Immobilier Auvergne-Rhône-Alpes : Des habitants sceptiques sur l’amélioration du marché
Chaque année, Procivis livre son baromètre sur le logement pour mieux cerner les grandes dynamiques et les aspirations des Français. En Auvergne-Rhône-Alpes, les habitants sont un peu plus inquiets à propos de la conjoncture économique. Et moins enclins à investir dans un projet immobilier et à déménager.

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Clermont-Ferrand
Après l’analyse de l’étude nationale réalisée par Procivis et Harris Interactive auprès de 11 000 Français, Yannick Borde, président du réseau Procivis et Bérengère Servat, directrice générale du groupe CIS, détaillent et commentent les résultats pour la région Auvergne-Rhône-Alpes.
« Les habitants de la région Auvergne-Rhône-Alpes sont à la fois, un peu moins satisfaits de leur logement (7,7/10) que la moyenne nationale (7,8/10) et un peu moins enclins à déménager : moins d’un tiers (32%) des répondants de la région déclarent souhaiter déménager dans les mois à venir contre 35% au plan national », analyse Yannick Borde, président du réseau Procivis.
Et il ajoute : « De même la vision locale du marché est un peu plus pessimiste qu’au niveau national : seuls 29% des habitants de la région pensent que c’est un bon moment pour acheter (30% au plan national) et 27% considèrent que c’est un bon moment pour vendre contre 29% au plan national. Les habitants de la région Auvergne-Rhône-Alpes restent donc attentistes en espérant une amélioration du marché immobilier et de la conjoncture économique.».
Des inquiétudes face à l’avenir et des difficultés à se loger
Les habitants de la région Auvergne-Rhône-Alpes sont un peu plus inquiets que la moyenne des Français. Localement 63% des habitants pensent que le niveau de vie va se dégrader (62% au plan national). De même, 41% des habitants de la région pensent que leur propre niveau de vie va se dégrader (40% au niveau national).
Ce sentiment explique pourquoi 49% des habitants de la région Auvergne-Rhône-Alpes préfèrent mettre leur épargne de côté (46% au plan national) et sont moins enclins à l’investir dans un projet immobilier : 19% dans la région contre 20% en moyenne nationale. De même, alors que 35% des Français déclarent souhaiter déménager dans les mois à venir, ce n’est le cas que pour seulement 32% des habitants de la région, un chiffre en baisse par rapport à 2023 (34%).
Même le désir de devenir propriétaire de sa résidence principale est inférieur (57%) dans la région par rapport à la moyenne nationale (60%).
“La difficulté actuellement est de trouver un logement qui réponde à ses besoins effectifs”, commente Bérengère Servat, Directrice Générale du Groupe CIS. Entre la baisse de la construction, la baisse de l’offre de logements locatifs (du fait du DPE et de la diminution de la construction neuve notamment ), l’augmentation des coûts des travaux liés à la conjoncture économique et aux nouvelles normes environnementales, les habitants de notre région ont des difficultés à se loger et ajournent souvent leurs projets immobiliers en attendant des jours meilleurs.”
Le paradoxe de la recherche de logement en Auvergne-Rhône-Alpes
Malgré tout, les habitants d’Auvergne-Rhône-Alpes sont aussi enclins à consulter des annonces immobilières (55%). Ils regardent mais agissent un peu moins que la moyenne des Français :
- Simulation de crédit : 31% en Auvergne-Rhône-Alpes contre 32% en France
- Visite de biens immobiliers : 29% contre 30%
- Prise de contact avec un intermédiaire ou un vendeur : 28% contre 32%
- Prise de renseignement auprès d’une banque ou d’un courtier : 28% contre 30%.
