« Loger d’abord, accompagner ensuite », Denis Castin (Toit à moi)

Au micro de Baptiste Julien-Blandet dans Mon Podcast Immo, Denis Castin, délégué général de Toit à Moi, appelle les professionnels de l’immobilier à co-construire des solutions concrètes contre le sans-abrisme.

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Comment le secteur immobilier peut-il devenir un levier concret contre le sans-abrisme ? Invité de Mon Podcast Immo, Denis Castin, délégué général de Toit à Moi, appelle à une mobilisation collective. Une prise de parole remarquée, alors que l’association a été mise en lumière lors du salon RENT.

La question du sans-abrisme ne se réglera pas sans logement. Mais pas sans accompagnement non plus. C’est le message martelé par Denis Castin, au micro d’Ariane Artinian dans Mon Podcast Immo, lors d’un échange enregistré à l’occasion du salon RENT. Une tribune rare dans un univers immobilier plus habitué aux sujets de marché qu’aux enjeux sociaux.

D’emblée, le délégué général de Toit à Moi pose le cadre : « La mission de Toit à Moi, c’est d’aider les personnes sans-abri à changer de vie. Et pour ça, il faut commencer par les loger. » Une approche simple en apparence, mais exigeante dans sa mise en œuvre.

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Le logement comme point de départ, pas comme finalité

Depuis plus de quinze ans, Toit à Moi défend une logique claire : le logement d’abord. Mais pas n’importe comment. « Loger une personne très en difficulté sans accompagnement social, ça ne suffit pas », insiste Denis Castin. L’association a donc développé un modèle qu’elle appelle le « logement d’abord tremplin ».

Le principe : proposer un logement stable comme un sas, un point d’appui pour se reconstruire. « On ne loge pas quelqu’un pour cocher une case, mais pour qu’il aille mieux », explique-t-il. Le temps de la reconstruction est long : deux à trois ans en moyenne. Un temps nécessaire pour se soigner, retrouver des repères, recréer du lien social, accéder à l’emploi, puis, à terme, à un logement classique.

Une foncière solidaire pour changer d’échelle

Pour rendre ce modèle possible, Toit à Moi s’est dotée d’un outil central : une foncière solidaire. L’association achète directement des logements, aujourd’hui plus d’une centaine, répartis dans une vingtaine de villes françaises. Ces acquisitions sont financées par l’emprunt, remboursé grâce aux dons réguliers de citoyens.

« On a environ 2 000 particuliers qui donnent en moyenne 20 euros par mois. C’est ce cumul qui permet d’acheter des appartements », détaille Denis Castin. Une mécanique patiente, mais efficace, que l’association souhaite désormais amplifier.

Pourquoi l’immobilier est une partie de la solution

La mise en avant de Toit à Moi lors du salon RENT n’a rien d’anecdotique. Pour Denis Castin, l’avenir du modèle passe par une coopération étroite avec les professionnels de l’immobilier. « On ne pourra changer d’échelle que si on travaille avec vous », résume-t-il.

Pas question toutefois de se limiter à une logique de mécénat classique. L’association plaide pour des projets co-construits. « Un promoteur qui intègre systématiquement un studio dédié à une personne sans-abri accompagnée, c’est un promoteur qui peut aussi y trouver un bénéfice d’image et de sens », avance-t-il. Même raisonnement pour les agences immobilières : la solidarité comme marqueur différenciant, pas comme charge.

Le message est clair : soutenir Toit à Moi ne relève pas seulement du don, mais d’une réflexion globale sur le logement. « Loger des personnes sans-abri, ce sont des logements tout court », rappelle Denis Castin, appelant à intégrer ces publics dans les politiques et projets immobiliers.

Un appel aux professionnels et aux citoyens

Aujourd’hui, plus de 150 entreprises soutiennent Toit à Moi, encore peu issues du secteur immobilier. « Il y a des places à prendre », lance le délégué général, invitant les acteurs intéressés à contacter directement l’association pour imaginer des formes d’engagement adaptées : mécénat, mise à disposition de logements, ventes à prix maîtrisés.

Derrière ces dispositifs, un enjeu plus large : changer le regard sur le sans-abrisme. « Ce ne sont pas des personnes sans-abri, mais des personnes qui, à un moment de leur vie, se retrouvent sans abri », insiste Denis Castin. Une situation réversible, à condition d’y mettre les moyens.

Retrouvez l’épisode intégral de Mon Podcast Immo avec Denis Castin sur MySweetImmo ainsi que sur toutes les plateformes d’écoute.

Par MySweetImmo