Immobilier neuf : « NON, tout ne va pas mieux ! », Marc Gedoux
Marc Gedoux, président du Pôle Habitat FFB Grand Paris, rappelle que la tempête dans l’immobilier neuf est loin d’être passée. Oui, quelques chiffres s’améliorent mais ce n’est pas le moment de baisser la garde.

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Marc Gedoux, président du Pôle Habitat FFB Grand Paris
À la lecture de certaines prises de parole récentes, il nous semble nécessaire de rétablir une réalité bien différente de celle affichée par les grands groupes immobiliers cotés en Bourse.
Nous ne partageons pas ce constat d’embellie. Loin de là. La crise est toujours là. Profonde. Violente. Durable.
Malgré les efforts très notables de notre Ministre, Madame Valérie Létard – que nous saluons – il est évident que les effets de ces décisions ne se feront sentir que dans plusieurs mois. D’ici là, 2025, et très probablement au moins tout le premier semestre 2026, vont être terribles, particulièrement dans le secteur du logement collectif.
Oui, quelques chiffres s’améliorent. Mais ils arrivent après la tempête.
Un rebond des maisons individuelles sur un champ de ruines
Du côté des constructeurs de maisons individuelles (MI), la réintroduction depuis le 1er avril du PTZ sur tout le territoire a permis une remontée des ventes. Mais ne nous y trompons pas : c’est un rebond sur un champ de ruines. Rappelons que ces mêmes ventes avaient chuté de 70 % après la suppression du PTZ sur ce secteur. On n’est pas encore au retour à la normale.
Le logement collectif en chute libre
Et sur le terrain du logement collectif, les voyants restent au rouge vif :
- Des promoteurs en grande difficulté. Des dizaines d’opérations en péril. Les GFA des organismes de caution et des banques vont être appelées.
- -19 % de mises en chantier de logements neufs (1) à venir : le tissu économique – entreprises du bâtiment, agences d’architecture, bureaux d’études – en subira les conséquences dès cette année.
- Pas de soutien institutionnel en 2025 : contrairement à 2024, parce qu’ils ne peuvent plus le faire, les grands bailleurs comme Action Logement ou CDC Habitat ne seront pas au rendez-vous pour acheter massivement du logement locatif. Grâce à leur soutien, beaucoup de programmes immobiliers ont pu démarrer et les mises en chantiers se sont maintenues sur les deux dernières années.
- Chute continue des permis de construire : à moins d’un an des élections municipales, les maires ralentissent encore les PC. Résultat : -22 % (1) de PC délivrés. Ce qui nous mène tout droit vers une pénurie massive de logements à l’horizon 2027-2028.
- Baisse de l’offre : 9200 logements mis en vente en Île-de-France en 2024 soit -64% (2) par rapport à la moyenne décennale et le niveau le plus bas depuis 1993. 42 800 logements commencés. Sur cette région les besoins en nouveaux logements ont été inscrits dans le nouveau Schéma directeur à 70 000 logements par an. C’est un déficit de 27 200 logements qui vient s’ajouter à des décennies de pénurie.
Une équation explosive : baisse de l’offre, hausse de la demande
On continue à freiner des projets prêts à sortir, à alourdir les exigences techniques, à complexifier les démarches. Et pendant ce temps, la demande de logements explose. Le résultat est connu : la crise du logement va encore s’aggraver.
Alors non, on n’est pas » Vers un retour de l’embellie ». Pas encore.
Ce n’est pas le moment de baisser la garde. Ce n’est pas le moment de se satisfaire d’un frémissement. Ce n’est pas le moment de rassurer les marchés au détriment de la vérité.
Ce qu’il faut maintenant, c’est agir. Vite. Et ensemble.
- Libérer les projets prêts à sortir de terre.
- Réunir les acteurs locaux dès qu’un blocage est identifié.
- Simplifier les règles.
- Convaincre les élus.
- Sortir du confort des postures.
La vérité, c’est que 2025 va être rude. Et que ça ira encore plus mal si l’on reste immobile.