Rénovation énergétique : 6 idées reçues passées au crible

1 000€ pour rénover un mètre carré, DPE erroné, rénovation en copropriété infaisable… Beaucoup de fausses idées circulent sur la rénovation énergétique du parc locatif privé. Effy démêle le vrai du faux.

Faux/vrai

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Ce mardi 28 janvier, l’Assemblée nationale reprend les débats en séance publique sur la proposition de loi dite « décence énergétique », visant à prévenir les litiges liés à l’interdiction de location des passoires thermiques. À cette occasion, Effy passe au crible 6 idées reçues sur les enjeux de la rénovation énergétique du parc locatif privé : 1 000€ pour rénover un mètre carré, DPE erroné, rénovation infaisable…

Rénover un appartement à Paris coûterait 50 000 € !

    FAUX : sortir un logement du statut de passoire thermique ne nécessite pas un budget de 50 000€. Il existe plusieurs façons d’y parvenir, que ce soit pour un appartement ou une maison individuelle.

    Réaliser des travaux ciblés : des actions spécifiques comme l’isolation ou le chauffage ou la ventilation peuvent suffire. Par exemple, pour une maison individuelle de 100 m² classée G, l’installation d’une pompe à chaleur et l’isolation des combles (80 m²) coûteront environ 17 000 € TTC, tout en permettant d’atteindre une classe énergétique D.

    Opter pour une rénovation globale : il s’agit de réaliser un bouquet de travaux effectués de façon simultanée dans un même logement. Toujours pour une maison de 100 m² classée G, en installant une pompe à chaleur, en isolant les combles (80 m²) et les murs (100 m²), et en remplaçant 6 fenêtres, le coût total sera d’environ 38 000 € TTC. Ces travaux permettront d’atteindre la classe énergétique B. Les propriétaires bailleurs, même avec des revenus élevés, peuvent bénéficier d’aides importantes. Dans le cas de cette rénovation globale, un propriétaire bailleur pourrait obtenir jusqu’à 10 776 € d’aides, réduisant ainsi significativement le coût des travaux.

    En résumé, il est très peu probable qu’un ménage doive engager 50 000 € pour sortir un logement du statut de passoire thermique.

    L’interdiction de location des passoires thermiques entraînera une crise du logement

    FAUX : depuis la loi Climat et Résilience de 2021, plus de 106 000 logements classés G ont été rénovés dans le parc locatif privé. Au 1er janvier 2024, il restait environ 567 000  logements classés G, soit 7% des logements locatifs.

    Mais 7% des logements locatifs ne sont pas sortis du marché au 1er janvier. Les obligations de rénovation des logements classés ne s’appliquent qu’aux nouveaux contrats, renouvellements ou reconductions tacites. On peut donc estimer que seuls 100 000 logements sont sortis du parc locatif au 1er janvier, soit 1,2% des logements loués en France. Il est donc faux de dire que cette mesure va entraîner une crise du logement.

    Le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) n’est pas fiable

    FAUX : pour garantir un DPE plus fiable et complet, sa méthodologie et son mode de calcul ont été entièrement revus. Depuis le 1er juillet 2021, une nouvelle version est en vigueur et on compte 3 changements majeurs. 

    Fin du calcul basé sur les factures : le DPE n’est plus établi à partir des factures énergétiques. Désormais, les diagnostiqueurs s’appuient sur les caractéristiques physiques du logement : le bâti, la qualité de l’isolation, le type de fenêtres ou encore le système de chauffage. Plus les informations fournies sont précises, plus le DPE reflète fidèlement la performance énergétique du bien.

    Suppression des DPE vierges : il n’est plus possible d’émettre un DPE vierge (c’est-à-dire sans données sur la consommation énergétique ou les émissions de gaz à effet de serre).

    Opposabilité juridique du DPE : le DPE est désormais opposable. Cela engage la responsabilité du vendeur ou du bailleur en cas d’erreur qui causerait un préjudice à un acquéreur ou locataire.

    Le DPE ne permet pas de vrais gains sur la facture

    FAUX : le DPE permet de faire baisser significativement la facture des ménages.

    Par exemple, un logement classé G paye une facture d’énergie deux fois plus importante qu’un logement classé D.

    La rénovation énergétique en copropriété est impossible

    FAUX : il est essentiel de différencier les parties privatives des parties communes pour mieux comprendre les solutions possibles.

    Sur les parties privatives : un propriétaire peut remplacer ses fenêtres, son ballon d’eau chaude ou sa chaudière. Ces gestes simples suffisent souvent à sortir du statut de passoire thermique.

    Sur les parties communes : des travaux collectifs, comme un ravalement de façade, obligent légalement à réaliser l’isolation thermique des parois concernées, peu importe la classe énergétique initiale du bâtiment.

    La rénovation énergétique des passoires thermiques du parc locatif privé n’aura aucun impact écologique

    FAUX : rendre énergétiquement décents les 567 000 logements classés G du parc locatif privé permettrait d’économiser 9,5 TWh/an, soit une réduction de 2,25 % de la consommation finale d’énergie du secteur résidentiel.

    Si toutes les passoires thermiques atteignaient une étiquette E, la réduction atteindrait 5 %, avec une baisse significative des émissions de CO₂. Pour rappel, d’après le CITEPA, en 2022, le secteur résidentiel représentait 16 % des émissions de CO₂ en France.

    Par MySweetImmo