Logement étudiant : La pénurie est-elle le résultat d’une politique défavorable ?

Il manquerait 250 000 logements étudiants en France. Une situation qui s’explique, pour Aurélien Toulouse, co-fondateur et PDG de Victor Investissements, par une politique défavorable à l’investissement immobilier.

Aurélien Toulouse

© Victor Investissements

Aurélien Toulouse, co-fondateur et PDG de Victor Investissements

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D’après une estimation de l’Aires (Association interprofessionnelle des résidences étudiantes et services), environ 250 000 logements étudiants manqueraient en France. En effet, avec près de 3 millions d’étudiants, la demande de logements n’a cessé de croître ces dernières années, tandis que l’offre peine à suivre le rythme. L’Union étudiante évalue que la moitié d’entre eux (soit 1,5 million) vivent dans des conditions de logement précaires (insalubrité, solutions temporaires, sans-abri). Selon Aurélien Toulouse, co-fondateur et PDG de Victor Investissements, plusieurs facteurs en sont la cause. Il analyse la situation.

« Sans entrer dans des considérations politiciennes, il est évident que cette situation est la conséquence directe et parfaitement prévisible d’une politique défavorable à l’investissement immobilier. En mettant en place des mesures qui découragent les propriétaires et investisseurs, les autorités ont créé un environnement où l’offre de logements devient insuffisante, notamment dans les grandes villes« , précise-t-il.

Une annonce de location pour trois cents demandes

À Paris, les annonces de location sont pratiquement inexistantes, les locataires préfèrent recommander directement leurs remplaçants parmi amis, famille et connaissances. Dans les grandes villes, une seule annonce de location peut recevoir jusqu’à 300 messages en une minute, les alertes incitent les candidats à réagir immédiatement. Cette situation de pénurie pousse à une tendance inquiétante : le parc immobilier est de moins en moins bien entretenu, avec des biens de qualité décroissante, car la demande est si élevée qu’il semble inutile d’investir dans la rénovation. Les profils les plus précaires sont particulièrement désavantagés, car seuls les dossiers les plus solides sont retenus, même un revenu trois fois supérieur au montant du loyer ne suffit plus. 

« Cette pénurie se répercute inévitablement sur les locataires qui se retrouvent en concurrence pour des biens de plus en plus rares et souvent de moindre qualité. Les premières victimes de cette situation sont les profils les plus vulnérables, à commencer par les étudiants, qui peinent à trouver un logement abordable et décent », poursuit Aurélien Toulouse.

Trop de pression réglementaire et fiscale sur les propriétaires bailleurs

Parmi les causes identifiées, on note une augmentation du nombre d’étudiants dans les grandes villes, une proportion croissante de familles monoparentales, une diminution du nombre de propriétaires bailleurs en raison de la pression réglementaire et fiscale et une tendance à louer les biens « hors marché » via des réseaux de confiance pour éviter les problèmes d’impayés et de squats, qui sont très peu protégés en France.

« La pression réglementaire et fiscale décourage les propriétaires bailleurs d’investir dans la création de nouveaux logements ou la rénovation de ceux existants, ce qui accentue la crise du logement. En cherchant à réguler le marché de manière trop stricte, on a paradoxalement abouti à une situation qui pénalise avant tout ceux que l’on cherchait à protéger », conclut Aurélien Toulouse.

Par MySweetImmo