Immobilier : Le SNPI réclame la revalorisation urgente des honoraires de location
Honoraires gelés, marché locatif en recul, charges qui explosent : le SNPI alerte les professionnels de l’immobilier et appelle l’État à revaloriser les honoraires de location pour préserver l’équilibre du secteur.

© adobestock
Alors que la ministre du Logement Valérie Létard s’est dite favorable à une revalorisation des plafonds d’honoraires de location, le SNPI appelle l’État à agir rapidement. Pour les professionnels de l’immobilier, confrontés à la contraction du marché locatif et à la hausse continue des charges, le statu quo menace la survie des agences immobilières.
Un soutien politique qui relance une revendication ancienne
Lors d’une réunion consacrée à la rénovation énergétique du parc locatif privée qui s’est tenue le 22 mai dernier, à l’hôtel de Roquelaure, Valérie Létard, ministre en charge du Logement, s’est déclarée favorable à une revalorisation des honoraires de location. Un signal politique que le SNPI a immédiatement saisi pour relancer le débat.
Le Syndicat des professionnels immobiliers appelle désormais le Gouvernement à adopter dans les plus brefs délais un texte révisant les plafonds actuels, restés inchangés depuis dix ans. Il demande la fixation de nouveaux montants ainsi que la mise en place d’un mécanisme de révision automatique.
La révision des honoraires de location, une urgence pour la profession
Fixés par le décret n°2014-890 du 1er août 2014, les plafonds d’honoraires imputables aux locataires n’ont jamais été actualisés, bien qu’une révision annuelle ait été prévue par la loi ALUR. Les demandes répétées des syndicats – SNPI, FNAIM, UNIS – ont été rejetées par le Conseil d’État à deux reprises, en décembre 2024 et mai 2025. Dans ses décisions, la juridiction administrative suprême a estimé que le décret ne prévoyait pas de révision automatique et que le ministre n’avait pas commis d’erreur manifeste en refusant la révision.
Pour le SNPI, ce refus illustre un décalage entre la lettre du droit et la réalité économique. Son président, Alain Duffoux dénonce « une politique déconnectée » qui menace la viabilité même du métier. Et déclare « refuser que les professionnels de l’immobilier soient les boucs émissaires d’une politique déconnectée. Il en va de la survie de nos structures, de la qualité du service rendu et de l’équilibre du marché locatif tout entier».
La triple peine des agents immobiliers
Aujourd’hui, les professionnels de l’immobilier sont pris en étau. Ils subissent une triple peine : à la stagnation des revenus plafonnés s’ajoute un marché locatif en forte contraction et l’explosion de leurs charges.
Une politique qui assèche le marché locatif
Les récentes interdictions entraînant l’exclusion progressive des passoires thermiques du marché locatif, ont durement frappé le secteur. Selon le rapport de la Cour des comptes – La mise en œuvre du diagnostic de performance énergétique – publié en juin 2025 : « le stock de biens à louer aurait chuté de 22 % pour les logements classés A à D entre mi-2021 et mi-2023, et de 33 % pour les logements classés F et G ».
La raréfaction de l’offre de biens disponibles à la location qui en découle entraîne mécaniquement une baisse des honoraires de location perçus, renforçant encore la fragilité économique des agences immobilières déjà sous pression.
Des charges supplémentaires non compensées
Alors que les charges pesant sur les professionnels de l’immobilier n’ont cessé d’augmenter ces dernières années — inflation des coûts administratifs, frais de fonctionnement, assurances, services externalisés, mais aussi exigences réglementaires de plus en plus strictes —, les honoraires de location, eux, restent désespérément figés depuis 10 ans. Ces pressions financières pèsent lourdement sur les agences immobilières.
À cela s’ajoute le coût croissant des obligations de formation. La formation continue obligatoire pour le renouvellement de la carte professionnelle des agents immobiliers et des administrateurs de biens représente un coût annuel moyen de 1350 € HT pour une agence de taille moyenne (avec trois collaborateurs), sans compter le coût de la formation initiale des futurs collaborateurs habilités, dont le décret n’est pas encore paru.
« Ces dépenses, indispensables au maintien de la qualité du service et à la conformité réglementaire, viennent alourdir encore un peu plus les charges des professionnels« , estime Alain Duffoux.
Une fausse bonne nouvelle pour les locataires ?
Présentées comme une « bonne nouvelle » pour les locataires, ces décisions et mesures occultent une réalité économique inquiétante. Si les frais à leur charge sont gelés, la qualité du service pourrait mécaniquement en pâtir. « Moins de moyens pour les professionnels de l’immobilier, c’est à terme moins d’accompagnement, moins de disponibilité et une dégradation de l’expérience locative pour tous. Personne n’en sortira gagnant« , renchérit Alain Duffoux.
Le syndicat réitère donc son appel à une revalorisation des honoraires de location, adossée à un mécanisme de révision automatique. Une condition, selon lui, pour garantir la pérennité des agences, maintenir un service de qualité et accompagner durablement les Français dans leur accès au logement.