Oui à la mobilité étudiante ! Mais à quel prix, Monsieur le Président ?
Thibault Martin, fondateur de Smartrenting, fait le point sur le bail « mobilité » mis en place par le gouvernement.
Emmanuel Macron est le supporter numéro 1 des déplacements des jeunes français à l’étranger dans le cadre de leurs études. Un nouveau bail « mobilité » vient justement d’être mis en place dans l’optique de les aider à accomplir leurs projets. Malheureusement, cette solution ne correspond pas à la réalité du monde estudiantin.
Etudiants français en Europe : pour un accompagnent à la hauteur de leurs ambitions
L’année 2017 a marqué le trentième anniversaire du programme Erasmus. Trente ans de construction d’un programme basé sur la volonté de multiplier les échanges, de maîtriser plusieurs langues, d’internationaliser les études, … En France, près de 40 000 jeunes sont partis en Erasmus en 2014- 2015, faisant ainsi de notre pays le numéro 1 du classement des départs en Europe. Et cette tendance n’est pas prête de s’arrêter. En effet, la semaine dernière, Emmanuel Macron a exprimé, lors d’un discours à l’Université de la Sorbonne, le souhait que les étudiants français parlent au moins deux langues européennes d’ici 2024 et qu’ils aient passés avant leur 25 ans six mois dans un autre pays européen. Avec un président en faveur de l’échange, les étudiants français continueront sans aucun doute à s’internationaliser. Mais comment les accompagner au mieux dans ces beaux projets ?
A l’heure actuelle, une problématique demeure centrale pour les étudiants qui désirent partir étudier à l’étranger : comment gérer leur logement entre tous ces allers-retours ? Payer un loyer à vide en leur absence ? Ou le rendre et galérer à leur retour pour en retrouver un nouveau ?
La mise en place du nouveau bail « mobilité », une solution qui n’en est pas vraiment une…
Une réponse vient d’être apportée par le gouvernement : la mise en place d’un nouveau bail « mobilité ». Ce nouveau bail a en effet pour avantage d’aider les personnes souhaitant avoir un bail à moyen terme pour des périodes définies avec des projets spécifiques et connus à l’avance. Cependant, cette formule est totalement inadaptée pour des étudiants. Ils sont amenés à garder leur logement entre 3 ans et 5 ans quand ils réalisent leurs études en université ou en écoles de commerce et sont ouverts à des opportunités non anticipées tout au long de leurs études. Par ailleurs, le marché est totalement déséquilibré. Il y a plus de demandes que d’offres dans les grandes métropoles étudiantes (Paris, Lyon, Bordeaux). Les étudiants disposant d’un bail « mobilité » pourraient donc partir facilement mais rencontreraient de grandes difficultés à leur retour pour retrouver un nouvel appartement. De plus, aucun propriétaire n’acceptera de mettre en place un tel bail. Il sera sans cesse contraint de devoir remplacer son locataire qui pourra partir à n’importe quel moment.
Ensuite, le second point de vigilance a soulevé ici concerne le budget d’un étudiant : son logement lui coûte plus de la moitié de son budget* (Source* : étude des associations FAGE et UNEF). L’aspect financier est le premier vecteur de non-mobilité, la contrainte du logement le deuxième et ces deux raisons sont étroitement liées. La problématique est que, une fois que l’étudiant aura trouvé son logement, il ne voudra pas le lâcher pour un projet durant entre 1 et 6 mois. Dans plus de 50%* des cas, l’étudiant va payer un logement à vide (Source* : sondage Smartrenting sur la mobilité étudiante en 2017).
Repenser la mobilité étudiante en faisant entrer en exception les 120 jours de location courte durée
Afin de répondre à cette problématique, il serait pertinent de faire entrer en exception des 120 jours de location courte durée (comme cela est déjà le cas pour certaines raisons professionnel ou de problèmes médicaux), la mobilité étudiante sous toutes ses formes, avec comme raisons valables : Erasmus, les stages en France ou à l’étranger, les VIE, les séjours linguistiques et les Working Holiday Visa. Et cette solution est d’autant plus envisageable, que depuis le 1er octobre, un numéro d’enregistrement a été mis en place pour les locations saisonnières afin de contrôler ses fameux 120 jours. Cette obligation de numéro d’enregistrement pourrait permettre de contrôler la mobilité étudiante en toute sécurité. Ainsi, ce type de démarche pourrait ouvrir de nouvelles opportunités : les étudiants qui n’avaient pas envisagé de partir à l’étranger pourraient le faire sans soucis.
Cette solution permettrait de répondre à une double problématique : permettre aux étudiants de réaliser des projets de mobilité sans contrainte financière et de logement avec l’assurance de pouvoir retrouver leur logement étudiant à leur retour du projet sans payer pour un logement inoccupé. Le logement ne doit pas être un frein à la mobilité et la solution proposée est une vraie réponse.