Laurent Demeure : « J’appelle Bercy à sauver la profession immobilière ! »
Laurent Demeure, président & CEO de Coldwell Banker® France & Monaco, dénonce les ordonnances du gouvernement sur le secteur de l’immobilier et évoque la stratégie de son groupe en période de confinement.
Pourquoi l’ordonnance n°2020-306 est dangereuses pour l’immobilier ? Quelles conséquences peut-elle avoir pour les entreprises du secteur ? Comment le groupe Coldwell Banker gère-t-il cette période de confinement ? Laurent Demeure, Président & CEO de Coldwell Banker France & Monaco répond aux questions d’Ariane Artinian.
Que dit l’ordonnance n°2020-306 ?
Cette ordonnance vise à proroger tous les délais échus pendant la période d’urgence sanitaire qui va durer jusqu’au 24 mai, tous secteurs d’activité confondus. Or, dans l’immobilier, cette ordonnance nous touche à deux niveaux très importants. La purge du délais droit de préemption urbain et la purge du délai de loi SRU.
Prolongation des délais de rétractation
« Prenons le délai de loi SRU : quand on achète un appartement, on signe une promesse de vente ouvrant un délais de réflexion de 10 jours. Ce délai va être prorogé à compter du 12 mars. Cela veut dire que tous les délais qui n’étaient pas terminé le 12 mars sont prolongés d’un mois après la fin de l’état d’urgence sanitaire. Au final, un dossier de vente signé avant le 12 mars a désormais un délais de rétractation jusqu’au 3 juillet, au mieux ! Certes, cette mesure est là pour protéger le consommateur, mais l’impact de ces mesures sur la trésorerie des métiers de la transaction immobilière va être colossal. Toutes les chaines d’acquisition vont être perturbées. Par ailleurs, le gouvernement demande aux entreprises de maintenir une activité économique durant cette période. Or, si nous créons une incertitude juridique (jusqu’au 3 juillet au mieux), comment maintenir une activité ? Ces mesures vont probablement entraîner une série de dépôts de bilan dans ce secteur. »
Prolongation des délais SRU
« Vous avez signé une promesse de vente, vous avez donc un premier délais de rétractation de 10 jours suivi par un délai de préemption. Il s’agit d’une période légale de deux mois laissée à la Mairie afin qu’elle puisse dire si elle souhaite acheter le bien pour en faire du logement social. Souvent, les Mairies n’ont pas les moyens d’avoir du personnel pour répondre à toutes les demandes, donc elles laissent passer ce délai. Or, avec cette ordonnance, tous les dossiers pour lesquels nous n’avions pas reçu de réponse de Mairie avant le 12 mars vont être prolongés. Si l’on revient en arrière, cela veut dire que cela concerne tous les dossiers que l’on a adressé aux Mairies après le 12 janvier. En clair, nous n’allons plus avoir d’acte de vente avant début aout (au plus tôt). »
Décalage des signatures
« D’abord, cette situation va décaler tous les projets des particuliers : toutes les signatures ne pourraient se faire qu’au mois d’aout, dans l’hypothèse où les notaires travailleraient tous d’arrache-pied au mois d’aout. Par ailleurs, pour l’écosystème immobilier, cela implique des efforts financiers impossibles à tenir. Il est donc important que le Ministère de l’Economie gère le caractère spécifiques des métiers de l’immobilier. Bercy doit corriger ces ordonnances qui impactent énormément le secteur de l’immobilier. »
Le confinement et cellule d’écoute chez Coldwell Banker
« Bien sûr, nous maintenons l’activité au maximum. Avec nos équipes, nous avons des semaines très chargées depuis le début du confinement avec des réunions matin et soir. Nous avons un planning de travail très fort. Réunions, formations, préparations de campagnes marketing… Il est important de maintenir le réseau dans une dynamique et de préparer la sortie du confinement. »
« Chez Coldwell Banker, Nous avons décidé de mettre en place une cellule d’écoute de crise : le confinement est une situation très particulière qui peut être mal vécue. Cette cellule d’écoute avec des psychologues sera disponible pour l’ensemble des membres du réseau 7j/7 et 24h/24. »
Que faire ?
« Il est important de continuer à regarder et analyser le marché. Il ne faut pas espérer de véritable solde à l’issue du confinement, et pour cause, aujourd’hui nous sommes dans un marché inexistant. Quand il n’y a pas de marché, il n’y a pas de transaction donc pas de prix. Quand le marché va repartir, il y aura peut-être quelques ajustements au début, mais rapidement il reprendra sa vraie dynamique. Il y aura sans doute des gens qui, à l’issue du confinement, auront envie de changer d’appartement. Nous espérons donc une forte demande à ce moment là. »
Pour retrouver les détails de l’ordonnance, rendez-vous ici sur legifrance