Syndics professionnels : « Du défi à l’opportunité de revaloriser les immeubles », François-Xavier Léoni

Selon François-Xavier Léoni, la loi Climat et Résilience de 2021, malgré ses contraintes, est une opportunité pour accélérer la transition énergétique. Et les syndics de copropriété ont un rôle central pour convaincre, guider et transformer les immeubles en valorisant durablement le patrimoine.

François-Xavier Léoni

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François-Xavier Léoni, directeur du pôle Immobilier & Construction chez Bessé

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La loi Climat et Résilience de 2021 est-elle une malédiction ? Beaucoup le pensent, et il faut reconnaître que les arguments abondent : facture colossale des travaux pour les ménages, lourdeur technique, aides et règles qui changent sans cesse, jungle de diagnostics, interdictions et obligations… De quoi décourager les plus motivés. À tel point que l’on en oublie l’essentiel : l’enjeu vital de cette transition !

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La loi Climat et Résilience trop lourde à porter ?

Les opposants ont alors le champ libre : qui ne rêve pas de voir disparaître cette avalanche de contraintes ? Particuliers comme professionnels, y compris ceux qui en vivent, dénoncent un rythme trop rapide, trop brutal, considèrent qu’on est allés trop vite et trop loin. Résultat : on finit par rejeter la réforme en bloc.

Pourtant, chaque été nous rappelle la brutalité du dérèglement climatique : canicules, incendies, inondations, retraits-gonflements des sols ou recul des côtes. Pourtant, l’inflation récente a montré à quel point la hausse des factures d’énergie met en difficulté des millions de Français. Pourtant, nos logements deviennent étouffants ou inconfortables face aux excès climatiques.

Et dans ce contexte, les copropriétés sont encore plus exposées que les maisons individuelles. D’abord parce que les décisions y sont collectives : sans majorité convaincue, rien ne bouge. Ensuite parce que l’impact financier impressionne… alors que ramené à chaque copropriétaire, l’effort est souvent plus supportable que pour un propriétaire seul. Enfin, parce que la complexité technique et les travaux différés alourdissent les devis. Bref, le blocage est réel.

Le syndic professionnel : un acteur clé de la transition énergétique

Dans cet environnement apparemment bouché, un acteur clé peut changer la donne : le syndic. C’est lui qui doit convaincre, lever les doutes, guider la copropriété. Un rapport sur « L’avenir des syndics de copropriété et leur rôle dans la massification de la transition énergétique des immeubles collectifs » remis récemment au Conseil national de l’habitat le confirme : l’avenir du syndic et celui de la rénovation énergétique sont désormais liés. La communauté professionnelle des gestionnaires le réalise-t-elle ? Certainement pas de façon égale et peut-être pas encore tout à fait. Mais c’est une opportunité historique : pour les syndics comme pour tout le parc collectif.

Le métier de syndic prend une nouvelle dimension. Longtemps perçu comme simple gestionnaire chargé du quotidien de l’immeuble, le syndic devient l’architecte de sa valorisation et de sa pérennité. Finie la procrastination des copropriétés qui repoussaient sans cesse les gros travaux ! Désormais, diagnostics et réglementations imposent une modernisation globale. C’est un changement de paradigme, plus noble et ambitieux. Ce défi peut même redonner de l’attractivité à la profession, tant les enjeux deviennent passionnants. Encore faut-il que les honoraires évoluent en conséquence : les compétences exigées et le poids des responsabilités justifient une revalorisation.

Pour les copropriétaires : la transition écologique est une véritable aubaine patrimoniale

Beaucoup d’immeubles vieillissent en silence : mauvaises performances énergétiques, canalisations en plomb, toitures fatiguées, réseaux électriques obsolètes … Autant de pathologies qui pèsent sur la valeur des biens et sur les primes d’assurance qui représentent l’un des postes les plus important des budgets des copropriétés.

À l’inverse, une rénovation ambitieuse renverse la tendance : elle protège la durée de vie des immeubles, redonne de la valeur aux appartements et sécurise les portefeuilles. Les futurs acheteurs, désormais plus attentifs à l’état technique des bâtiments, ne paieront sans doute plus au prix fort des lots de copropriétés vieillissants. Le thème écologique aura déclenché une prise de conscience plus large et décillé les yeux sur l’impérieuse nécessité de soigner notre parc collectif.

En confiant à leur syndic la mission d’endiguer la dévalorisation et d’engager la revalorisation, les copropriétaires se donnent les moyens de préserver – et même d’accroître – leur patrimoine. Au fond, la meilleure raison d’embrasser la transition énergétique est là : protéger et valoriser durablement le bien de chaque ménage copropriétaire.

Par MySweetImmo