Législatives : Les patrons de l’immobilier et du logement entre frayeur et espoir de consensus

Les patrons du secteur immobilier et du logement expriment leurs inquiétudes face au programme économique du NFP, tout en espérant un consensus favorable aux entreprises lors des législatives.

Personne en train de glisser son bulletin de vote dans l'urne pour les elections en France

© adobestock

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« Situation à la grecque« , ou « majorités de projets » ? Inquiets de l’intention manifestée par le NFP d’appliquer tout son programme économique s’il est au pouvoir, les patrons espèrent lundi qu’un consensus soucieux des entreprises émergera finalement des législatives.

Les patrons ont « une véritable inquiétude« , a estimé sur Radio Classique lundi le secrétaire général de la Confédération des PME Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, face à un programme du Nouveau front populaire qualifié par le ministre des Finances Bruno Le Maire « d’exorbitant, inefficace et daté« .

Le programme recèle « des propositions dangereuses« , a indiqué à l’AFP le président de l’U2P (entreprises de proximité) Michel Picon. Il présente « des dangers majeurs (…) pour les artisans, commerçants et dirigeants » de très petites entreprises, selon Marc Sanchez, président du Syndicat des indépendants (SDI).

Parmi ces projets, l’augmentation directe du Smic à 1.600 euros est « une ligne rouge« , selon M. Du Mesnil du Buisson.

« C’est +15% de plus et si vous mêlez ça avec les 32 heures (hebdomadaires) pour les métiers pénibles ça veut dire pour certains +25%… Qui peut supporter ça ? En tout cas, pas les PME« , a-t-il assuré.

Même si dans le programme du NFP, « les dépenses sont couvertes par les recettes » liées à une fiscalité alourdie pour les plus riches, « on oublie les effets induits« , a souligné auprès de l’AFP Philippe Ledent, économiste senior chez ING Belgique.

La hausse du SMIC peut entraîner une « perte en compétitivité, et donc en emplois« , et les impôts très élevés « une perte de tissu économique » si de futurs entrepreneurs « hésitent à se lancer en France », selon lui.

Dans un contexte que le Medef, première organisation patronale, a décrit lundi comme marqué par « une croissance molle, des défaillances d’entreprises qui repartent à la hausse, des investissements et des embauches gelés, des finances publiques dégradées« , les marchés, restés calmes lundi, sont aux aguets.

Les inquiétudes des patrons face au programme du NFP

« L’approche des finances publiques et des réformes économiques et budgétaires par le nouveau gouvernement sera déterminante pour le crédit de la France« , a prévenu dès lundi l’agence S&P, qui avait dégradé la note française au mois de mai, à AA-.

La CPME redoute, au pire, la survenue d’un « scénario à la grecque« , Athènes ayant dépendu financièrement de sévères programmes mis en place par ses créanciers dans les années 2010.

Lundi, le Medef a enjoint à Emmanuel Macron de « faire le choix du pays plutôt que celui des intérêts partisans« .

« Nous appelons à un sursaut des républicains et démocrates, pour qu’ils essaient de trouver des majorités de projets« , a demandé M. Picon, jugeant que les partenaires sociaux, patrons et syndicats, en parvenant souvent à surmonter leurs divergences initiales, « montrent la voie depuis des années ».

Appel à une culture du compromis et du consensus

Même appel, pour éviter « l’inertie« , à une « culture du compromis, du consensus« , de la part d’Hugues Vidor, président de l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (UDES).

Tant l’U2P que la CPME, qui y verrait « un beau symbole », ont espéré que la nouvelle Assemblée s’emparerait rapidement du texte sur la simplification administrative, favorable aux entreprises et plutôt consensuel, débattu début juin au Sénat.

Revenant sur le programme du NFP, M. Picon a observé que les gens sont moins sensibles au salaire qu’au « +reste à vivre+ entre le salaire et les charges contraintes », et il a appelé à une action pour réduire le coût du logement.

Le rôle clé du logement et du bâtiment

Le secteur est en tout cas mobilisé: « Le bâtiment, le logement, peuvent jouer un rôle-clé (…) dans la prise en compte de la qualité de vie de nos concitoyens les plus modestes« , a relevé Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), qui a dix propositions à présenter.

Pour Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers, il y a « urgence » à ce que la question soit examinée par le nouveau gouvernement et la nouvelle Assemblée nationale.

Par MySweetImmo avec AFP