La France, dans la moyenne du pouvoir d’achat immobilier en Europe

Le Crédit Foncier a publié en décembre 2016 sa cinquième étude annuelle sur le pouvoir d’achat immobilier des européens. Nicolas Pécourt, le directeur de la communication de l’organisation, livre les résultats étonnants qui s’en dégagent.

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Si les taux d’intérêt sont extrêmement bas partout en Europe, les résultats sur le pouvoir d’achat sont loin d’être homogènes sur le vieux continent. “C’est un peu une des originalités de cette étude, on a regardé pour les principaux pays européens l’effet conjugué entre, d’une part l’évolution des taux d’intérêt, dont on sait qu’ils ont baissé partout et de façon assez considérable, (…) et ça on l’a comparé à l’évolution des prix de l’immobilier par pays” détaille Nicolas Pécourt, directeur de la communication du Crédit Foncier.

Trois ensembles de pays pour classer le pouvoir d’achat immobilier des ménages

Si l’on en croit les résultats, la France se situe plutôt dans la moyenne. Au 1er semestre de 2016, son pouvoir d’achat immobilier a grimpé de 29%, comme la République Tchèque, alors que celui de la Belgique a augmenté de 15%, et celui de l’Italie de 51%. Pour le directeur de la communication du Crédit Foncier, on distingue trois ensembles de pays dans les résultats observés. D’abord, “vous avez des pays dans lesquels le taux d’intérêt a baissé, mais également dans lesquels les prix immobiliers ont baissé de façon sensible”, comme l’Espagne où les prix immobiliers avaient chuté de 25% entre 2008 et le premier semestre de 2016. “Dans un pays comme l’Espagne aujourd’hui, un ménage peut acheter un appartement d’une superficie de 84% supérieure à ce qu’elle était en 2008” précise Nicolas Pécourt.

“Vous avez des pays dans lesquels le taux d’intérêt a baissé, mais également dans lesquels les prix immobiliers ont baissé de façon sensible”

La France se situe plutôt dans le deuxième ensemble, celui des pays dont le taux d’intérêt des crédits immobiliers a baissé. Celui de la France en l’occurrence se situait à 1,9% en moyenne au premier semestre de 2016, et les prix immobiliers sont restés stables, +3% entre 2008 et le premier semestre de 2016. Pour Nicolas Pécourt, “ça fait qu’un ménage français, en 2016, pouvait acheter une surface 30% supérieure, à celle qu’elle était en 2008”.

Enfin, le troisième ensemble est celui qui rassemble des pays dont le taux d’intérêt des crédits immobiliers a vécu la même baisse qu’ailleurs, mais où les prix de l’immobilier ont flambé entre 2008 et le premier semestre de 2016. “C’est tout particulièrement le cas du Royaume-Uni où les prix ont augmenté de 31% en huit, de l’Allemagne, 33%, ce qui fait que la baisse des taux et donc la baisse du pouvoir d’achat obtenu (…) a été consommé en quasi-totalité par la hausse des prix de l’immobilier”, ce qui donne un gain de pouvoir d’achat qui oscille entre 2 et 3% pour ces deux pays.

Une répartition inégale du volume de crédits immobiliers en Europe

Mais l’étude ne s’arrête pas là ! Elle s’intéresse également aux encours, c’est la somme que doivent les ménages, en remboursement de leurs crédits immobiliers. “Lorsqu’on regarde l’ensemble de ces encours à l’échelle européenne, ils s’élèvent à 6 150 milliards d’euros, soit à peu près trois fois le PIB de la France” précise le directeur de la communication du Crédit Foncier. Il ajoute : “L’immobilier représente 88% de l’endettement des ménages en Europe, c’est un peu plus élevé que dans le monde de manière générale”. D’après ce spécialiste, le crédit  immobilier doit normalement représenter 80% de l’endettement privé, les 20% qui restent sont pour les crédits à la consommation.

« L’immobilier représente 88% de l’endettement des ménages en Europe, c’est un peu plus élevé que dans le monde »

Les autres conclusions de l’étude affirment que cet endettement se retrouve de manière hétérogène en Europe, et ne dépend pas du nombre d’habitants. Sur le continent, le volume des crédits immobiliers est surtout concentré entre la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Espagne, qui représentent à eux seuls ⅔ du volume des crédits immobiliers. De l’Europe du Nord (Royaume-Uni, Finlande, ou Danemark), où sont concentrés 34% des crédits immobiliers, pour 18% de la population européenne, jusqu’aux onze pays d’Europe de l’Est. “Cet ensemble est plus atypique car ces onze pays d’Europe de l’Est représentent 20% de la population européenne mais seulement 2% du crédit. A quoi attribue-t-on ce faible taux de crédit ? Dans ces pays, dans le début des années 90, lors des changements de régimes, beaucoup de logements nationalisés ont été privatisés, ils l’ont été très souvent à bons prix (…) et en général 15 ans après, les crédits sont remboursés, ce qui explique qu’aujourd’hui seulement 10% de la population de ces pays est propriétaire, tout en remboursant un crédit, et donc que les niveaux de crédits immobiliers sont très faibles” raconte Nicolas Pécourt.

Pour retrouver l’étude, c’est ici.

Pour réécouter l’interview de Nicolas Pécourt sur Radio-Immo, c’est par là.

Par Ariane Artinian