Ces chiffres locaux sont tous en régression par rapport à l’étude de 2023
“Ces indicateurs ne reflètent pas toujours le ressenti dans les deux Savoies, où l’attractivité perdure grâce à une qualité de vie exceptionnelle, un cadre naturel agréable et des activités économiques et étudiantes florissantes, boostées par la proximité de la Suisse, qui attire actifs et jeunes. Cependant, le marché immobilier – qu’il s’agisse de l’existant, du neuf ou du locatif – souffre d’une pénurie de logements, accentuée par la localisation géographique de nos territoires où plus de 70 % des DPE classés E, F, G. Cette tension freine le développement local et complique le parcours résidentiel, tandis que la perte d’investisseurs, comme au niveau national, aggrave les pressions sur le parc locatif, privé comme social ”, complète Bérengère Servat.
Des goûts locaux
En Auvergne-Rhône-Alpes, les habitants semblent moins privilégier l’habitat individuel que la moyenne des Français. S’ils pouvaient acheter leur résidence principale, les habitants de la région seraient 66% à rechercher une maison contre 71% en moyenne nationale.
Ainsi, l’appartement est décrit comme le logement idéal par 28% des habitants de la région contre 24% au plan national. La maison individuelle plébiscitée par 76% des Français n’attire que 72% des habitants d’Auvergne-Rhône-Alpes. Pourtant, ces derniers seraient 22% à préférer déménager dans une zone rurale (20% en moyenne nationale).
Le poids du budget logement
Les habitants de la région déclarent un budget logement moyen de 640€ soit une somme supérieure à celle de toutes les régions limitrophes : Nouvelle Aquitaine, 612€, Centre-Val de Loire, 559€, Bourgogne –-Franche Comté, 605€. A l’exception de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur : 715€
Comme la moyenne des Français (79%), 80% des habitants de la région trouvent ce budget « important ». Ce sentiment a beaucoup progressé ces dernières années dans la région : 72% en 2020, malgré une légère diminution cette année : 80% en 2024 par rapport à 81% en 2023.
Malgré l’importance de ce budget, 77% des habitants de la région seraient prêts à accepter une hausse s’ils achetaient un bien économe en énergie.
Les habitants de la région Auvergne-Rhône-Alpes sont assez informés sur les dispositifs d’accession à la propriété :
- Prêt à taux zéro (PTZ) : 86%
- MaPrimeRénov’ : 82%
- Loi Pinel : 78%
- Eco-prêt à taux zéro (éco-PTZ) : 65%
Ils savent même s’ils sont éligibles ou pas :
- Prêt à taux zéro (PTZ) : 19% éligible ; 37% non éligible
- MaPrimeRénov’ : 28% éligible ; 31% non éligible
- Loi Pinel : 19% éligible ; 26% non éligible
- Eco-prêt à taux zéro (éco-PTZ) : 17% éligible ; 36% non éligible
Politique de construction : de préférence ailleurs
Comme la plupart des Français, les habitants de la région sont peu enclins à voir de nouvelles constructions : 40% (42% au niveau national). Seulement 28% (29% en moyenne nationale) pensent qu’il faut construire davantage dans leur commune. Ils sont même 27% à penser qu’il faut arrêter de construire dans leur commune car il y a déjà trop de bâtiments.
“Comme la majorité des Français, l’acceptation de la construction et de la densité, même en zones urbaines, est rejetée. Pourtant, le besoin de logements est criant, avec près de 15 000 demandes de logements locatifs sociaux en Savoie, dont une partie pourrait être comblée par le parc privé si des logements étaient disponibles », conclut Bérengère Servat.
Et elle ajoute : « Pour freiner cette crise, plusieurs mesures s’imposent : instaurer un statut dédié aux bailleurs privés, relancer la construction neuve grâce à une politique volontariste sur les permis de construire, soutenir la rénovation énergétique, adaptée aux spécificités de notre territoire et aux enjeux environnementaux. Ces actions, bien qu’insuffisantes à elles seules, constituent un socle essentiel pour dynamiser l’offre de logements – existants, neufs ou locatifs –, enrayer la hausse des prix et répondre aux besoins d’hébergement des Français.»