Entreprise : Les défaillances restent à un niveau élevé malgré des signes d’accalmie

17 845 entreprises sont tombées en défaillance entre le 1er janvier et le 31 mars 2025, soit une hausse de 4,4 % par rapport à la même période de 2024. Le nombre de défauts d’agences immobilières recule de 17 % après avoir atteint en 2024. Ce qu’il faut retenir de l’étude trimestrielle Altares.

Défaillance entreprise

© adobestock

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Avec 17 845 procédures collectives recensées entre janvier et mars 2025, les défaillances d’entreprises restent à un niveau historiquement élevé. Si la tendance semble se stabiliser, la sortie de crise s’annonce complexe. Le point avec Thierry Millon, directeur des études Altares.

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Un plateau haut : 17 845 défaillances et 71 000 emplois menacés

Le premier trimestre 2025 s’achève sur un volume de 17 845 défaillances, en hausse de 4,4 % par rapport à l’an dernier. Un chiffre toujours très au-dessus de la moyenne des 15 dernières années (15 300), mais bien en deçà des hausses spectaculaires de +29 % au premier trimestre 2024 ou +53 % en 2023.

« Ce premier trimestre n’a pas encore permis de voir le nombre des défaillances d’entreprises reculer mais l’orage s’éloigne, même si des nuages persistants nous invitent à rester prudents et patients« , commente Thierry Millon, directeur des études Altares.

Depuis six mois, les défaillances se stabilisent autour de 68 000 procédures sur 12 mois glissants, un « pic durable » selon Altares. Ce plateau reste toutefois inquiétant pour l’emploi : 71 000 postes sont aujourd’hui menacés, un niveau jamais atteint depuis la crise financière de 2009.

« Comme attendu, la sinistralité entrepreneuriale est circonscrite depuis six mois autour de 68 000 défauts. Une stabilité portée en ce début d’année par les plus petites structures comptant moins de 3 salariés. Les plus grandes, au-delà de 100 salariés, accusent de leur côté une forte dégradation qui pèse lourdement sur l’emploi« , poursuit Thierry Millon.

Les grandes entreprises en difficulté, les plus petites résistent mieux

Les microentreprises de moins de 3 salariés concentrent 72 % des défaillances, avec une hausse contenue à +3,6 %. Les PME de 10 à 99 salariés affichent une quasi-stabilité (+0,9 %), tandis que les structures de 20 à 100 salariés voient même leurs défaillances reculer de 6 %.

En revanche, les PME-ETI de plus de 100 salariés sont en grande souffrance : 64 entreprises ont défailli ce trimestre, soit +28 % en un an. Une sur cinq opère dans le secteur social ou médical (aide à domicile, activités hospitalières…).

« Bien que le chiffre global reste très élevé, plusieurs activités passent au vert, en particulier dans le B2C. C’est notamment le cas du commerce de détail d’habillement (-15 %) et, dans son sillage, du commerce de gros de textile-habillement (-19 %) et de sa fabrication (-22 %). La restauration peine en revanche à sortir de l’ornière« , observe Thierry Millon.

Commerce, bâtiment, industrie : des signaux d’espoir

Certaines activités consommatrices montrent une amélioration. Le commerce de détail (habillement, bricolage, ameublement) bénéficie d’un léger rebond. Le nombre de défaillances chute de 15 % dans l’habillement, de 19 % dans le commerce de gros textile et de 22 % dans la fabrication.

Affecté par la crise de l’immobilier depuis plusieurs trimestres, le secteur de la construction (+2 %) donne des signes de rebond dans quelques branches en ce début d’année.

C’est le cas du bâtiment. Le second œuvre est encore légèrement en dégradation (+2 %) en dépit d’une amélioration dans les travaux d’installation électrique (-3 %) qui ne compense pas la mauvaise tendance observée notamment en plâtrerie (+17 %).

Le gros œuvre est à l’équilibre grâce à une belle performance dans la construction de maisons individuelles (-14 %) tandis que la maçonnerie générale reste dans le rouge (+5 %).

La promotion immobilière reste dans une dynamique de fragilité (+21 %) mais ce sont davantage des défaillances de supports de programmes que d’acteurs de la promotion immobilière de logements. En illustration de l’accalmie naissante dans l’immobilier, le nombre de défauts d’agences immobilières recule de 17 % après avoir atteint en 2024 son niveau le plus haut depuis l’été 2009.

En revanche, un point de tension est observé dans les travaux publics où les défaillances augmentent de 13 %.

Dans le B2B, le bilan est plus contrasté. L’industrie manufacturière résiste globalement (+5 %), malgré des tensions dans les matériaux de construction (+28 %) et l’énergie-environnement (+70 %). Certaines branches comme l’imprimerie (-10 %) ou la maintenance industrielle (-9 %) se redressent.

Un contexte international incertain, une vigilance de rigueur

La stabilisation du nombre de défaillances pourrait être remise en cause par les incertitudes géopolitiques et les tensions commerciales, notamment outre-Atlantique.

« Dans un contexte politique, économique et géopolitique déjà compliqué, les annonces du président américain troublent davantage les perspectives économiques. S’il est trop tôt pour en mesurer précisément les effets, il demeure que cette guerre commerciale va contraindre les dirigeants à devoir corriger leurs prévisions de revenus, d’investissement, d’emploi et donc de performance financière« , analyse Thierry Millon.

Et de poursuivre : « La supply chain va être challengée et les trésoreries très sollicitées. La gestion du cash avait sonné comme une évidence depuis la Covid et la hausse des taux, il va falloir pourtant redoubler d’efforts sur cette question pour tenir et sécuriser sa croissance.« 

Même si les retards de paiement semblent se stabiliser autour de 14 jours, le risque commercial interentreprises reste élevé.

« Sans encore complètement renoncer à cet espoir de décrue, le contexte international change la donne. Il va falloir trouver de nouveaux partenaires d’affaires fiables pour pallier la perte possible de certains contrats. Cette tectonique des marchés pourrait alors renforcer la concurrence, renchérir les achats et dégrader les marges« , conclut Thierry Millon.

Méthodologie

Les statistiques Altares de défaillances d’entreprises comptabilisent l’ensemble des entités légales disposant d’un numéro SIREN (entreprises individuelles, professions libérales, sociétés, associations) et ayant fait l’objet d’un jugement d’ouverture de procédure prononcé par un Tribunal de Commerce ou Judiciaire (ex TGI – TI)

Par MySweetImmo