avant d’accueillir les nouveaux locataires avant l’été. Entre 15 et 20 personnes selon les besoins pourront loger dans cinq appartements et un grand espace partagé, précise Peio Etxeleku, dirigeant de la fromagerie Agour, à Hélette.

Pour lui, le logement est un « outil d’attractivité des plus déterminants pour recruter« . Sa fromagerie, qui emploie des travailleurs saisonniers pendant huit mois de l’année, fait face « comme tout le monde » à des problèmes de recrutement au regard de la rareté des biens à la location et de prix à l’achat trop élevés.

Depuis fin 2019, le prix du mètre carré a augmenté de 35% sur le territoire basque, selon la Fnaim, et à la location, il a bondi de près de 4 euros à Biarritz entre 2020 et 2022 (de 13,90 euros à 17,90 euros), selon le ministère du Logement.

Le gouvernement a d’ailleurs autorisé la mise en place de l’encadrement des loyers dans 24 communes en fin d’année dernière.

Des réhabilitations avec des loyers inférieurs de 25% à 30% au prix du marché

« Il y a des gens qui ont refusé des postes parce qu’ils ne trouvaient pas à se loger ou qui sont partis parce que c’était trop cher. On a très peu de réponses pour la classe moyenne qui représente 80% de notre effectif « , avance Peio Etxeleku.

La réhabilitation de cette maison de près de 800 m2 sur deux niveaux a demandé un investissement de plus d’un million d’euros et trois ans de travail. Un délai beaucoup plus court que pour les projets portés par des collectivités publiques, selon lui.

« J’ai vu l’inertie inhérente à ces grosses machines et je me suis dit qu’en tant qu’entrepreneur, je pouvais mettre en place une solution beaucoup plus rapidement« , dit encore Peio Etxeleku, par ailleurs élu au sein de la Communauté d’agglomération Pays basque.

Ces appartements seront proposés à des loyers inférieurs de 25 à 30% au prix du marché.

Le dirigeant porte par ailleurs, avec dix autres chefs d’entreprises, deux projets de réhabilitation et de création de 11 logements, à l’intérieur des terres. Un nombre dérisoire au regard des besoins, convient-il, « mais on veut se tester et voir si ça marche bien: le but c’est qu’on soit, 50, 100 ou 200 entreprises à terme à faire ça.« 

Evrard Willemaers, président de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) des Pyrénées-Atlantiques et du sud des Landes, constate lui aussi que « la pénurie de logements peut être un frein à l’attractivité« , dans un territoire où le taux de chômage est à peine de 5,7%.

Une solution par hôtellerie Action Logement

« On doit être collectivement créatifs parce qu’on ne peut pas juste attendre que le candidat se débrouille tout seul, ça ne marche plus« , affirme-t-il.

D’autant que 32% des offres d’emploi proposées au Pays basque sont des contrats en intérim, contre 42% en CDI, majoritairement dans les secteurs de l’industrie et du BTP, selon la Chambre de commerce et d’industrie.

A Anglet, In’li Sud Ouest, filiale d’Action Logement (l’ex-1% Logement, cogéré par patronat et syndicats), porte une autre solution pour les travailleurs temporaires, saisonniers, intérimaires ou en formation.

Un programme de « para-hôtellerie » de 147 logements accueillera ses premiers locataires dès le printemps 2025.

A la fin de l’été, les salariés en mobilité ou les intérimaires prendront la suite des saisonniers. Avec un remplissage attendu d’au moins 200 locataires temporaires par an, le projet vise à satisfaire les besoins des entreprises locales, parmi lesquelles de gros employeurs comme Dassault Aviation.

Mikaël Loyer, directeur général d’In’li Sud Ouest, espère que ce « projet pilote » fera tache d’huile. « On a beaucoup de choses à inventer pour combler les attentes de tout le monde« , en matière de logement.

Par MySweetImmo avec AFP