Économie : Moody’s donne un sursis à la France et à l’immobilier
Moody’s donne un sursis à la France en maintenant sa note Aa3, mais alerte sur les risques budgétaires et l’impact possible sur les taux.
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© LIONEL BONAVENTURE / AFP
Moody’s donne un sursis à la France en maintenant sa note souveraine Aa3, mais avec une perspective désormais « négative ». Une décision qui pourrait influencer la trajectoire des taux immobiliers et la confiance des investisseurs.
L’essentiel
- La France conserve sa note Aa3 mais perd sa perspective « stable ».
- L’agence évoque des risques institutionnels et politiques croissants.
- L’impact sur les taux immobiliers pourrait rester limité à court terme.
Moody’s donne un sursis à la France
L’agence de notation Moody’s donne un sursis à la France en maintenant sa note souveraine à Aa3, tout en abaissant sa perspective de « stable » à « négative ». Une décision prise vendredi, au moment où l’Assemblée nationale entame l’examen du budget 2026.
Moody’s explique que cette modification « reflète les risques croissants d’un affaiblissement des institutions et de la gouvernance en France », ainsi qu’un « recul partiel des réformes structurelles ». L’agence pointe également « le risque d’une fragmentation durable du paysage politique », qui pourrait « nuire au fonctionnement des institutions », dans un contexte où les gouvernements « peinent à obtenir une majorité parlementaire ».
Un avertissement budgétaire pour le gouvernement
Le ministre de l’Économie et des Finances, Roland Lescure, a « pris acte » de cette décision. Selon lui, elle « témoigne de l’absolue nécessité de construire un chemin collectif vers un compromis budgétaire ». Le gouvernement réaffirme son objectif de déficit à 5,4 % du PIB en 2025 et promet une trajectoire de retour sous les 3 % en 2029, « tout en préservant la croissance ».
La discussion du Projet de loi de finances (PLF) 2026 a débuté vendredi. Le Parti socialiste, déjà à l’origine de la suspension de la réforme des retraites, menace à nouveau de censure s’il n’obtient pas de mesures fiscales renforcées pour les plus aisés.
Une économie sous tension mais encore solide
Malgré cette perspective négative, plusieurs économistes jugent la réaction des marchés mesurée. Pour Paul Chollet, chef économiste du Crédit Mutuel Arkéa, « les marchés traitent actuellement la dette française au niveau d’une note A ou A-, deux ou trois crans en dessous du Aa3 de Moody’s ».
Même constat pour Samy Chaar, chef économiste de Lombard Odier : « L’économie française résiste pour l’heure à l’instabilité politique : l’activité des entreprises et le marché de l’emploi maintiennent leur dynamique. Nous ne voyons aucun signe de crise économique en France. »
Selon lui, « la soutenabilité de la dette française ne semble pas en danger » et « l’instabilité politique ne devrait pas se transformer en crise financière ».
Quel impact sur les taux immobiliers et la crédibilité financière de la France ?
Pour l’instant, la décision de Moody’s évite à la France un nouveau choc financier. En maintenant sa note à Aa3, l’agence limite le risque d’une flambée des taux de crédit immobilier, étroitement liés au coût de la dette souveraine. Une dégradation aurait mécaniquement renchéri le financement de l’État, et par ricochet, celui des emprunteurs.
Si ce sursis offre un peu d’air aux ménages comme aux investisseurs, l’avertissement reste clair : la stabilité politique et budgétaire conditionne désormais la confiance des marchés — et donc la trajectoire des taux immobiliers. Les grands investisseurs, très exposés à la dette française, scrutent de près la capacité du pays à réduire son déficit.
Avant Moody’s, Fitch avait déjà abaissé la note de la France à A+ le 12 septembre, suivie de S&P Global la semaine dernière. Deux signaux qui rappellent que Paris reste dans le viseur des agences, avec un déficit public toujours le plus élevé de la zone euro.
