Tour d’horizon de la crise du logement en Europe

Hausse des taux, hausse des loyers, chute des ventes, manque de constructions… La crise de l’immobilier qui affecte la France n’épargne pas les autres pays européens. Tour d’horizon.

Drapeau europeen avec grue et ville en arriere plan pour illustrer la crise de l'immobilier en Europe

© adobestock

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Envolée des taux d’intérêt qui renchérit le coût du crédit, explosion des prix des matériaux de construction … La crise du logement qui affecte la France n’épargne pas les autres pays européens. Voici quelques exemples :

Allemagne : 49% de la population est locataire

Selon l’institut Eduard Pestel, il manquait 700.000 logements en Allemagne en 2023. Voire plus d’un million, selon d’autres évaluations.

Faisant du sujet une priorité, le gouvernement d’Olaf Scholz, au pouvoir depuis fin 2021, s’est engagé à construire 400.000 nouveaux logements par an, mais l’objectif est loin d’être atteint. La situation est aggravée par la crise du secteur de la construction depuis un an.

Dans un pays où 49% de la population est locataire, les loyers ont fortement augmenté dans les grandes villes: +40% à Berlin, 32% à Leipzig, 21% à Cologne entre 2018 et 2023, selon le portail immobilier Immoscout24.

A l’automne dernier, le gouvernement a annoncé un plan de 18 milliards d’euros pour la construction de logements sociaux, des avantages fiscaux pour les constructeurs, la suspension des normes énergétiques strictes et une enveloppe de 500 millions d’euros pour transformer des bureaux et bâtiments commerciaux en habitations.

Irlande : Les loyers ont doublé depuis le 2010

Entre hausse des prix des terrains et des coûts de construction, et offre de logements sociaux délaissée par les gouvernements successifs, le pays connaît un manque chronique de logements abordables.

Les loyers moyens ont doublé depuis 2010. A Dublin, ils dépassent désormais  2.000 euros par mois, soit le salaire net de nombreux fonctionnaires et les prix de l’immobilier à l’achat représentent jusqu’à dix fois le salaire moyen annuel national.

Une pression supplémentaire sur la demande exercée par l’arrivée croissante de réfugiés a alimenté un discours nourri par l’extrême droite qui a contribué à déclencher en novembre à Dublin les pires émeutes depuis des décennies.

Le nombre de personnes en hébergement d’urgence a tellement augmenté que le gouvernement a annoncé en décembre que faute de places, certains demandeurs d’asile se verraient proposer des tentes.

L’exécutif vise 33.000 nouveaux logements par an d’ici 2030, nombre largement inférieur aux besoins estimés.

Royaume-Uni : 157 000 ménages sans domicile fixe

Inflation et hausse des taux d’intérêt ont aussi aggravé la crise du logement ces derniers mois au Royaume-Uni.

Rien qu’en Angleterre, plus de 157.000 ménages étaient sans domicile fixe, en hausse de près de 9% sur les 12 mois clos en mars 2023. En augmentation de 10% à 104.510, le nombre de ménages vivant en hébergement temporaire a atteint un niveau inégalé depuis le début des statistiques officielles en 1998.

Alors que les besoins en Angleterre sont estimés à 340.000 nouveaux logements par an par la National Housing Federation, le gouvernement peine à concrétiser sa promesse de construire 300.000 logements par an à partir de 2025. Il assure néanmoins qu’il atteindra son objectif d’un million de nouveaux logements sur la législature (2019-2024).

Parmi les mesures annoncées pour l’Angleterre – le logement est une compétence dévolue dans les quatre nations du Royaume-Uni – figurent des aides pour les primo-accédants, une réforme pour mieux protéger les locataires ou encore un contrôle renforcé de l’Etat sur la planification des constructions par les autorités locales.

Portugal : Les étrangers ont fait grimper les prix

Au Portugal, où le nombre de sans-abris a fortement augmenté, la crise du logement s’est aggravée après 2011 lorsque le pays, alors menacé de banqueroute, s’est ouvert aux investissements étrangers, qui ont contribué à une forte hausse des prix immobiliers.

Pour pallier le manque de logements et freiner la spéculation immobilière, le gouvernement a instauré en octobre des mesures visant à inciter les propriétaires à la location traditionnelle, avec une suspension de nouvelles licences de meublés touristiques (type Airbnb) en zones tendues. L’Etat prévoit aussi de construire quelque 32.000 logements neufs.

Le régime des « visas dorés » attribuant des permis de résidence à de riches investisseurs a également été revu.

Pays-Bas : Le prix moyen d’un logement ? 430 000 euros

L’immigration, le coût de la vie et la crise du logement qui touche particulièrement les jeunes Néerlandais ont été des thèmes majeurs des législatives de novembre, remportées par l’extrême droite.

Il est difficile de trouver un logement à un prix abordable, que ce soit pour les étudiants ou les demandeurs d’asile. Le prix moyen d’un logement s’y élève à 430.000 euros, selon un rapport publié en novembre.

« Cette crise s’est développée au cours des deux dernières décennies à cause d’une politique visant à encourager le marché à remplacer le gouvernement dans la fourniture de logements« , estimait en décembre un haut fonctionnaire de l’ONU, citant une récente étude chiffrant le nombre de logements manquants aux Pays-Bas à quelque 390.000.

Suède : Les logements nouvellement construits ne se vendent pas

L’Agence suédoise du logement estime que d’ici 2030, en moyenne 67.300 nouveaux logements par an sont nécessaires.

Environ 70.000 logements ont pourtant déjà été construits dans la capitale depuis 2010, l’équivalent de 20% du parc immobilier à Stockholm.

Mais « les logements nouvellement construits ne se vendent pas« , car ils sont trop chers, explique Oscar Lavelid, chargé des projets de construction pour la ville. Les loyers sont également très élevés et un contrat à loyer modéré est très difficile à obtenir.

Selon lui, cette situation s’explique en grande partie par une absence de politique nationale du logement depuis les années 1990.

Par MySweetImmo avec AFP