Crise de l’immobilier : Les notaires souffrent de la baisse des ventes, certaines études licencient

Face à la crise de l’immobilier et à l’effondrement des ventes, les notaires font « le dos rond », mais jusqu’à quand ?

Ecusson Notaires de France

© adobestock

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Avec un chiffre d’affaires en baisse d’au moins 20%, les notaires à Lyon, comme ailleurs, ont « fait le dos rond » en 2023, mais craignent de devoir couper dans leurs effectifs si l’immobilier ne repart pas l’an prochain.

Hausse rapide des taux d’intérêt, flambée du foncier et des matières premières ont fait chuter les transactions immobilières et « tout le monde en bave« , résume Julien Sauvigné, l’un des quatre associés de l’étude Archers notaires, située dans le coeur de Lyon.

Au cours de l’année, sept collaborateurs ont quitté son étude pour raisons personnelles. Par souci d’économie, ils n’ont pas été remplacés. « Nous n’avons jamais été en posture de licencier mais avons été attentifs toute l’année« , admet-il, en se disant « assez inquiet » pour 2024. « Nous espérons sincèrement conserver nos équipes.« 

Des baisses de chiffre d’affaires de 20% à 30%

Comme lui, de nombreux notaires ont subi une baisse significative de revenus sur les derniers mois, puisqu’un à deux tiers de leur activité consiste à authentifier les ventes de biens immobiliers.

Les acheteurs leur versent ce qui est communément appelé les « frais de notaire« , en réalité essentiellement des taxes qu’ils collectent pour l’Etat. Mais ils perçoivent aussi des « émoluments« , indexés sur le prix des biens.

Avec la contraction des transactions et la baisse des prix, « les études de Lyon intramuros et de la métropole affichent des baisses du chiffre d’affaires autour de 20%, pouvant aller jusqu’à 30% » sur un an, dépeint Me Frédéric Aumont, associé au cabinet Althémis.

En septembre, cet ancien président de la Chambre des notaires de la Loire, du Rhône et de l’Ain, a créé une cellule spécifique au sein de cette organisation pour venir en aide aux études les plus affectées. Une « bonne vingtaine » y ont fait appel sur les quelque 350 présentes dans les trois départements.

Jusqu’à 60% de baisses de revenus

« C’est une crise, mais à l’heure où on se parle on est revenu sur des niveaux de chiffre d’affaires de 2017-2018, ce qui n’est pas dramatique« , relativise Me Aumont.

« La baisse significative des transactions intervient après une activité 2020-2021 sur-vitaminée« , observe également Me Sauvigné pour qui elle peut être vue comme « un assainissement » après une période d’emballement.

Serrage de ceinture et licenciements chez certains notaires

Les notaires associés ont donc pu puiser dans leurs réserves et ont aussi coupé dans leurs propres rémunérations, avec des baisses pouvant aller jusqu’à 60% de leur revenu selon Me Aumont.

Ils commencent aussi à revoir leurs politiques salariales. Pendant la période post-Covid, « on s’était tous staffés avec des collaborateurs pour faire face à un volume d’activité plus important« , augmentant notamment les salaires pour garder ou embaucher, rappelle-t-il.

L’heure est désormais au serrage de ceinture avec le recours, notamment, au chômage partiel. Selon Me Aumont, même s’ils ne sont pas généralisés « des licenciements ont déjà eu lieu dans un certain nombre d’études« .

« Cette année, on a tous fait le dos rond, mais comme on n’attend pas d’amélioration sur 2024, il faudra malheureusement prendre des décisions ».

« Gel des embauches »

Me Nathalie Lardet-Fleurier de 1629 Notaires appréhende aussi la nouvelle année. « Pour l’instant, on a décidé du gel des embauches mais sans licenciement... », dit-elle, en expliquant que son étude a reculé l’heure des choix difficiles en se diversifiant.

« Faire de tout, du logement, du professionnel, de la famille, en période de crise, permet plus d’adaptabilité« , souligne-t-elle. Depuis le début de l’année, l’étude, fondée au XVIIe siècle et qui tirait 60% de ses revenus de l’immobilier, s’est en partie réorientée vers le droit de la famille.

La cellule, dirigée par Me Aumont, « accompagne la réflexion sur comment passer cette période« , y compris en fusionnant avec des plus grandes études. Pour l’instant aucune n’en est arrivée là, mais certaines l’envisagent.

Les professionnels de l’immobilier soulignent que, désormais, tout dépendra de la reprise ou non du secteur. A Lyon, « les risques sont pour l’instant maîtrisés« , estime ainsi Stéphanie Gagnaire, fondatrice du cabinet L’Immobiliaire qui accompagne financièrement des projets dans la métropole. Pour elle, 2024 sera « une année charnière« .

Par MySweetImmo avec AFP