Immobilier : Les bureaux vitrés, de moins en moins adaptés aux vagues de chaleur
Les bureaux vitrés, lumineux mais énergivores, deviennent insupportables sous la chaleur. Experts et salariés alertent sur leur inadaptation au réchauffement climatique.

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Sous le soleil, les bureaux vitrés deviennent de véritables fours.
Travailler derrière une façade de verre est devenu un cauchemar estival pour de nombreux salariés. Les bureaux vitrés, très prisés pour leur luminosité, se révèlent de moins en moins adaptés aux vagues de chaleur amplifiées par le réchauffement climatique.
En bref
- Les bureaux vitrés accumulent la chaleur et deviennent étouffants.
- Les experts alertent sur une conception inadaptée.
- Les normes actuelles restent insuffisantes face au défi climatique.
Bureaux vitrés à Austerlitz et La Défense : Des salariés à bout de souffle
« Il fait plus frais chez moi qu’ici, c’est infernal« , soupire une employée de l’immobilier. Son bureau, situé dans un immeuble entièrement vitré du quartier Austerlitz à Paris, affiche 29 degrés, soit cinq de plus que les espaces situés côté est. « Je suis à deux doigts d’aller acheter des couvertures de survie« , ajoute-t-elle.
Pascal Lenormand, ingénieur en performance énergétique, alerte : « Lorsque la surface vitrée dépasse 30% de la surface de plancher d’une pièce, ça commence à devenir dangereux. »
À La Défense, Romain, 38 ans, travaille dans un immeuble de coworking rénové à la fin des années 2010 : « C’était tout neuf mais il a très vite fait trop chaud, ils doivent mettre la clim à fond. » Adrien, 49 ans, peste : « On crève de chaud, il y a des baies vitrées à tous les étages. » Selon lui, la semaine de canicule d’août a été si éprouvante qu’ »une collègue a craqué, son téléphone portable s’était éteint à cause de la chaleur« .
Une adaptation au climat encore trop lente
« L’adaptation au réchauffement climatique est encore émergente« , reconnaît Juliette Lefébure, directrice générale de l’Observatoire de l’immobilier durable (OID). « Aujourd’hui ce sont plutôt les enjeux de décarbonation qui sont au cœur des projets de rénovation, et non l’adaptation« , complète sa collègue Gaëlle Peschoux.
Thierry Laquitaine, directeur de l’investissement responsable du gestionnaire AEW, constate une forte disparité : « La prise en compte dépend de la taille de la société, de son portefeuille et de ses moyens, il y a une vraie inégalité face au dérèglement climatique. »
L’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) chiffre à 1 à 2,5 milliards d’euros par an les besoins pour la construction neuve et à 4,8 milliards pour la rénovation, afin de rendre les bâtiments résistants aux vagues de chaleur.
Des normes jugées insuffisantes
« Les bâtiments sont notoirement beaucoup mieux isolés qu’avant« , assure Maxime Michaux, directeur de l’ingénierie du groupe JLL, grâce à des matériaux plus performants. Mais même la réglementation environnementale RE2020 « n’est pas suffisante« , estime encore Juliette Lefébure.
Car au-delà d’une climatisation poussée à l’excès, les bureaux vitrés posent un problème de santé publique. « Le problème est surtout la mise en danger des personnes« , avertit Pascal Lenormand, rappelant que les situations les plus critiques concernent les hôpitaux.