Immobilier : L’AMF « vigilante » face au ralentissement du marché assure sa présidente

Marie-Anne Barbat-Layani, présidente de de l’Autorité des marchés financiers (AMF), revient sur le renforcement de la surveillance en réponse au ralentissement du marché immobilier et l’importance de l’éducation financière.

Portrait de Marie-Anne Barbat-Layani presidente de l'AMF

© Joël Saget-AFP

Marie-Anne Barbat-Layani, présidente de de l’Autorité des marchés financiers

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La présidente de l’Autorité des marchés financiers Marie-Anne Barbat-Layani a assuré à « avoir renforcé la vigilance » de cette institution pour protéger les épargnants des conséquences du ralentissement du marché immobilier.

Elle fête jeudi sa première année à la tête du régulateur des marchés, durant laquelle elle a mis l’accent sur l’éducation financière, mais aussi veillé à l’équilibre entre sanctions et accompagnement des acteurs de la place financière de Paris.

Quels risques pour les marchés financiers représente le ralentissement du marché immobilier ?

Marie-Anne Barbat-Layani : Il y a effectivement une augmentation des taux d’intérêt qui se traduit assez naturellement par des coûts de financement (des crédits) beaucoup plus élevés, ce qui pèse sur les prix de l’immobilier.

Nous avons renforcé la vigilance (concernant les fonds d’investissement), notre comité des risques se réunit plus souvent, tous les trimestres désormais.

Nous n’avons pas constaté de situation qui soit une préoccupation, et évidemment pas en termes de stabilité financière.

En juillet, nous avons écrit aux gestionnaires de fonds pour leur demander de revaloriser plus fréquemment, au moins une fois de plus par an, les valeurs en portefeuille.

Notre préoccupation, c’est d’éviter qu’il y ait des fonds qui soient en difficulté et qu’il n’y ait pas, autant que faire se peut, d’inégalité entre les porteurs de parts.

Qu’avez-vous mis en place en matière de pédagogie financière ?

Marie-Anne Barbat-Layani : Nous avons publié récemment sur notre site deux outils très utiles: un glossaire des frais, pour que les épargnants puissent se repérer dans la jungle des frais et faire jouer la concurrence, et un outil « mon zoom épargne » qui permet d’avoir une vision complète de son épargne.

Nous avons engagé un travail aussi avec l’OCDE pour étudier le profil des nouveaux investisseurs avec pour objectif notamment d’avoir des préconisations en matière d’éducation financière, sur comment aller voir et parler à ces nouveaux investisseurs.

Nous constatons un rajeunissement des investisseurs, donc aller sur les réseaux sociaux, c’est totalement incontournable.

Un autre sujet qui nous a énormément occupés, ce sont les « finfluenceurs« , les influenceurs dans le domaine financier. Nous n’avons pas une approche très négative: il peut y avoir des influenceurs qui font de la pédagogie, de l’information utile.

Mais il fallait que cet univers de l’influence tienne compte du fait que le domaine financier est extraordinairement réglementé et pour de très bonnes raisons, car il y a des risques et ce n’est pas un jeu.

Sur la finance durable, est-il temps pour l’AMF de passer à la phase de sanctions ?

Marie-Anne Barbat-Layani : Nous préfèrerions ne pas avoir besoin de sanctionner pour que la réglementation soit appliquée, mais on ne peut pas exclure de passer en phase de sanctions. Pour l’instant, nous n’avons pas identifié de déviance particulière.

Les normes sont assez récentes et pas encore totalement définies. Le but n’est pas de se précipiter sur n’importe quelle société et de la sanctionner parce que les normes sont nouvelles et que personne ne les a comprises.

Cela ne nous empêche pas de faire des contrôles, qui visent essentiellement à identifier des bonnes et des mauvaises pratiques. Quand on publie les résultats (des contrôles effectués), c’est un signal très fort qu’on donne aux marchés français en disant +Voilà ce qui nous paraît bien+.

Cependant, si on constate des choses complètement inacceptables, on ne s’interdit pas de lancer une procédure de sanction. Je ne peux pas dire s’il y a des enquêtes en cours ou pas.

Comment améliorer les moyens d’enquête de l’AMF ?

Marie-Anne Barbat-Layani : Que ce soient les moyens humains, juridiques ou techniques, nous essayons de progresser.

Nous regardons un peu partout pour voir s’il y a des outils juridiques qui pourraient nous être utiles.

Par exemple, un contrôle récent a montré qu’entre 15% et 20% des données transmises par les entités régulées sont de mauvaise qualité, et nous passons beaucoup de temps à relancer, à redemander les informations.

On aimerait avoir une possibilité dite de +transaction simplifiée+, c’est-à-dire de pouvoir mettre une sorte d’amende directement aux entités qui ne rapportent pas leurs données correctement.

Concernant les outils techniques, leur modernisation est très importante et nous avons besoin de pouvoir continuer à investir. Notre objectif est de garder un niveau d’investissement d’au moins 10 millions d’euros par an.

Par MySweetImmo avec AFP