Crédit immobilier : Les banques traditionnelles occupent le terrain face aux néobanques
Accord de principe en quelques minutes, démarches en ligne simplifiées : les banques traditionnelles accélèrent sur le crédit immobilier pour garder leurs clients, alors que les néobanques se préparent à entrer sur ce marché stratégique.
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Les banques traditionnelles et leurs filiales en ligne veillent à occuper le terrain sur le crédit immobilier, important outil de fidélisation des clients, avant que les néobanques, 100% numériques, ne s’attaquent à ce marché.
Crédit Agricole a ainsi lancé cette semaine un service qui permet d’obtenir en ligne un accord de principe pour son projet d’acquisition immobilière, grâce à l’analyse des documents déjà détenus par la banque ou fournis par les nouveaux clients, en 6 minutes pour les clients du groupe, et en 8 minutes pour un non-client.
L’acquéreur est ensuite contacté sous 24H par un conseiller pour finaliser le projet.
L’enjeu est important car « un tiers des nouveaux clients qui nous rejoignent tous les ans le font parce qu’on les a accompagnés dans le cadre de leurs projets immobiliers« , souligne le directeur général adjoint de Crédit Agricole S.A., Gérald Grégoire.
Ce mouvement « est une vraie avancée pour les banques traditionnelles, et notamment pour Crédit Agricole, qui essayent de se positionner et de +couper l’herbe sous le pied+ des néobanques qui sont en train de fortement étudier la question pour se lancer sur le crédit immobilier« , explique à l’AFP Margaux Vignal, du cabinet Bartle qui estime que ces 6 et 8 minutes de délais représentent « un nouveau standard de marché« .
Pour un connaisseur du secteur qui souhaite rester anonyme, cela permet également au premier acteur du secteur des prêts immobiliers, qui représente un tiers du marché, de rattraper son retard dans la numérisation du « parcours client« .
Le crédit immobilier, nerf de la guerre de la fidélisation
Demander un crédit immobilier totalement en ligne est possible dans plusieurs banques françaises.
Margaux Vignal différencie les néobanques, établissements de paiement en ligne qui ont une licence bancaire, des banques en ligne, adossées à une banque traditionnelle et qui peuvent proposer des crédits immobiliers, tout en tentant d’enrichir les services numériques associés à ce produit financier.
Ainsi, Hello bank!, filiale de BNP Paribas qui propose des crédits immobiliers depuis 5 ans, rappelle vendredi qu’elle donne la possibilité à ses clients de suspendre eux-même leur crédit immobilier pour plus d’autonomie dans la gestion de leurs finances.
Des parcours numériques rapides, mais un marché très encadré
L’annonce de Crédit Agricole, renvoie un « signal positif » sur le fait que « de plus en plus, les banques, quelles qu’elles soient, ont envie d’avir des parcours qui soient efficaces, rapides, etc.« , estime Benoît Grisoni, le dirigeant de BoursoBank (Société générale), qui propose depuis 10 ans un offre de crédit immobilier.
Les clients qui ouvrent un compte chez BoursoBank viennent « à 95% pour l’offre bancaire du quotidien« , dont « beaucoup de clients jeunes ». Le crédit immobilier devient « vraiment un enjeu de fidélisation pour nous« , quand ces derniers, à 30 ou 35 ans, « commencent à avoir de grands projets« , souligne-t-il.
Il estime donc naturel que les acteurs purement numériques comme le britannique Revolut ou l’Allemand N26 essayent de développer leurs offres « parce que sinon, ils ne seront pas capables dans la durée de garder ces clients-là« .
Mais ce n’est pas un service facile à proposer et aujourd’hui, « en France, il n’y a aucune néobanque qui propose de crédit immobilier, parce que c’est extrêmement compliqué, il faut avoir les fonds, les capitaux propres pour pouvoir prêter, et qu’il y a une réglementation, en France, très stricte« , souligne Margaux Vignal.
La néobanque britannique Revolut, qui compte plus de six millions de clients en France, indique ainsi qu’elle est en train de tester le crédit immobilier en Lituanie et en Irlande, pour « ajuster le produit« , avant de le « déployer progressivement dans d’autres régions ».
Cependant, aucun calendrier précis n’a été fixé pour son arrivée en France, précise-t-elle.
Gérald Grégoire estime cependant que si l’outil numérique « est une commodité« , « ce n’est pas là-dessus, demain, que l’on fera la différence » mais « sur une proposition de valeur augmentée, soit parce qu’on a une offre, des parcours qui sont différents, soit parce qu’on a des tarifs plus attractifs, soit parce qu’on propose (…) une approche globale des besoins de nos clients ».
