Immobilier : MaPrimeRénov’ suspendue dès le 23 juin pour les rénovations énergétiques d’ampleur
Moins d’une semaine après avoir annoncé une suspension d’ici au 1er juillet, le gouvernement précipite le calendrier : MaPrimeRénov’ fermera dès le 23 juin pour les rénovations d’ampleur. Une décision qui répond à la grogne des professionnels, tout en révélant les limites du dispositif.

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Valérie Létard, Ministre du Logement
Entre cafouillage et volte-face, l’exécutif tente de reprendre la main sur MaPrimeRénov’. Moins d’une semaine après avoir annoncé une suspension « d’ici au 1er juillet », le gouvernement accélère subitement le calendrier : le guichet pour les rénovations d’ampleur fermera dès le 23 juin. Une décision prise dans l’urgence alors que la grogne monte chez les professionnels. Le Syndicat National des Professionnels Immobiliers (SNPI) voit ainsi dans la suspension de MaPrimeRénov’ un coup de massue tandis que la puissante Fédération française du bâtiment annonce des manifestations dès le 2 juillet.
Sur fond d’afflux de dossiers, de dérives tarifaires et de tensions budgétaires, MaPrimeRénov’ s’impose comme le révélateur des fragilités de la politique de rénovation énergétique. Entre annonces floues, concertation de dernière minute et arbitrages encore flous, l’État patauge pour sauver son principal levier de rénovation énergétique.
Pourquoi MaPrimeRénov’ ferme dès le 23 juin
Face à une dynamique exceptionnelle en 2025, avec un triplement des dossiers de rénovation globale par rapport à 2024, le gouvernement a choisi d’anticiper la suspension estivale du guichet MaPrimeRénov’ pour les rénovations d’ampleur. Celui-ci fermera dès le 23 juin et ne rouvrira que vers la mi-septembre.
Les autres volets du dispositif — parcours monogeste (travaux isolés) et copropriétés — resteront accessibles tout l’été.
Ce que prévoit le gouvernement pour la suite
C’est dans ce contexte de hausse des délais d’instruction et de professionnalisation de la fraude que la ministre chargée du Logement, Valérie Létard, a réuni ce mardi 17 juin les parlementaires, les collectivités locales et les acteurs du bâtiment pour une réunion de concertation.
À l’issue de cet échange, la ministre a reconnu les limites actuelles du dispositif et la nécessité d’un ajustement concerté.
« L’État a pris ses responsabilités pour suspendre temporairement un dispositif qui est victime de son succès et qui connaît certaines fragilités. Nous avons néanmoins entendu la colère du secteur et y répondons de façon pragmatique par un maintien des monogestes ouverts pendant l’été. La réunion de concertation a permis de poser les bases d’un travail collectif dans une responsabilité partagée », a déclaré Valérie Létard.
Objectif affiché : tirer les enseignements de cette montée en charge, adapter le dispositif et garantir son efficacité, son équité et sa pérennité.
Parmi les mesures déjà actées :
- Fermeture temporaire du guichet rénovations d’ampleur
- Maintien des aides pour les travaux monogestes et les copropriétés
- Lutte renforcée contre la fraude avec une taskforce interministérielle
- Ajustement des règles financières, pour contenir l’inflation injustifiée des coûts
- Sanctuarisation du budget 2025 à 3,6 milliards d’euros
- Ouverture de la concertation sur la prolongation des monogestes et l’accès des TPE au marché
Par ailleurs, le gouvernement compte sur les certificats d’économie d’énergie (CEE) pour renforcer le financement du dispositif. Selon le ministère, les ajustements engagés devraient permettre d’abonder à hauteur de 250 millions d’euros supplémentaires le budget consacré aux rénovations globales en 2025. Une ressource complémentaire bienvenue, alors que l’État cherche à sécuriser durablement le financement de l’Anah.
Un recentrage du dispositif et une lutte anti-fraude
Le gouvernement veut utiliser cette suspension comme une pause stratégique pour « sécuriser, fiabiliser et construire mieux », selon les mots de Valérie Létard. L’idée est de massifier les rénovations, tout en sécurisant les parcours des bénéficiaires et en luttant contre les effets d’aubaine.
Un référentiel de prix est en cours de co-construction avec la filière pour détecter les abus. Un décret renforçant les obligations et les sanctions envers les mandataires financiers a été publié le jour même.
Le ministère observe une hausse de 7 % des coûts de travaux entre 2024 et 2025, une inflation jugée excessive par rapport à celle de l’économie globale (environ 2 %).
Ce qu’en pensent les professionnels du bâtiment
Du côté des artisans et des acteurs de terrain, la suspension est accueillie avec prudence. Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, y voit un signe de prise de conscience : « On voit que les moyens mis sur la rénovation d’ampleur sont peut-être un peu trop importants pour ne pas éviter l’effet d’aubaine et la fraude. »
Mais les modalités concrètes du recentrage (plafonds, critères, accompagnement) restent floues à ce stade. Une nouvelle réunion de concertation est prévue mi-juillet, avec l’ensemble des parties prenantes.
Le conseil MySweetImmo Perso : Vous avez un projet de rénovation globale ? Déposez votre dossier avant le 23 juin ou attendez la réouverture en septembre. En attendant, les aides pour les petits travaux (fenêtres, chaudières, isolation…) restent accessibles tout l’été.
Le conseil MySweetImmo Pro : Prévenez vos clients au plus vite. Profitez de la pause estivale pour anticiper les évolutions du dispositif, ajuster vos devis, et vous mettre en conformité avec les nouvelles exigences anti-fraude. Préparez aussi vos équipes à l’éventuelle refonte des critères à la rentrée.