Rénovation énergétique : Le coup de rabot d’1 milliard d’€ d’économie sur MaPrimeRenov’, une annonce trop rapide ?
Synergiec, partenaire du financement de la rénovation énergétique, espère que Bruno Lemaire affinera sa copie après ses annonces ce week-end sur le coup de rabot du budget MaPrimeRénov’.
Bruno Le Maire a annoncé réduire d’1 milliard d’euros le budget de MaPrimeRénov’ cette année. Il ne sera pas de cinq milliards mais de quatre.
Une décision sur la base d’informations parcellaires ?
« Face à ce type d’annonces, il est important de chercher à comprendre comment cette décision a pu émerger et se retrouver à la une de l’actualité à une heure de grande écoute. Un milliard d’euros en moins sur le budget MaPrimeRénov, c’est entre 50 000 et 100 000 logements non accompagnés en 2024« , indique Sylvain Lefèvre, président de Synergiec.
Dans les chiffres publiés par l’Anah pour l’année 2023, il a été annoncé 569 243 logements rénovés pour un montant d’aide de 2,74 milliards d’euros, contre 669 890 en 2022, soit 100 000 logements de moins.
« Un accident est toujours une somme d’erreurs. Il aurait été préférable pour Bercy d’analyser cette baisse avant d’arbitrer trop promptement ce coup de rabot. Notons l’instabilité de l’année 2023 : entre les effets de l’inflation sur le coût des travaux, le secteur immobilier avec un supplément de morosité. Et surtout de l’attentisme face à deux phénomènes : un espoir de voir le calendrier de la Loi Climat et Résilience se déplacer et un espoir naissant des annonces lors du second semestre, d’aides plus importantes en 2024″, reprend Sylvain Lefèvre.
Au-delà de ce constat faussé sur 2023, il aurait été bon de rappeler que 2024 est une année cruciale : 12 mois avant l’interdiction de location des biens classés G pour les baux nouveaux ou renouvelés. A ce stade, Synergiec comprend l’aberration de l’annonce et la stupéfaction d’une partie, voire la totalité du secteur. Selon le courtier, à l’heure où l’économie ralentit, opérer quelques coupes franches est nécessaire, mais la rénovation n’est pas le bon secteur.
« Il est important de rappeler que le secteur du bâtiment représente 4 millions d’emplois directs et indirects, non délocalisables. Dans notre histoire récente, mettre en place un dispositif incitatif a toujours permis de relancer ou de maintenir l’économie dans nos territoires. La mise en place de MaPrimeRénov’ a notamment participé activement à la reprise économique post-covid, il ne faut pas l’oublier. Nous risquons ainsi un double effet très dévastateur avec le risque de calage dans les territoires de la France périphérique », rappelle Pierre Evrard, Directeur Associé de Synergiec.
Pour rappel : ces subventions génèrent une manne fiscale non négligeable entre la TVA et l’impôts sur les sociétés… dont bénéficient les collectivités locales mais aussi… l’État !
La rénovation énergétique pâtit bien souvent des rétropédalages du Gouvernement
Pour Synergiec, c’est aussi un mauvais signal au moment où une partie du secteur de la construction doit se repositionner du neuf vers la rénovation. Qu’on soit une entreprise, un artisan ou même un industriel, on ne peut investir sans visibilité ou quand l’instabilité remet tout en question. La rénovation énergétique a trop souvent pâti de ces rétropédalages ces 10 dernières années. Et il est important aussi de parler de l’Anah qui travaille d’arrachepied depuis des mois pour avoir la capacité de répondre à l’afflux des demandes.
« Il est important à ce stade d’alerter : nous n’avons plus le temps et les moyens d’expérimenter : nous sommes condamnés à réussir la rénovation des logements dans les quelques années à venir. Soulignons que ce coup de rabot fait partie de ces fausses bonnes idées qui ralentissent tout », poursuit Pierre Evrard.
Bruno Le Maire retrouvera sûrement la raison
Après tout, il faut raison garder. Il ne s’agit que d’une annonce et Synergiec espère pouvoir compter sur Bruno Lemaire pour affiner sa copie. « Sa gestion de la crise covid et la reprise économique plus rapide que nos voisins européens nous font dire qu’il saura trouver les moyens et le courage politique pour revenir sur son annonce », conclut Sylvain Lefèvre.
Source : Synergiec