Immobilier et Parcoursup : Tous les étudiants ont-ils les mêmes chances ?
Selon une étude Gens de Confiance, si Parcoursup promet l’égalité des chances à tous les étudiants, la réalité est bien différente car le coût des études et du logement devient un révélateur social puissant. Alors, étudier est-il réservé aux riches ? Les détails.

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Derrière la promesse d’égalité d’un outil comme Parcoursup, une autre réalité se dessine : celle d’une sélection silencieuse, bien en amont des bulletins scolaires.
Une enquête menée en avril 2025 par Gens de Confiance, auprès de 997 parents d’enfants de 17 à 25 ans, tous membres de sa communauté (plus de 2 millions d’utilisateurs), met en lumière une inquiétude budgétaire partagée jusque dans les foyers les plus aisés.
Le constat : si les familles CSP+ s’interrogent déjà sur leur capacité à accompagner leurs enfants dans l’enseignement supérieur, que dire des foyers modestes ? Le coût croissant des études devient un révélateur social puissant. Et un facteur d’abandon trop souvent passé sous silence. Point de vue de Bertille Marchal, directrice marketing de Gens de Confiance.
Frais de scolarité et logement : la bombe à retardement de l’égalité des chances
À la question du coût mensuel des études (incluant scolarité, vie quotidienne et logement), les parents estiment en moyenne devoir consacrer près de 900 € par mois, soit plus de 10 000 € par an. Un effort déjà significatif pour des familles disposant a priori des moyens de suivre, et qui interroge d’autant plus sur la situation des foyers dépourvus de filet de sécurité économique.
Parmi les freins identifiés, le logement arrive en tête des préoccupations indirectes. En effet, 53 % des parents déclarent que la recherche d’un logement constitue un obstacle dans le choix d’orientation de leur enfant. Ce n’est pas tant le prix, que la disponibilité des biens adaptés, la localisation, et la précarité du marché qui pèsent dans la balance.
Dans les grandes villes étudiantes, les grandes métropoles, la raréfaction des studios ou T1 renforce la compétition, accentuant l’effet d’exclusion de ceux qui n’ont ni réseau, ni garanties solides.
« Même pour des parents organisés, la logistique du logement étudiant est devenue une épreuve : il faut parfois revoir ses ambitions géographiques ou le choix de sa filière, uniquement à cause de ce facteur. Le logement devient un critère de sélection à part entière bien avant les notes », alerte Bertille Marchal.
Des aides financières peu mobilisées
Selon une certaine logique, les aides publiques sont peu accessibles à cette population : seuls 17 % des parents interrogés déclarent bénéficier d’un soutien financier ou d’un dispositif d’aide au logement (bourse, APL, prêt étudiant, etc.).
Pour les autres, le financement des études repose quasi exclusivement sur les revenus du foyer ou l’épargne réalisée en amont. Ce biais de répartition alimente une dynamique de décrochage invisible : certains étudiants n’iront pas là où ils le souhaitent, non par manque de motivation ou de compétences, mais par simple réalité économique.
« L’égalité des chances reste un idéal abstrait si on ne prend pas en compte les conditions matérielles réelles pour y parvenir. L’accès à l’enseignement supérieur repose encore trop souvent sur la situation de départ, le capital familial, et la capacité à amortir les coûts invisibles », souligne Bertille Marchal.
Parcoursup, un miroir aux alouettes pour les plus modestes ?
L’étude Gens de Confiance révèle que 24 % des parents envisagent que leur enfant devra travailler en parallèle de ses études. Ce chiffre, mesuré dans une population socialement favorisée, laisse présager une contrainte encore plus marquée pour les jeunes issus de foyers modestes, chez qui le job étudiant devient souvent la condition d’accès à la formation.
Ce constat alimente une forme de résignation : si, déjà chez les plus aisés, la charge mentale et financière est palpable, que reste-t-il pour ceux qui n’ont ni réseau ni capital à activer ?
“ On voit clairement dans ce sondage que logement étudiant constitue un enjeu important qui appelle une attention particulière des institutions. Les pistes envisagées sont nombreuses : le développement de logements publics et intermédiaires, une éventuelle revalorisation et un meilleur ciblage des bourses, une régulation des loyers pour les petites surfaces dans les villes universitaires, ainsi qu’un accompagnement spécifique pour les familles en situation de précarité », indique Bertille Marchal.
Elle complète et conclut, « trop de jeunes renoncent encore à leurs ambitions non pas faute de talent, mais faute de moyens. L’égalité des chances ne doit pas s’arrêter à l’entrée dans l’enseignement supérieur. Elle doit se poursuivre jusque dans la possibilité de s’y loger, d’y étudier sereinement, et de réussir sans avoir à renoncer. »