Immobilier : Pas si simple d’acheter le local commercial qu’on loue

Le locataire d’un local commercial en vente est prioritaire pour l’acheter mais il existe des exceptions, en l’occurrence quand c’est le seul local commercial du lot vendu, a décidé la Cour de cassation dans deux arrêts distincts.

Commerces

© adobestock

 0

Le locataire d’un local à usage commercial bénéficie d’un droit de préférence ou de préemption lorsque le propriétaire vend son bien, selon l’article L. 145-46-1 du code du commerce. C’est-à-dire qu’il est prioritaire pour acheter les lieux.

Newsletter MySweetimmo

Droit de préemption : quelles règles ?

Il existe plusieurs exceptions, notamment quand le propriétaire vend le local à son conjoint, à un ascendant ou à un descendant, en cas de vente unique de plusieurs locaux commerciaux voisins – qu’ils soient loués à une seule société ou à des commerces différents -, ou de vente globale « d’un immeuble comprenant des locaux commerciaux ».

C’est sur ce dernier point que deux commerçants ont attaqué en justice les propriétaires des locaux qu’ils louaient. Tous deux estimaient que, puisque leur commerce était le seul local commercial parmi les lots vendus, cette exception ne s’appliquait pas.

La Cour de cassation leur a adressé la même réponse : peu importe le singulier ou le pluriel, l’esprit du texte reste le même.

Les limites du droit de préemption

Dans le premier cas (pourvoi n° K 23-17.604), c’est une société gérant une discothèque qui a saisi la justice. Elle estimait avoir été privée de son droit de préférence car, selon elle, « la cession globale d’un ensemble immobilier comprenant un unique local à usage commercial » n’est pas mentionnée dans le code de commerce.

Mais la Cour de cassation a décidé de passer outre l’usage du singulier ou du pluriel. « Le locataire à bail commercial ne bénéficie pas d’un droit de préférence lorsque le local (…) ne constitue qu’une partie de l’immeuble vendu, même si celui-ci ne comprend qu’un seul local commercial », explique-t-elle.

Dans le deuxième cas (pourvoi n° V 23-19.292), la locataire d’un local commercial à Paris reprochait au propriétaire de ne pas l’avoir fait bénéficier du droit de préemption. Elle a fait valoir que « la cession ne constituait ni une cession unique de plusieurs locaux d’un ensemble commercial, ni une cession unique de locaux commerciaux distincts, mais une cession unique d’un seul local », puisque les autres lots étaient une cave, des box et des bureaux – donc pas des locaux commerciaux.

L’interprétation du texte

Là encore, la Cour de cassation a interprété plus largement le code du commerce et décidé que l’exception « s’applique en cas de cession d’un immeuble comprenant un seul local commercial ».

(Cour de cassation, troisième chambre civile, 19 juin 2025, n° K 23-17.604 et V 23-19.292)

Par MySweetImmo avec AFP