Crédit immobilier : La production repart tout doucement, signe de la lente reprise du marché

L’année 2024 pour la production de crédits à l’habitat risque d’être la plus faible depuis 2014. Bonne nouvelle, les professionnels, courtiers en tête, pensent apercevoir la lumière au bout du tunnel et affirment à l’envi que les signaux sont de nouveau « au vert ».

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Le montant total des nouveaux crédits immobiliers accordés en septembre progresse mais reste sous la barre des 10 milliards d’euros, signe de la lente reprise du marché.

A 9,6 milliards, la production de crédits à l’habitat hors renégociations est supérieure de 3,2% à celle du mois d’août, selon les données publiées jeudi par la Banque de France.

Ce montant reste très loin de la moyenne mensuelle des dix dernières années, proche des 14 milliards d’euros.

A ce rythme, l’année 2024 risque d’être la plus faible depuis 2014.

« Les prises de contact des acquéreurs augmentent depuis juillet, mais ces acquéreurs sont circonspects », devant des conditions de marché pas encore stabilisées, expliquait le mois dernier à l’AFP Guillaume Martinaud, président du réseau d’agences immobilières Orpi.

« Donc ils attendent avant d’acheter », avait-il conclu.

L’accès au marché « reste difficile« , constataient mardi les auteurs de l’étude mensuelle de l’Observatoire Crédit Logement/CSA, « tant pour les emprunteurs modestes faiblement dotés en apport personnel que pour les ménages plus aisés ne disposant pas d’un apport suffisant au regard des prix pratiqués et maintenant en augmentation presque partout sur le territoire ».

Taux en léger repli, mais coût du crédit élevé

D’autres professionnels, courtiers en tête, pensent apercevoir la lumière au bout du tunnel et affirment à l’envi que les signaux sont de nouveau « au vert ».

Les données publiées par les grands acteurs bancaires français à l’occasion de la publication de leurs résultats financiers du troisième trimestre ces derniers jours montrent une amélioration sensible.

Chez BPCE, qui rassemble les Banques populaires et les Caisses d’Epargne, la production de crédits immobiliers a augmenté de 17% entre le deuxième et le troisième trimestre 2024.

La progression a été du même ordre au sein des caisses régionales du Crédit Agricole.

Côté clients, « il y a maintenant un appétit un peu plus grand pour contracter de nouveaux crédits immobiliers », a constaté le directeur général délégué du Crédit Agricole SA (Casa) Jérôme Grivet, en marge de la publication des résultats trimestriels du groupe.

L’amélioration des revenus, à la faveur d’augmentations de salaires, ainsi que la baisse des taux grossit peu à peu les rangs des candidats à l’emprunt, selon lui.

Mais les taux d’intérêt moyen des nouveaux prêts semblent aujourd’hui atterrir: il n’ont que très faiblement baissé entre août et septembre, passant de 3,59% à 3,56%.

Ces taux s’entendent hors frais et assurance. Tous frais compris, les taux ont atteint 4,39% pour une durée de vingt ans et plus au troisième trimestre, selon la Banque de France.

Pour 100.000 euros empruntés sur 20 ans, il faudra compter environ 50.000 euros de coût de crédit sur la durée du prêt.

Ce niveau élevé atteint en quelques trimestres seulement a représenté un véritable choc pour le pouvoir d’achat immobilier des ménages. Au premier trimestre 2022, il était deux fois et demi moindre, à 1,80%.

Les primo-accédants font leur retour

La Banque de France a par ailleurs précisé jeudi que la part de ceux qui empruntent pour la première fois (les « primo-accédants ») afin d’acheter une résidence principale était repassée au-dessus de 50%.

L’éviction des primo-accédants est un angle d’attaque usuel des courtiers, qui se sont longtemps battus contre les règles d’octroi de crédits immobiliers édictées par le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF).

Selon ces règles, les banques n’ont pas le droit de signer un crédit immobilier si le montant total des dépenses des emprunteurs liées à l’habitation dépasse 35% de leurs revenus (taux d’effort), ni pour une durée supérieure à 25 ans, sauf si des travaux représentent 10% du montant total de l’opération.

Des bornes qui peuvent être contournées dans 20% des cas, sous conditions mais l’utilisation de cette marge de manœuvre reste stable à 15%, selon la Banque de France.

Le HCSF, qui réunit notamment le gouverneur de la Banque de France et le ministre de l’Economie, n’a par ailleurs pas tenu sa réunion du troisième trimestre, fait rare.

Par MySweetImmo avec AFP