Logement neuf : Un rebond des réservations se dessine en Île-de-France sous l’effet de la baisse des taux d’intérêts

Une semaine après le sombre état des lieux dressé par la FPI, les promoteurs en Île-de-France laissent présager à l’inverse une reprise sensible de la demande sous l’effet de taux d’intérêts plus favorables. Les réservations ont rebondi de 10 % au troisième trimestre 2024. Explications.

Julien Pemezec

© FPI Île-de-France

Julien Pemezec, directeur général de Woodeum x Pitch Immo et co-président de la FPI Île-de-France

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Enfin une bonne nouvelle liée à la baisse des taux d’intérêts immobilier ? Alors que Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) a dressé, il y a quinze jours, un sombre tableau du logement neuf qui pourrait être pire en 2025, sauf si les pouvoirs publics appliquent des mesures de « médecine d’urgence » dans le projet de loi de finances, les promoteurs franciliens ont envoyé, à l’inverse, le 20 novembre 2024, quelques signes encourageants pour la profession.

À en croire la FPI Île-de-France, les acheteurs de logements neufs commencent à revenir sur le marché après avoir constaté un « enlisement profond » de la crise de la production de logements neufs en Île-de-France pendant plus de neuf mois. En détails, les réservations nettes de logements neufs au troisième trimestre 2024 ont rebondi de 10 % par rapport à la même période de 2023, c’est-à-dire à 3 060 unités. Des chiffres à retenir au moment où la hausse de l’ordre de 3,4 % a été plus limitée au niveau national d’après les données du Centre d’analyses et de prévisions immobilières (CAPEM).

Sur les 9 premiers mois 2024, l’activité commerciale se stabilise avec 11 060 logements neufs réservés au détail, dont environ 8 700 par des accédants à la propriété et 2 300 pour les particuliers investisseurs, soit un volume équivalent à l’année dernière (11 030 logements). Le prix moyen des logements vendus reste élevé, à 5 590 €/m2 contre 6 140 €/mà Paris et 4 790 €/men grande couronne.

Avec une baisse des taux d’intérêt d’emprunt immobilier qui commence à produire ses effets et des banques qui accordent plus de prêts (+42 % sur le dernier trimestre en France d’après l’Observatoire Crédit Logement CSA), les acheteurs reprennent alors confiance dans les espaces de vente. Et même si les prix affichés en catalogue ont un peu baissé, certains promoteurs franciliens redoublent d’efforts pour séduire les candidats à un premier achat à travers des prêts à taux bonifié, sans plafond de revenus, remises ou frais de notaire offerts…

« C’est un excellent moment pour devenir propriétaire ! »

« À l’échelle des neufs mois glissants, nous enregistrons donc une progression de 10 % des réservations. C’est effectivement un rebond d’activité dans la région au moment où les taux d’intérêts baissent, l’inflation ralentit et les guichets des banques prêtent de nouveau en masse, explique Julien Pemezec, directeur général de Woodeum x Pitch Immo et co-président de la FPI Île-de-France.  C’est donc un excellent moment pour devenir propriétaire, et les ménages franciliens considèrent que c’est le moment d’acheter. Ils se destinent, par exemple à des 2-pièces ou 3-pièces respectivement pour 200 000 € et 300 000 €. Autre bonne nouvelle : le prêt à taux zéro s’est ouvert à de nouveaux ménages primo-accédants. L’ensemble de ces conditions n’étaient pas réunies en 2023. »

En outre, « le prêt à taux zéro agit comme un booster, surtout depuis cet été alors que les plafonds de revenus pour pouvoir bénéficier de cette aide ont été revus à la hausse », poursuit le dirigeant.

Les mises en vente dégringolent de  -44 % au troisième trimestre 2024

Toutefois, les bonnes nouvelles en région Île-de-France s’arrêtent là. Les mises en vente de logements neufs ont dégringolé de 44 % au troisième trimestre 2024, soit 1 500 lots commercialisés (contre 2 700 unités au troisième trimestre 2023). « C’est un chiffre inédit depuis la création de l’observatoire en 1993, soit au plus fort de la crise des années 1990 », commente Julien Pemezec. Et enfin, le chiffre qui alourdit la situation : seulement 6 900 logements ont été mis en vente, soit -38 % sur un an, mais aussi -67 % par rapport aux 9 premiers mois de 2019 et  -75 % par rapport au pic de 2017. Enfin, le nombre de mises en chantiers a encore chuté de 23 % sur un an, à 51 400 unitésL’organisation professionnelle reconnaît aussi que les chiffres sont encore « loin » du Schéma directeur de l’Île-de-France (Sdrif) dontl’ambition fixée par la Région est de construire en moyenne 70 000 logements par an entre 2010 et 2030.

Par ailleurs, les ventes en bloc – par immeubles entiers ou lots d’appartements, aux bailleurs sociaux ou aux investisseurs institutionnels – ont baissé de 39 % au troisième trimestre 2024 en région parisienne, soit 7 100 logements, ce qui représente malgré tout -1 500 logements sur un an. Et seuls 21 000 logements ont été réalisés par les investisseurs.  « Le dispositif Pinel vit ses dernières heures et on attend du gouvernement des clarifications sur le statut de bailleur privé », reconnaît Julien Pemezec. 

Le nombre de permis de construire bondit de +12,9 % en octobre à la grande surprise des promoteurs 

Malgré quelques signes encourageants de la région Île-de-France, le rebond ne vient donc toujours pas même si les autorisations de logement augmentent de +12,9 % en octobre 2024 par rapport à octobre 2023, d’après les données publiées, le 27 novembre 2024, par le ministère du Logement et de la rénovation urbaine. Le nombre de logements autorisés se situe ainsi 25 % en dessous de son niveau moyen des 12 mois précédant le premier confinement. Des statistiques qui interrogent les promoteurs, tout comme les entreprises de la construction. 

« Restons tout de même prudents, nous ne savons pas exactement sur quels permis de construire, le ministère du Logement s’appuie, confie Pascal Boulanger, président de la FPI. Ce sont peut-être des anciens permis…  Nous travaillons en trimestre et je n’entends pas un grand enthousiasme de la part des adhérents à déposer des permis de construire. » À son tour, le co-président de la FPI Île-de-France, Julien Pemezec réagit : « Le gouvernement prend conscience de la pénurie de logements. Le constat est donc partagé sur le fait qu’il faut relancer urgemment la production de logements. »

Par Sébastien Chabas