Immobilier : Acheter une maison inachevée, bonne ou mauvaise idée ?

Face à la flambée des prix de l’immobilier, une nouvelle formule séduit de plus en plus de ménages : ces maisons vendues inachevées que les acquéreurs terminent eux-mêmes en souscrivant un “prêt à finir”. Mais attention aux désillusions !

maisons vendues inachevees : bonne ou mauvaise idee

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Jamais devenir propriétaire n’a semblé aussi compliqué. Entre la flambée du coût du neuf, la hausse des taux d’intérêt et la rareté des biens, de plus en plus de Français se tournent vers une formule encore confidentielle : acheter une maison inachevée. Et obtenir un « prêt à finir » une solution de crédit qui complète un prêt immobilier principal.

L’idée peut sembler séduisante : acheter une maison inachevée, souvent hors d’eau / hors d’air, à prix réduit, puis financer et piloter soi-même la suite des travaux. Mais derrière la promesse d’une économie rapide, les risques techniques, financiers et juridiques sont nombreux.

“Un prêt à finir, ce n’est pas un logement bon marché. C’est un chantier suspendu. Et si vous n’êtes pas prêts à devenir chef d’orchestre, vous risquez de payer très cher une économie illusoire », précise Sylvain Gruelles, maître d’œuvre et expert en rénovation.

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Derrière la promesse, la réalité des chiffres

Achever une maison “à finir” représente en moyenne 30 % du coût total du projet. Pour 100 m², cela équivaut à 40 000 à 60 000 € de travaux supplémentaires, sans compter les raccordements aux réseaux (jusqu’à 10 000 € selon le terrain).

“Des familles achètent en pensant qu’il leur reste 15 000 € à investir. Six mois plus tard, elles découvrent qu’il manque encore 30 000 €. Résultat : stress, dettes, conflits avec les artisans”, poursuit Sylvain Gruelles.

Trois zones rouges que l’on ne vous dit pas

  • Qualité du bâti existant : défauts d’isolation, dalles non conformes, ponts thermiques… les économies s’envolent.
  • Sécurité juridique : la partie non terminée n’est pas couverte par les garanties constructeur. L’acquéreur devient responsable des malfaçons.
  • Coordination des travaux : sans pilotage, c’est l’anarchie. Retards, reprises d’ouvrages, surcoûts en cascade.

    Le rôle clé du maître d’œuvre

    Pour Sylvain Gruelles, la différence entre réussite et échec tient à l’accompagnement. “Un maître d’œuvre, c’est l’assurance d’avoir quelqu’un qui défend vos intérêts, chiffre précisément ce qu’il reste à faire et coordonne les artisans. C’est la seule façon d’éviter que le rêve d’une maison devienne un cauchemar de chantier”, précise-t-il.

    Son intervention débute avant l’achat : audit technique du bâti, évaluation du niveau de finition, chiffrage des postes et marge de sécurité pour imprévus. Ensuite, il orchestre le chantier : sélection des entreprises, contrôle qualité, conformité thermique et électrique, sécurité juridique.

    Une alternative crédible… mais pas pour tous

    Le prêt à finir peut offrir 20 à 30 % d’économie par rapport à une maison clé en main, tout en permettant de choisir ses finitions. Mais il ne convient qu’à des acquéreurs solvables, organisés et prêts à s’impliquer.

    “Le prêt à finir n’est pas une solution miracle. Vouloir le présenter comme une réponse facile à la crise du logement, c’est trompeur. Sans encadrement, c’est une bombe à retardement”, ajoute Sylvain Gruelles.

    Vers une nécessaire régulation

    Alors que le marché immobilier cherche des solutions, le “prêt à finir” pourrait devenir une tendance majeure. Mais pour éviter les dérives, Sylvain Gruelles appelle à un encadrement renforcé et à une meilleure information des acquéreurs.

    “Il ne faut pas diaboliser le prêt à finir, mais en dire la vérité. Ce n’est pas un raccourci, c’est un parcours. Et ce parcours doit être sécurisé de bout en bout », conclut Sylvain Gruelles.

    Par MySweetImmo